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Dans cet entretien, Antoine SOMDAH, ancien ambassadeur du Burkina Faso en Fédération de Russie, expert en droit international et en droit nucléaire, et membre du Conseil de sécurité des Nations Unies (2008 et 2009), dresse un bilan critique de l’importance de l’Alliance des États du Sahel (AES) nouvellement créée, de ses implications, des défis et des perspectives d’avenir en Afrique de l’Ouest. Il s’agit d’un tournant géopolitique majeur dans la région du Sahel pour les trois Républiques du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cela a également signifié le retrait définitif de l’organisation économique régionale CEDEAO. Voici les extraits de l’interview :

Antoine SOMDAH, ancien Ambassadeur du Burkina Faso auprès de la Fédération de Russie

Comment évaluez-vous le potentiel et les performances de l’Alliance des États du Sahel (AES) depuis sa création ?

Antoine SOMDAH : Tout d’abord, je voudrais rappeler que c’est suite à l’inefficacité de la réponse sécuritaire, à la faible solidarité, voire à l’abandon de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) face au fléau terroriste, aux sanctions économiques irresponsables et surtout à la menace d’intervention militaire au Niger qu’est née l’Alliance des États du Sahel (AES). Elle a été créée le 16 septembre 2023 avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma par les États du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois pays partageant historiquement la région transfrontalière de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel appelée « Liptako-Gourma » d’où le nom symbolique de la Charte.

Stratégiquement parlant, il s’agit d’un bloc de défense collective et d’assistance mutuelle visant à contrer toute intervention militaire de la CEDEAO ou toute menace extérieure y compris le terrorisme et avec l’ambition d’une intégration économique sous-régionale. Ce choix stratégique se nourrit de similitudes de données économiques et territoriales (2 781 392 km2), démographiques (71,5 millions d’habitants selon les données de 2022), de continuité sociale et culturelle ainsi que d’une histoire partagée, marquée par la colonisation, qui crée un sentiment de rejet de la puissance occupante pour aspirer à une véritable souveraineté. La création de l’AES marque un tournant géopolitique majeur dans la région du Sahel. Il ne s’agit pas seulement d’une réponse rationnelle à l’environnement régional marqué par l’insécurité et l’instabilité, mais aussi de la volonté commune des trois pays de renforcer leur souveraineté et de coordonner leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme. Fruit d’une frustration croissante à l’égard des partenaires occidentaux traditionnels, l’AES symbolise la quête d’alternatives stratégiques et de nouveaux alliés sur la scène internationale. Plusieurs actions ont déjà été entreprises avec des réunions et des projets d’initiatives pour faire évoluer l’Alliance vers les statuts d’une confédération et, à terme, vers une fédération.

C’est à cet égard que, le 28 janvier 2024, les pays de l’Alliance ont annoncé leur retrait de la CEDEAO. Puis, le 15 février, une réunion des pays membres de l’Alliance s’est tenue à Ouagadougou (Burkina Faso), qui a jeté les bases de la création d’une confédération. Le 6 mars, l’Alliance a également annoncé la formation d’une force antiterroriste conjointe et en mai, elle a finalisé le projet de traité créant la Confédération de l’Alliance, dans le but de finaliser le projet de texte relatif à l’institutionnalisation et à l’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel. Récemment, le 6 juillet 2024, s’est tenu à Niamey, au Niger, le premier sommet de l’Alliance des États du Sahel, qui a vu l’adoption du Traité établissant la Confédération des États du Sahel et qui a également abordé les questions et défis communs aux trois pays, notamment la sécurité et la défense, le terrorisme, ainsi que les échanges économiques, commerciaux et culturels.

L’AES vise également à créer une union économique et monétaire, ainsi que sa propre monnaie qui devrait être basée sur les ressources naturelles des pays membres de la Confédération. Il faut reconnaître qu’auparavant une réunion des ministres de l’Économie et des Finances des pays membres de l’AES tenue à Bamako le 25 novembre 2023, afin de promouvoir le développement économique au sein de la zone AES, avait préconisé, entre autres, la création de projets structurants dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, des transports et de la sécurité alimentaire. Il a également recommandé la création d’un fonds de stabilisation et d’une banque d’investissement. La réunion des ministres des Affaires étrangères tenue à la suite de cette dernière, les 30 novembre et 1er décembre 2023 dans la même ville, avait recommandé aux chefs d’États membres la création d’une confédération.

