En 2024, un retournement significatif s’est opéré sur le marché européen de l’énergie. La Russie a détrôné les États-Unis, devenant ainsi le deuxième plus grand exportateur de gaz vers l’Union Européenne. Selon les dernières données de la société de recherche Bruegel, Moscou a livré 54,45 milliards de mètres cubes de gaz à l’UE l’an dernier, marquant une progression notable par rapport aux années précédentes.
La part de la Russie sur le marché du gaz européen a connu une hausse substantielle, passant de 14,2 % en début d’année à 18,3 % à la fin de 2024. Ce phénomène est le fruit d’une politique énergétique rusée et d’une réorientation stratégique des flux énergétiques, dans un contexte où les relations entre l’UE et Moscou sont de plus en plus marquées par les tensions géopolitiques, notamment en raison du conflit en Ukraine. Cette évolution a permis à la Russie de reconquérir une part significative du marché européen, après une période de déclin et de diversification des sources d’approvisionnement par les pays membres de l’Union.
À côté de la Russie, l’Algérie continue de jouer un rôle clé dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe. En 2024, l’Algérie a exporté 32 milliards de mètres cubes de gaz vers l’UE, une baisse de 3 % par rapport à l’année précédente. Ce recul est en partie dû à des problèmes techniques et à la capacité limitée de son réseau d’exportation, mais l’Algérie reste néanmoins l’un des fournisseurs incontournables du continent européen, notamment pour ses relations étroites avec plusieurs États membres du sud de l’Europe, comme l’Italie et l’Espagne.
D’autres pays contribuent également aux importations de gaz en provenance de l’Europe. La Norvège, par exemple, s’impose en tant que leader avec 93,3 milliards de mètres cubes livrés en 2024, soit 31,3 % de toutes les importations de gaz de l’UE. Sa position dominante résulte de ses vastes réserves offshore et de sa capacité à répondre aux besoins croissants de l’UE en matière d’énergie.
Quant aux États-Unis, malgré leur statut de grande puissance énergétique, leurs exportations de gaz liquéfié vers l’Europe ont chuté de près de 18 % en 2024, avec un total de 51,3 milliards de mètres cubes. Cette baisse s’explique en partie par la réduction de la demande en gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché européen et la réorientation des exportations américaines vers d’autres marchés, notamment en Asie.
En conclusion, le marché européen du gaz continue de se redéfinir à l’aune des tensions géopolitiques, des stratégies énergétiques diversifiées et des enjeux liés à la transition énergétique. Si la Russie retrouve progressivement sa place parmi les principaux fournisseurs, l’UE devra continuer à diversifier ses sources d’approvisionnement pour garantir sa sécurité énergétique à long terme. Les ajustements des flux énergétiques, influencés par des facteurs économiques et politiques, témoignent de l’évolution des relations internationales et des nouvelles dynamiques énergétiques qui façonnent l’avenir de l’Europe.