Érosion des côtes, migrations massives, villes sous tension… En 2050, à quoi ressemblera la Méditerranée ? Un rapport alarmant, publié par Plan Bleu, dresse plusieurs scénarios possibles pour la région. Entre déclin accéléré et transformation réussie, tout reste à jouer.
À quelques kilomètres des côtes tunisiennes, les pêcheurs de Monastir tirent leurs filets, vides. « Avant, on ramenait des kilos de dorades et de rougets, aujourd’hui, c’est du plastique », soupire Ahmed, 52 ans, marin depuis trois décennies. Comme lui, des milliers de pêcheurs méditerranéens voient leur avenir menacé par la surpêche et la pollution. Un constat que confirme le rapport MED 2050, qui alerte sur la dégradation rapide des écosystèmes marins.
Mais ce n’est pas tout. Sur les rives sud, la montée des eaux inquiète. À Alexandrie, deuxième ville d’Égypte, une partie du front de mer risque d’être submergée dans les prochaines décennies. « Nous avons déjà des inondations de plus en plus fréquentes. Si rien n’est fait, nous devrons partir », prévient Hossam, habitant du quartier d’El-Max, déjà touché par l’érosion côtière.
Les sécheresses à répétition, elles, menacent l’agriculture. Au Maroc, les réserves d’eau diminuent dangereusement. « On a perdu 40 % de nos récoltes cette année », s’inquiète un agriculteur de la région de Marrakech. Selon le rapport, la Méditerranée est en première ligne du changement climatique, avec une augmentation des températures 20 % plus rapide que la moyenne mondiale.
Inégalités et tensions : un cocktail explosif
Mais la crise n’est pas qu’environnementale. Sur le plan économique et social, la fracture entre le Nord et le Sud ne cesse de s’aggraver. D’un côté, l’Europe tente d’imposer des politiques environnementales plus strictes, de l’autre, des pays en développement luttent pour survivre. « Comment peut-on nous demander d’arrêter d’exploiter nos ressources alors que notre jeunesse est au chômage ? », s’indigne Salima, une entrepreneuse algérienne.
L’instabilité politique accentue cette fracture. Guerres en Libye et en Syrie, tensions au Sahel, montée des régimes autoritaires… Autant de facteurs qui nourrissent les flux migratoires. En 2050, si rien ne change, la Méditerranée pourrait devenir un couloir de migrations forcées, prévient le rapport.
Face à ces menaces, MED 2050 esquisse trois scénarios pour la région :
1. Le chaos annoncé : inaction climatique, crises économiques, conflits et migrations de masse plongent la Méditerranée dans l’instabilité.
2. Le surplace : quelques réformes permettent d’éviter le pire, mais les inégalités persistent, freinant toute transformation durable.
3. Le sursaut collectif : coopération régionale, transition énergétique, économie circulaire… Un modèle méditerranéen durable prend enfin forme.
Des solutions encore possibles
Malgré l’urgence, des alternatives existent. La Méditerranée regorge d’opportunités si les pays coopèrent. « Nous avons le soleil, le vent, la mer… Pourquoi ne pas devenir un leader mondial des énergies renouvelables ? », s’enthousiasme Khaled, ingénieur en énergie solaire en Tunisie.
Le rapport appelle à une gouvernance plus forte, une gestion plus intelligente des ressources et une économie plus inclusive. Des efforts qui nécessitent une volonté politique et une coopération transfrontalière accrue.
En 2050, la Méditerranée sera-t-elle un territoire de crises ou un modèle de résilience ? La réponse dépend des choix d’aujourd’hui. Pour l’instant, la région est à la croisée des chemins. Reste à savoir quelle direction elle prendra.