Le retrait du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a entraîné une réorganisation géopolitique qui exacerbe la pression sur l’armée nigériane. Le maréchal de l’air Hassan Abubakar, chef d’État-major de l’armée de l’air nigériane, a exprimé son inquiétude face à la détérioration du climat sécuritaire dans la région.
Lors d’une réunion avec des hauts responsables militaires, il a souligné que cette décision politique a entraîné des perturbations au sein de la Force multinationale mixte (MNJTF), une coalition militaire essentielle dans la lutte contre Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). L’afflux de combattants terroristes, exploitant la fragilité des frontières et l’affaiblissement des dispositifs de coopération, constitue une menace directe pour le Nigéria et ses forces de sécurité.
Une MNJTF affaiblie et une menace terroriste renforcée
La MNJTF, composée de contingents du Nigéria, du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Bénin, a joué un rôle crucial dans les opérations de contre-insurrection menées dans le bassin du lac Tchad. Or, le départ du Niger et la situation incertaine du Burkina Faso et du Mali affaiblissent cette coalition. Abubakar a mis en garde contre les conséquences qu’aurait un éventuel retrait du Tchad, dernier rempart régional, ce qui pourrait aggraver le vide sécuritaire dans la zone.
Les groupes terroristes exploitent ces fissures stratégiques pour se réorganiser et étendre leur influence. Si Boko Haram et ISWAP restent les acteurs dominants, de nouveaux groupes émergent, à l’image de Lakurawa, une faction récente qui se distingue par des opérations d’une grande violence. Par ailleurs, l’utilisation accrue de drones kamikazes par Boko Haram témoigne d’une mutation tactique qui complique davantage la riposte militaire.
Une réponse militaire nécessitant une modernisation urgente
Face à cette menace grandissante, Hassan Abubakar a insisté sur l’urgence de moderniser les capacités de défense nigérianes. En particulier, il a appelé à la mise en place d’un système de défense anti-drones pour protéger les troupes et les infrastructures militaires, une nécessité impérieuse compte tenu des évolutions technologiques des groupes insurgés.
Le chef d’État-major a également insisté sur la nécessité d’un renforcement des alliances stratégiques et d’une amélioration du partage de renseignements entre les forces de la région. En dépit des tensions diplomatiques actuelles, une coopération militaire renforcée avec les autres pays de la Cédéao demeure essentielle pour contrer la montée en puissance des groupes extrémistes.
Le Nigéria se retrouve donc face à un double défi : la lutte contre le terrorisme sur son propre territoire et la gestion des conséquences d’un isolement stratégique croissant en raison des tensions avec ses voisins sahéliens. L’évolution de la situation dépendra de la capacité des autorités à adapter leur stratégie militaire, à mobiliser des ressources suffisantes et à restaurer une dynamique de coopération sécuritaire régionale. En attendant, la pression sur l’armée nigériane ne fait que s’intensifier.