Quelles sont les implications politiques et économiques du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ?

AS : Tout naturellement, le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO a nécessairement des implications politiques et économiques immédiates non seulement pour l’AES elle-même, mais aussi pour tous les autres pays de la CEDEAO en termes de mobilité des personnes et des biens, de commerce et de politique sectorielle régionale. Il s’agit d’un choix souverain fait par ces trois pays, même s’il faut un délai d’un an après notification pour qu’ils cessent d’être membres de la communauté, conformément au Traité de la CEDEAO de 1993.

Il y aura aussi des impacts dans les domaines de la sécurité collective, de la force de défense régionale et de la lutte contre le terrorisme, même s’ils n’ont jamais fonctionné comme ils le devraient. D’autre part, les dirigeants de l’AES ont réaffirmé leur appartenance à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’une des institutions spécifiques de la CEDEAO, afin de minimiser le choc économique soudain que la zone AES pourrait subir. De plus, ce repli pourrait conduire à une redéfinition des relations économiques dans la région ouest-africaine, avec des ajustements importants aux niveaux national, régional et extra-régional. Elle pourrait également offrir des possibilités de réforme et de développement endogène dans ce domaine.

D’après ce que vous avez dit ci-dessus, cela signifie-t-il que le commerce et la coopération économique avec les États voisins ont cessé ? Envisagez-vous également l’émergence d’éventuels conflits entre l’Alliance et la CEDEAO ?

AS : Je ne pense pas ! Il est vrai que la libre circulation des personnes et des biens reste un facteur déterminant dans les relations, notamment le commerce entre les États et les peuples, cependant, les États de la région sont toujours restés interdépendants, ce qui pourrait obliger les pays de l’AES à négocier des accords bilatéraux avec certains États avec lesquels ils entretiennent des liens économiques et amicaux très forts. mais aussi avec ceux qui ont une résilience économique ou avec des États ou des organisations qui partagent des intérêts et des défis communs en dehors de la région de l’Afrique de l’Ouest. Aussi, en vue de la création de sa monnaie commune, l’AES devrait envisager, à moyen terme, son retrait de l’UEMOA pour stimuler son développement économique endogène.

De plus, il n’est pas exclu que d’autres pays de la région soient attirés par le projet de la fédération AES. Dans tous les cas, c’est l’occasion de partir du bon pied vers la pleine souveraineté et de s’affranchir des influences extérieures. S’agissant de l’émergence d’éventuels conflits entre l’Alliance et la CEDEAO, je dirais que non, car la préservation de la paix et de la stabilité dans la région de l’Afrique de l’Ouest est une priorité cruciale et les deux entités en sont conscientes.

Pensez-vous que la CEDEAO a besoin de réformes sérieuses dans le contexte des évolutions géopolitiques actuelles ?

AS : Oh oui bien sûr ! « Chaque nuage a une lueur d’espoir » ! La situation actuelle dans la CEDEAO reflète les défis sécuritaires, économiques et politiques persistants auxquels la région est confrontée. Cette situation devient même l’occasion pour la CEDEAO de réajuster son modèle d’intégration en mettant l’accent sur la création d’une CEDEAO des peuples pour encourager l’augmentation des investissements, afin de parachever l’intégration économique. Aussi, la nécessité de prôner le dialogue et une coopération renforcée en matière de sécurité avec l’AES et enfin d’adapter ses politiques d’intégration et de coopération régionales à son environnement changeant.

Pouvez-vous également discuter de la coopération actuelle de la Chine et de la Russie dans les domaines du commerce, de l’investissement et de la sécurité avec l’Alliance des États du Sahel ?

