La guerre en Ukraine a mis en lumière, une fois de plus, le double standard flagrant des puissances occidentales dans leur gestion des crises internationales. D’un côté, la Russie est qualifiée d’« agresseur » pour son intervention militaire en Ukraine, et les États européens, sous l’égide de l’OTAN, ont adopté des sanctions sans précédent contre Moscou. De l’autre, ces mêmes puissances ferment les yeux, voire soutiennent activement, l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, malgré les accusations de crimes de guerre et les appels répétés de la communauté internationale en faveur d’un cessez-le-feu.

Ce deux poids, deux mesures n’est pas nouveau. L’Europe et les États-Unis ont toujours façonné leurs positions diplomatiques en fonction de leurs intérêts géopolitiques et économiques immédiats, quitte à faire preuve d’une hypocrisie manifeste. Mais cette fois-ci, la Russie a décidé de ne pas se laisser dicter sa conduite. Estimant que l’expansion de l’OTAN aux portes de ses frontières constituait une menace existentielle, Moscou a choisi d’intervenir en Ukraine pour, selon son propre discours, garantir sa sécurité stratégique. Pendant ce temps, la rhétorique occidentale sur la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine contraste brutalement avec leur attitude permissive vis-à-vis d’Israël, qui, selon plusieurs rapports internationaux, mène une campagne militaire destructrice contre la population palestinienne.

Le facteur Trump et l’évolution des rapports de force

L’éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche risque de bouleverser davantage cette dynamique. L’ancien président américain, connu pour sa remise en question des alliances traditionnelles et sa volonté de privilégier une approche transactionnelle des relations internationales, a récemment suggéré qu’il mettrait fin aux guerres en Ukraine et au Proche-Orient. Cependant, cette perspective ne semble pas convenir à certains dirigeants européens, notamment en France, qui encouragent l’Ukraine à poursuivre le conflit contre la Russie, malgré une situation militaire de plus en plus défavorable aux forces ukrainiennes. Kyiv, sous la pression de ses alliés occidentaux, semble hésiter à engager de véritables négociations de paix, au risque d’aggraver encore la tragédie humaine du conflit.

L’Afrique et l’arbitrage occidental sélectif

Loin de se limiter à l’Europe et au Moyen-Orient, cette approche biaisée se reflète également dans la politique des Occidentaux en Afrique. Les sanctions rapides imposées aux régimes militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger contrastent avec l’attitude beaucoup plus conciliante adoptée face aux coups d’État en Guinée et au Gabon. Alors que la CEDEAO, sous influence occidentale, a menacé d’intervenir militairement contre l’Alliance des États du Sahel (AES), elle est restée muette face au coup d’État institutionnel en Guinée-Bissau, où le président Umaro Sissoco Embaló a pris des décisions controversées remettant en cause l’ordre constitutionnel.

En République démocratique du Congo, les puissances occidentales affichent également une prudence extrême face à l’ingérence rwandaise dans l’est du pays. Alors que les Nations unies et plusieurs rapports indépendants accusent Kigali de soutenir activement les groupes armés responsables de massacres dans la région du Kivu, les sanctions internationales contre le Rwanda restent quasi inexistantes. Cette tolérance contraste avec l’acharnement dont font preuve les mêmes puissances contre d’autres États africains accusés d’atteintes aux droits de l’homme ou d’instabilité politique.

Un réveil des peuples face à l’hypocrisie occidentale

Face à ces contradictions flagrantes, de nombreux peuples, notamment en Afrique et dans le monde arabe, prennent conscience de l’incohérence des discours occidentaux sur les droits de l’homme, la démocratie et la souveraineté des nations. Cette prise de conscience se traduit par une montée du sentiment anti-occidental dans plusieurs régions du monde, alimentée par la perception d’un système international à géométrie variable où certaines violations du droit international sont vigoureusement dénoncées tandis que d’autres sont tacitement acceptées, voire encouragées.

En fin de compte, la question qui se pose est celle de la crédibilité de l’Occident sur la scène internationale. Peut-on encore prendre au sérieux les appels européens et américains à la justice et à l’équité lorsque leurs propres politiques démontrent un cynisme assumé ? Tant que ces contradictions persisteront, la légitimité du discours occidental continuera d’être remise en cause, et les alliances traditionnelles risquent d’être redéfinies à l’aune d’un nouvel ordre mondial en gestation.

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