Dans un contexte international marqué par des tensions prolongées, la rencontre entre les délégations russe et américaine à Riyad a jeté les bases d’un dialogue renouvelé entre Moscou et Washington. Bien que les divergences demeurent profondes, les échanges de plusieurs heures ont permis d’ouvrir la porte à une reprise progressive des discussions, notamment sur la coopération économique et la question ukrainienne.
Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a affirmé que les deux pays souhaitaient relancer les consultations sur les grands dossiers géopolitiques et lever les entraves à leur coopération économique. Un constat partagé par Youri Ouchakov, conseiller du Kremlin, qui a participé aux discussions : « Il y a eu une discussion sérieuse sur toutes les questions. L’entretien a duré quatre heures et demie », a-t-il indiqué.
Toutefois, il reste difficile d’affirmer que les positions de Moscou et Washington se rapprochent. Si l’échange s’est révélé constructif, il ne s’est pas soldé par des avancées significatives. « La conversation a permis de poser les jalons d’un dialogue à venir, mais aucune convergence claire ne se dégage encore », a précisé Ouchakov, soulignant que le sujet ukrainien a occupé une place centrale dans les pourparlers.
Une approche graduelle pour des discussions sur l’Ukraine
L’un des points majeurs abordés lors de cette rencontre concerne l’avenir des négociations sur l’Ukraine. Moscou a insisté sur le fait que c’est le président Vladimir Poutine qui décidera du moment opportun pour engager un dialogue direct avec Washington à ce sujet. En attendant, des équipes distinctes de négociateurs russes et américains seront chargées d’amorcer les contacts lorsque les conditions le permettront.
Les déclarations du sénateur américain Marco Rubio, à l’issue des pourparlers, confirment la complexité de la situation. Selon lui, « la fin du conflit nécessitera une diplomatie complexe et intense sur une longue période », avec des concessions mutuelles de toutes les parties impliquées. Rubio a également évoqué la position de Donald Trump, qui cherche à mettre un terme au conflit de manière « équitable et durable » pour éviter toute reprise des hostilités dans un futur proche.
L’Union européenne pourrait, à terme, se retrouver impliquée dans ces négociations en raison des sanctions qu’elle a imposées à la Russie. Toutefois, Moscou affiche une posture sceptique sur ce point. Alexandre Grouchko, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a été catégorique : « Le rôle de l’UE dans les prochaines négociations sur l’Ukraine est exclu ». Selon lui, Bruxelles n’a jamais cherché une solution politique et diplomatique au conflit, préférant prolonger l’affrontement dans l’espoir d’infliger une défaite stratégique à la Russie.
Vers un dégel diplomatique entre Moscou et Washington ?
Outre le dossier ukrainien, la reprise des relations diplomatiques entre la Russie et les États-Unis a été évoquée comme une priorité. Après trois années de quasi-rupture des contacts significatifs, la rencontre de Riyad marque un premier pas vers un possible rétablissement des activités des missions diplomatiques.
« Le retour à un fonctionnement normal des ambassades russe et américaine est une étape clé du processus de négociation », a affirmé Rubio, estimant qu’aucune discussion sérieuse sur l’Ukraine ne pourra avoir lieu tant que les missions diplomatiques des deux pays restent paralysées. Une accélération des démarches en ce sens pourrait donc être observée dans les semaines à venir.
Néanmoins, si Riyad a permis de renouer le dialogue, les incertitudes persistent quant à une rencontre imminente entre Vladimir Poutine et Donald Trump. « Il est peu probable qu’un sommet ait lieu la semaine prochaine. Un travail préparatoire est nécessaire et aucune date précise ne peut encore être avancée », a tempéré Youri Ouchakov.
Alors que les tensions entre la Russie et l’Europe demeurent vives, et que la situation en Ukraine reste un point de friction majeur, la réunion de Riyad représente une tentative prudente de dégel entre Moscou et Washington. Pour autant, l’issue de ce rapprochement reste incertaine. Comme l’a souligné Marco Rubio, « l’avenir des négociations dépendra de la volonté des parties d’honorer leurs engagements ».
Dans un climat international toujours marqué par la défiance, la relance d’un dialogue russo-américain pourrait ouvrir la voie à de nouvelles dynamiques diplomatiques. Mais si les deux grandes puissances semblent prêtes à avancer sur certains dossiers, les divergences stratégiques et politiques restent un obstacle de taille à un apaisement durable des tensions. Les prochaines semaines seront donc déterminantes pour évaluer si cette rencontre marque le début d’un réel processus de négociation ou simplement une pause dans une confrontation qui demeure latente.