AS : Les relations croissantes entre la Chine, la Russie et les gouvernements émergents du Burkina Faso, du Mali et du Niger suggèrent une reconfiguration géopolitique en Afrique de l’Ouest. Mais d’abord, il faut dire que la Chine et la Russie sont elles-mêmes des partenaires stratégiques essentiels. Les chefs d’État de l’AES ont décidé de prendre leur destin en main et de s’éloigner des partenariats superficiels et inefficaces pour s’orienter vers des partenaires sincères tels que la Russie et la Chine, mais aussi la Turquie. Ces partenariats avec la Russie, la Chine et la Turquie ont permis aux pays de l’AES de bien s’équiper et de mener efficacement des opérations contre les groupes terroristes armés. L’arrivée de la Turquie et de l’Iran dans l’équation sahélienne s’inscrit dans un mouvement plus large de diversification des partenariats internationaux par les pays de l’AES.

La Chine, principalement implantée sur le continent africain grâce à d’importants investissements, semble vouloir de plus en plus se concentrer sur la côte Est où le pays a lancé son projet de nouvelles routes de la soie en 2017. Elle est engagée au Sahel dans plusieurs domaines tels que l’agriculture, le commerce, la sécurité, l’énergie et les infrastructures.

L’influence de la Russie se fait également sentir sur l’ensemble du continent, mais avec une présence plus importante en Afrique francophone et au Sahel, profitant du départ de tous les soldats français de la force Barkhane du territoire malien en août 2022. En effet, avec près de 3 000 soldats engagés depuis 2013 au Sahel, la force antijihadiste française Barkhane a fait face à la montée du sentiment anti-français en quelques années, les autorités maliennes ayant préféré se rapprocher de la Russie et de l’aide des troupes paramilitaires du groupe Wagner. En septembre 2022, les autorités burkinabè qui venaient d’arriver au pouvoir ont également exprimé leur volonté de se rapprocher de la Russie malgré les manifestations de la France suite aux manifestations contre la force Barkhane.

Depuis 2010, la Russie a inclus le continent africain dans sa politique étrangère. Au fil des années, il s’est positionné comme une alternative possible pour les États africains déçus par les alliances occidentales, tant sur le plan politique que militaire, à travers une stratégie hybride. La Russie entend donc apporter son soutien, dans la mesure du possible, à l’Alliance des États du Sahel, notamment en matière de sécurité, de formation des militaires et des forces de l’ordre et en développant la coopération économique.

Le groupe paramilitaire « Wagner » est présent au Mali, entre autres, avec des opérations militaires actives, participant aux combats. Ce groupe est progressivement remplacé par le « Corps d’Afrique » ou « Corps d’Afrique ». Il s’agit d’un nouveau corps militaire qui représente officiellement la Russie sur le continent africain, reprenant l’architecture de sécurité établie par Wagner sous une structure de commandement plus centralisée au sein du ministère russe de la Défense. Le premier grand déploiement de ce nouveau corps militaire a eu lieu au Burkina Faso en janvier 2024 avec 100 instructeurs militaires russes et, depuis, il a progressivement pris le contrôle des opérations au Mali et plus récemment au Niger. La Turquie offre également un soutien en matière de défense et de renseignement.

Quels sont les principaux secteurs économiques importants pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger ? Prenez-vous en compte l’état de la société civile, de la jeunesse et des médias dans le développement du pouvoir politique et économique ?

AS : J’ai dit plus tôt que les pays de l’AES sont confrontés à des défis économiques similaires caractérisés par une forte dépendance à l’égard de l’agriculture et de l’aide étrangère, des infrastructures sous-développées et une vulnérabilité aux chocs externes tels que les fluctuations des prix des produits de base et les aléas climatiques. La mobilité est également un aspect crucial pour ces pays enclavés et dépendants des corridors commerciaux passant par les États côtiers pour leurs importations et leurs exportations.

Plusieurs initiatives de développement sont prises dans ce sens pour stimuler les principaux secteurs économiques importants dans les domaines prioritaires de l’agriculture, de l’élevage, de la santé, de l’énergie, des transports et des ressources minérales, mais aussi dans le domaine des infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires.

