L’offensive aérienne et terrestre d’Israël à Gaza a tué des centaines de membres de familles palestiniennes de la même lignée, un bilan sans précédent pour la petite communauté composée principalement de réfugiés et de leurs descendants.
Une enquête menée par l’Associated Press a révélé qu’au moins 60 familles palestiniennes ont perdu au moins 25 membres, répartis sur quatre générations de la même lignée, lors des bombardements qui ont eu lieu entre octobre et décembre 2023.
Cette période marque la phase la plus meurtrière et la plus dévastatrice du conflit. En seulement quelques semaines, près d’un quart de ces familles ont perdu plus de 50 membres, avec la difficulté de documenter et de partager des informations en raison de l’effondrement des services Internet et téléphoniques. Certaines familles n’ont presque plus personne pour enregistrer ce bilan dévastateur.
L’étude de l’AP a analysé les données sur les victimes du ministère de la Santé de Gaza jusqu’en mars, les avis de décès en ligne, les pages des réseaux sociaux des familles et des quartiers, les témoignages et les informations d’Airwars, une organisation non gouvernementale composée de journalistes et de chercheurs, basée à Londres.
L’AP a également géolocalisé et analysé 10 frappes israéliennes, parmi les plus meurtrières de la guerre, entre le 7 octobre et le 24 décembre. Au total, ces frappes ont tué plus de 500 personnes.
Parmi les familles les plus durement touchées par les bombardements israéliens figurent la famille Mughrabi, qui a perdu plus de 70 membres en une seule attaque.
La famille Abu Najas pleure plus de 50 morts, dont au moins deux femmes enceintes, tandis que le clan Doghmush a perdu au moins 44 membres lors d’une attaque contre une mosquée. Au printemps, plus de 80 membres de la famille Abu al-Qumssan ont été tués.
Lors d’une attaque dans le camp de réfugiés surpeuplé de Jabaliya, au nord de Gaza, les bombes israéliennes ont détruit un bloc entier de bâtiments.
Près de 40 membres de la famille Abu al-Qumssan ont été tués, tandis que le nombre exact de victimes est encore incertain car de nombreuses personnes sont coincées sous les décombres.
Ramy Abdu, président d’EuroMed Human Rights Monitor (Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, ndlr), basé à Genève, qui surveille la guerre à Gaza, a exprimé son inquiétude face au défi écrasant de faire face à l’augmentation continue du nombre de morts.
« Des dizaines de ses chercheurs à Gaza ont cessé de documenter les décès de familles en mars après en avoir identifié plus de 2 500 avec au moins trois décès », a-t-il ajouté.
Lors de la guerre de 51 jours de 2014, le nombre de familles ayant perdu trois membres ou plus était inférieur à 150. Mais au cours du premier mois de la récente offensive israélienne à Gaza, le ministère de la Santé de Gaza a rapporté que 300 familles palestiniennes avaient perdu plus de 10 membres chacune et qu’en janvier, près de 1 900 familles avaient subi de multiples morts.
Cela survient alors qu’Israël est confronté à une importante affaire de génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ), le « meurtre de familles à travers les générations » étant cité comme élément de preuve crucial.
Par ailleurs, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) demande des mandats d’arrêt contre deux dirigeants israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, notamment pour meurtre intentionnel de civils.
Depuis le début de l’offensive, le régime de Tel-Aviv a tué au moins 37 347 Palestiniens, pour la plupart des femmes et des enfants, et en a blessé 85 372 autres. Plus de 1,7 million de personnes ont également été déplacées à l’intérieur du pays pendant la guerre.