jeudi, novembre 21

Les résultats des élections législatives françaises ont surpris beaucoup de commentateurs politiques. Alors que le Rassemblement national (RN) était arrivé en tête au premier tour le 30 juin, il n’arrive qu’en troisième place au second tour ce dimanche.

Selon les estimations Ipsos Talan, le Nouveau Front populaire (NFP) a créé une surprise en arrivant en premier avec entre 172 et 192 sièges ; la majorité présidentielle sortante entre 150 et 170 sièges, devenue la deuxième force politique, tandis que le RN et ses alliés plafonneraient entre 132 et 152 sièges. Les résultats seront affinés dans la nuit, mais on peut s’attendre à une absence de majorité claire dans la nouvelle législature.

« LE BLOC CENTRAL EST BIEN VIVANT »

Pourtant, le Premier ministre français Gabriel Attal, nommé il y a moins de six mois, a affirmé qu’il allait remettre sa démission lundi conformément à la tradition dite « républicaine ». « Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par l’un des extrêmes », a souligné M. Attal, qui s’est félicité du fait que ni La France insoumise (LFI) ni le RN ait la majorité absolue.

« Le bloc central est bien vivant », a déclaré l’entourage du président français Emmanuel Macron à l’AFP. L’Elysée a ainsi appellé à la « prudence » dans les analyses des résultats provisoires qui ne répondaient pas à la question de « qui pour gouverner », alors que le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a appelé à nommer un chef du gouvernement provenant du bloc de gauche.

Le président français, qui ne s’était pas encore exprimé face aux Français à minuit, devrait attendre la « structuration » de la nouvelle Assemblée nationale pour « prendre les décisions nécessaires », selon l’Elysée.

« LA MAREE CONTINUE A MONTER »

S’adressant à ses militants, le président du RN, Jordan Bardella, a indiqué que le peuple français n’a pas pu « se choisir librement une politique différente ». Il a dénoncé ce qu’il appelle « alliance politicienne contre nature » pour faire échouer le RN lors du second tour du scrutin.

Dans une percée historique sous la Ve République française, le RN était sorti en tête au premier tour, à l’issue duquel plus de 300 triangulaires avait été annoncés en raison de la forte participation. Pour le second tour, plus de 200 candidats s’étaient désistés, dont plus de la moitié provenant du NFP mais aussi du camp présidentiel, pour faire barrage à l’extrême-droite.

« La marée continue à monter », « notre victoire n’est que différée », a indiqué la leader du RN Marine Le Pen sur TF1. « J’ai trop d’expérience pour être déçue par un résultat où l’on double le nombre de nos députés ».

Lors de la 16e législature, dissoute par le président Macron il y a quatre semaines, le RN constituait le premier groupe d’opposition avec près de 90 députés, alors que dans la 15e législature, le RN (ex-Front national) n’avait obtenu que huit sièges.

« SOULAGEMENT POUR UNE GRANDE PARTIE DU PAYS »

« On a arraché un résultat qu’on nous disait impossible », a déclaré Mélenchon juste après les premières estimations des résultats qu’il a qualifiés d' »un immense soulagement pour une grande partie du pays ». « Le Nouveau Front populaire est prêt à gouverner », a lancé le leader de file de LFI.

Un rassemblement de militants de l’union de gauche a lieu place de la République à Paris en début de soirée. Un sentiment de soulagement et de joie s’est diffusé parmi les manifestants à l’annonce des résultats. Cependant, a partir de 23H00, certains militants vêtus de noir et cagoulés ont provoqué des débordements.

« Il est évident que Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de ses alliés ne peuvent pas gouverner la France », a déclaré dimanche Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance. Le camp présidentiel présentera des « conditions préalables à toute discussion » en vue d’une majorité, a-t-il affirmé.

L’ancien président français François Hollande, élu député du NFP dimanche, a déclaré qu’il n’était « pas candidat » pour former un gouvernement. « J’ai accepté (…) d’être candidat aux élections pour servir mon pays, pour éviter que l’extrême droite arrive (…). Je ne suis pas venu à l’Assemblée nationale pour un poste quelconque », a-t-il dit. En même temps, l’ancien chef de l’Etat a dit qu’il pourrait « être utile » en matière de « politique étrangère ».

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