Le Mali, par exemple, suivi par le Burkina Faso avec son important secteur agricole, a été un contributeur important en termes de produits agricoles dans la région de la CEDEAO. Le Burkina Faso et le Niger ont joué un rôle crucial dans le commerce des biens et des ressources minérales telles que les textiles, le bétail, l’or et l’uranium. Cette nouvelle ère pour les pays de l’AES permettra une plus grande autonomie économique et politique afin de renforcer la souveraineté des États. Ils auront désormais la possibilité de mener facilement des politiques économiques en phase avec leurs réalités et leurs aspirations.

A la question de savoir si je considère l’état de la société civile, de la jeunesse et des médias comme étant dans la construction du pouvoir politique et économique, je dirais qu’au cours des deux dernières décennies, la mobilisation des jeunes est restée constante pour dénoncer les dérives des pouvoirs en place et contre la cherté de la vie. Parmi les composantes des mouvements sociaux, on note notamment les organisations de la société civile dans lesquelles il y a des organisations de jeunesse, des organisations de femmes et des syndicats avec l’appui des réseaux sociaux et des médias et d’internet en général. Les médias, sous diverses formes, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la corruption en communiquant des informations sur le travail de ces organisations et en sensibilisant. La liberté d’expression est garantie aux niveaux national, continental et international, même si les médias peuvent parfois faire l’objet de restrictions. Au Burkina Faso, par exemple, depuis 1998 jusqu’à nos jours, les revendications de la société civile ont contribué à façonner la gestion du pouvoir politique et économique. Actuellement, le contexte de terrorisme dont souffre le pays est loin de laisser les organisations de la société civile indifférentes. Plus que dans d’autres pays, ils n’hésitent pas à exprimer leur soutien aux forces gouvernementales, tout en apportant leurs critiques et des éléments de modération pour appeler à l’action avec discernement et responsabilité. Le 24 février 2024, l’Alliance des jeunes des États du Sahel a tenu son Assemblée générale à Ouagadougou, à laquelle ont pris part les délégations du Mali et du Niger pour affirmer la volonté des jeunes d’accompagner les dynamiques en cours dans les trois pays de l’AES. Pour ce faire, plusieurs activités ont été programmées afin d’aborder des thématiques relatives à la souveraineté des peuples, à la promotion de l’économie, à la culture et à l’inclusion des jeunes dans la prise de décision. Ils entendent, à travers cette organisation, contribuer à l’atteinte des objectifs poursuivis par l’AES tout en favorisant une bonne collaboration entre les différentes sections de cette structure qui verra le jour dans les deux autres pays.

Pensez-vous que des collaborations sur des initiatives visant à améliorer l’énergie, la science et la technologie sont également possibles avec des acteurs externes ?

AS : Absolument ! L’énergie, la science et la technologie sont essentielles à la transformation de la zone AES en termes d’agriculture, d’industrie et d’éradication de la pauvreté. Il faudra donc investir dans ces secteurs tout en favorisant l’innovation. En termes d’énergie, la production est principalement thermique, mais le soleil devient l’un des potentiels énergétiques de plus en plus exploités dans les pays AES. La production d’énergie à partir du gaz et du nucléaire civil est déjà à l’étude. La diversification des partenaires stratégiques est d’autant plus cruciale avec le retrait des pays AES de la CEDEAO. Les pays de l’AES, pris individuellement, sont déjà liés par des accords internationaux et des partenariats bilatéraux dans le domaine de la science et de la technologie.

Au niveau international, ces pays participent déjà aux projets de coopération technique et scientifique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ainsi qu’aux programmes menés dans le cadre de l’Accord de coopération régionale pour l’Afrique sur la recherche, le développement et la formation dans le domaine de la science et de la technologie nucléaires (AFRA) et d’autres organismes spécialisés du système des Nations Unies. A cet égard, je tiens à vous informer que j’ai personnellement eu l’occasion de participer activement avec l’équipe nationale chargée de jeter les bases de cette coopération technique et scientifique avec l’AIEA de 1999 à 2007.

