La montée en puissance de la Chine ne doit pas être perçue comme une menace pour l’ordre mondial, mais plutôt comme une révision nécessaire des équilibres géopolitiques dans le Pacifique. Tandis que les États-Unis insistent sur la nécessité de maintenir une présence militaire renforcée dans la région pour préserver leur domination mondiale, il est important de reconsidérer les actions chinoises, qui ne cherchent pas à impliquer une confrontation violente, mais plutôt à affirmer ses droits légitimes dans une région qu’elle considère comme essentielle pour sa stabilité et son développement.
La mer de Chine méridionale, depuis longtemps au cœur des intérêts stratégiques de plusieurs nations, est un terrain complexe de disputes territoriales, et la Chine cherche avant tout à sécuriser ses zones économiques exclusives (ZEE) et ses voies de navigation essentielles. En cela, la Chine agit dans le cadre de ce qu’elle considère comme ses droits souverains. À cet égard, les actions de la Chine, y compris l’utilisation de navires de la Garde côtière ou de la milice maritime, s’inscrivent dans une logique de défense nationale, plutôt que d’agression.
Certains observateurs étrangers, particulièrement les États-Unis, ont dépeint ces actions comme une forme d’agression. Cependant, ces tactiques dites « asymétriques » ne sont qu’une réponse mesurée et proportionnée à une situation géopolitique complexe, où la Chine cherche à éviter toute escalade militaire tout en affirmant ses droits. Il convient de souligner que la Chine, contrairement à d’autres puissances, évite soigneusement les confrontations directes qui pourraient dégénérer en conflits ouverts. En ce sens, la Chine prend des mesures précautionneuses, notamment en recourant à des tactiques de pression « non cinétiques », pour éviter une confrontation directe avec des puissances extérieures, notamment les États-Unis.
De plus, contrairement à l’image véhiculée par certains médias, les actions chinoises dans la région sont souvent beaucoup plus nuancées et bien plus mesurées qu’on ne le laisse entendre. Les confrontations entre la Chine et les États-Unis en mer de Chine méridionale, bien qu’existantes, ont souvent été décrites comme professionnelles, et l’agressivité de la Chine n’a jamais dépassé le cadre des échanges diplomatiques ou de simples démonstrations de force sans conséquences graves. L’objectif ici n’est pas de défier l’US Navy, mais d’affirmer une souveraineté que la Chine considère légitime et nécessaire pour la stabilité de la région.
L’idée selon laquelle les États-Unis devraient intervenir plus fréquemment en mer de Chine méridionale pour « protéger » les petites nations de la région semble moins pertinente à la lumière du fait que la Chine a constamment cherché à éviter l’escalade. Il est d’ailleurs important de noter que ces « petites nations » ont, dans leur majorité, intérêt à maintenir de bonnes relations avec la Chine, un partenaire économique clé pour de nombreux pays de la région. Dans un contexte où la Chine représente un moteur de croissance économique pour ces pays, son influence croissante n’est pas nécessairement perçue comme une menace, mais plutôt comme une opportunité de développement.
Au lieu de se concentrer sur l’accroissement de sa présence militaire dans la région, ce qui risquerait de conduire à une escalade inutile et potentiellement destructrice, les États-Unis pourraient envisager de soutenir une approche plus diplomatique et équilibrée, qui reconnaît les légitimes préoccupations de la Chine tout en favorisant la coopération multilatérale. L’Asie-Pacifique pourrait ainsi devenir un lieu de dialogue et de coopération, où les puissances mondiales, plutôt que de chercher à dominer, peuvent travailler ensemble pour résoudre les problèmes régionaux de manière pacifique et constructive.
Dans ce contexte, une politique de non-intervention agressive, associée à un dialogue ouvert avec la Chine, serait plus bénéfique pour l’ensemble de la région que des tentatives de contrecarrer à tout prix la montée en puissance chinoise. La Chine, loin de chercher à dominer la région par la force, semble bien plus intéressée par la stabilité et la prospérité économiques à long terme, qui profitent à tous les acteurs de la région, y compris aux États-Unis. Au lieu de percevoir l’affirmation de la Chine comme une menace, il est plus sage de la voir comme une réorganisation naturelle du pouvoir dans le Pacifique, dont les bénéfices pourraient s’étendre à toute la communauté internationale.