Alors que les relations entre Paris et Alger semblent se tendre, la France envisage de mettre en place des sanctions commerciales à l’encontre de l’Algérie, une mesure qui pourrait avoir des répercussions économiques majeures des deux côtés de la Méditerranée. Si une telle décision venait à se concrétiser, elle risque de bouleverser une relation économique déjà marquée par une interdépendance importante et un déséquilibre croissant.

En 2023, l’Algérie s’est positionnée comme le 21e partenaire commercial de la France, représentant 0,755 % des exportations françaises. Toutefois, ces échanges restent dominés par une dépendance structurelle de la France vis-à-vis des hydrocarbures algériens. Avec 53 % des importations françaises provenant des hydrocarbures naturels et 10,3 % de produits pétroliers raffinés, l’Algérie est un acteur clé dans l’approvisionnement énergétique de l’Hexagone.

Dans le sens inverse, les exportations françaises, centrées sur les matériels de transport (19,2 %) et les produits chimiques et cosmétiques (17,5 %), ont reculé de 7 % entre 2019 et 2023, atteignant 4,89 milliards d’euros. Parallèlement, les importations françaises depuis l’Algérie ont augmenté de 14 %, tirées par la flambée des prix de l’énergie, creusant ainsi un déficit commercial de 2,66 milliards d’euros en 2023.

Une éventuelle crise diplomatique, accompagnée de sanctions économiques, risquerait d’accentuer ce déséquilibre et de perturber des filières stratégiques des deux côtés.

L’impact pour la France : une crise énergétique en perspective

En cas de rupture ou de diminution des échanges commerciaux, l’impact le plus immédiat pour la France se ferait sentir sur le plan énergétique. L’Algérie, principal fournisseur de gaz et de pétrole pour plusieurs États européens, joue un rôle crucial dans la sécurité énergétique de l’Europe du Sud, y compris la France. Toute réduction des importations énergétiques algériennes pourrait aggraver les tensions déjà existantes sur les marchés mondiaux de l’énergie, entraînant une hausse des prix et une inflation supplémentaire pour les consommateurs français.

De plus, une telle situation pourrait accentuer la pression sur d’autres partenaires énergétiques, comme la Norvège ou le Qatar, et fragiliser les efforts de diversification énergétique de la France.

Sur le plan industriel, les secteurs exportateurs français, notamment ceux des machines, des équipements de transport et des produits pharmaceutiques, risquent de perdre un marché historique dans un contexte où la France cherche à préserver ses parts dans un monde de plus en plus compétitif.

Les conséquences pour l’Algérie

Pour l’Algérie, dont l’économie repose à 92 % sur les exportations d’hydrocarbures, les sanctions françaises pourraient accentuer sa vulnérabilité économique. En 2022, malgré un excédent commercial de 17,7 milliards USD, la balance des paiements du pays affichait un déficit préoccupant de 7,28 % du PIB.

Une réduction des exportations énergétiques vers la France et l’Union européenne fragiliserait davantage les finances publiques algériennes, compromettant les investissements nécessaires à la diversification économique. Cela pourrait également provoquer une instabilité sociale dans un pays déjà marqué par un taux de chômage élevé (11,6 % en 2022) et une inflation persistante.

Sur le plan géopolitique, une détérioration des relations avec Paris risquerait d’isoler davantage Alger sur la scène internationale, dans un contexte où l’Algérie peine à séduire de nouveaux investisseurs et à établir des partenariats économiques solides.

Un risque de rupture aux conséquences globales

Au-delà des impacts directs, une crise entre la France et l’Algérie pourrait perturber la dynamique économique régionale. En tant que deuxième fournisseur de la France en Afrique et principal exportateur de gaz vers l’Europe, l’Algérie joue un rôle clé dans la stabilité énergétique et économique de la région.

Pour la France, les sanctions pourraient non seulement mettre en péril ses intérêts économiques en Algérie, mais aussi complexifier ses relations avec d’autres pays du Maghreb, notamment le Maroc et la Tunisie.

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