L’Agenda STI 2026 (science, technologie et innovation) de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) adopté en 2017 à Astana, au Kazakhstan, couvre un certain nombre de domaines urgents de coopération interétatique, allant de la construction d’une culture de la science et de l’innovation chez les jeunes à l’amélioration de l’employabilité des personnes, y compris la sécurité de l’eau, l’alimentation et l’environnement ; la promotion d’une vie saine pour tous les citoyens et l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche, entre autres.

Sur le plan bilatéral, il convient de noter que ces pays ont choisi un partenariat stratégique avec la Fédération de Russie. Le Burkina Faso est en partenariat avec la Russie (Agence russe Rosatom) depuis octobre 2023 pour la construction d’une centrale nucléaire. Le 20 février 2024, les trois entreprises énergétiques du Burkina Faso, du Mali et du Niger lors de leur réunion à Ouagadougou ont défini les stratégies pour sécuriser l’approvisionnement en énergie électrique des pays AES ; Cet événement marque le début de l’optimisation et de la mutualisation des ressources en énergie propre en diversifiant le choix des partenaires stratégiques.

Enfin, quelle est la voie à suivre en termes de gouvernance démocratique et de stratégie de développement dans les trois États ? Ces États poursuivent-ils les principes relatifs à la paix et à la stabilité, au développement et à la prospérité du monde multipolaire ?

AS : Cette question est d’autant plus importante qu’elle mérite d’être examinée en profondeur. Tout d’abord, l’AES est une confédération d’États aux capacités limitées vis-à-vis du système mondial, qui cherche à renforcer son autonomie pour résister à l’exploitation et réduire sa dépendance à ce même système mondial dominé par les Occidentaux, en particulier les anciennes puissances coloniales comme la France et les institutions financières internationales, en un mot l’ordre mondial unipolaire. Cela signifie qu’il s’agit de questions stratégiques profondes, donc complexes. Certes, au cours des dernières décennies, les crises économiques, les conflits internes et la perte de confiance dans les institutions traditionnelles, ainsi que les nombreux échecs observés dans la gestion chaotique de certaines guerres au Moyen-Orient, se sont ajoutés aux erreurs commises successivement dans l’éclatement du conflit en Syrie et maintenant avec la provocation de celui en Ukraine, et les tentatives de déstabilisation de certains pays africains afin de contrôler leurs richesses ont affaibli la capacité des pays occidentaux à exercer une influence dominante.

Alors que l’Occident a longtemps été considéré comme un modèle à suivre, le reste du monde s’interroge sur cette supériorité culturelle et cherche à affirmer sa propre identité et sa propre voix. C’est pourquoi la naissance des BRICS constitue une alternative plus pragmatique et orientée vers la multipolarité à laquelle aspire le reste du monde, créant ainsi une unité du Sud global.

De toute évidence, les États AES sont orientés vers la multipolarité, qui se veut une approche plus inclusive et concertée, où différents pays et régions travaillent ensemble pour trouver des solutions communes. Dans tous les cas, l’AES est obligée de redéfinir les alliances dans la région et d’ouvrir la voie à une plus grande influence de puissances telles que la Russie, la Chine et la Turquie, et même d’autres pays émergents des BRICS. De cette façon, il réussira à vaincre le terrorisme et à consolider son intégration pour devenir un centre d’influence ; diversifier son économie pour devenir prospère dans la région, ce qui favorisera bien sûr le renforcement de sa démocratie, qui reste une démocratie populaire.

Suivant les principes du monde multipolaire, les pays de l’AES veulent, en toute indépendance, avoir des partenariats pragmatiques gagnant-gagnant qui servent leurs intérêts aux fins de leur développement, de leur prospérité et de leur stabilité. Ce choix stratégique opéré par les pays de l’AES s’inscrit dans la nouvelle approche des pays du Sud dans la gestion de la gouvernance mondiale et constitue sans doute l’occasion, enfin, de reconstruire une nouvelle architecture de sécurité mondiale.

Source: Le fasso

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