Depuis près de deux décennies, le Nigeria est confronté à une insurrection jihadiste dans le nord.
Au moins 81 personnes ont été tuées et d’autres sont portées disparues après une nouvelle attaque jihadiste dans le nord-est du Nigeria, selon les autorités locales.
La police de l’État de Yobe a rapporté qu’environ 150 membres présumés du groupe Boko Haram, armés de fusils et de grenades, ont attaqué à moto le village de Mafa dimanche vers 16h00.
« Nous pensons qu’il s’agit de représailles concernant l’assassinat de deux terroristes de Boko Haram par des groupes d’autodéfense du village », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police, Abdulkarim Dungus.
Les jihadistes ont accusé les habitants de Mafa d’aider l’armée dans ses opérations contre Boko Haram. « Au moins 81 personnes ont été tuées », a précisé Bulama Jalaluddeen, porte-parole du président du gouvernement local de Tarmuwa, où se trouve Mafa.
Les assaillants ont incendié les maisons, principalement des habitations en toit de chaume, brûlant vifs ceux qui se cachaient à l’intérieur, a indiqué un agent administratif du gouvernement local de Tarmuwa sous couvert d’anonymat, après avoir parlé avec un habitant de Mafa ayant échappé à l’attaque.
Selon M. Jalaluddeen, 34 cadavres ont été enterrés à Babbangida, siège du gouvernement local du territoire, tandis que trente autres sont encore à Mafa.
« Quinze corps avaient déjà été enterrés par leurs proches lorsque les soldats sont arrivés à Mafa pour l’évacuation des corps. Un nombre indéterminé de victimes des villages voisins a également été enterré par leurs proches avant l’arrivée des soldats », a-t-il ajouté.
La police n’a pas encore fourni de bilan officiel, mais estime que Boko Haram a tué « de nombreuses personnes et incendié de nombreux magasins et maisons » durant l’attaque, selon son porte-parole dans l’État de Yobe.
Les villages de l’État de Yobe, principalement composés d’agriculteurs et d’éleveurs, sont souvent pillés ou rackettés par des jihadistes de Boko Haram et de sa faction rivale, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
Les jihadistes ont intensifié ces dernières années leurs attaques contre les agriculteurs, bûcherons, bergers et pêcheurs, les accusant de collaborer avec l’armée et les milices locales.
Fin octobre 2023, après des menaces reçues par les villageois, la police, aidée par ces derniers, avait tué plusieurs jihadistes près du village de Kayayya. En représailles, les jihadistes avaient tué 37 personnes en deux jours dans deux villages de l’État de Yobe, dont 20 revenaient des funérailles des victimes de la veille.
L’insurrection jihadiste qui dure depuis plus de quatorze ans dans le nord du pays a déjà causé plus de 40 000 morts et déplacé plus de 2 millions de personnes. Malgré la perte de terrain par les combattants jihadistes de Boko Haram et de l’Iswap, ces derniers continuent d’attaquer les communautés rurales.
Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 220 millions d’habitants, fait également face à des gangs criminels puissants, des conflits intercommunautaires et des tensions séparatistes.