Une croissance économique à long terme est associée à une espérance de vie plus longue et à une meilleure santé. Cependant, à court terme, un boom économique peut entraîner une augmentation des taux de mortalité.
Historiquement, l’amélioration de la santé sur le long terme a été liée à la croissance économique grâce à trois mécanismes principaux : une meilleure nutrition, des infrastructures de santé publique améliorées (comme l’assainissement et un approvisionnement en eau plus propre) et une technologie médicale plus avancée (comme les antibiotiques et les vaccins).
De nombreuses études ont démontré le lien entre la richesse et la santé, montrant que les citoyens des pays à revenu intermédiaire supérieur vivent généralement plus longtemps et souffrent de moins d’années d’invalidité.
Dans les pays à revenu élevé, les femmes présentent des taux d’anémie plus bas, et les enfants y naissent avec un poids plus élevé.
Une étude récente sur les récessions et la mortalité aux États-Unis entre 1993 et 2012 a révélé que l’économie est liée à une augmentation du taux de mortalité, et que la baisse des revenus et l’augmentation de la pauvreté sont plus étroitement liées à des taux de mortalité élevés qu’au taux de chômage.
Effets de l’expansion économique
Cependant, des recherches suggèrent que les expansions économiques peuvent avoir des effets néfastes sur la santé à court terme, ou que, paradoxalement, les récessions peuvent améliorer la santé de certains individus.
Durant la récession de 2007 à 2012, le taux de chômage a augmenté, mais de manière variable selon les pays. Une étude européenne a montré qu’une augmentation d’un point de pourcentage du taux de chômage était associée à une baisse de 0,5 % du taux de mortalité.
Une relation similaire a été observée lors d’autres périodes, en Europe comme aux États-Unis. Aux États-Unis, cela se traduit par environ 13 000 décès en moins pour chaque point de pourcentage d’augmentation du taux de chômage.
Mais comment expliquer que la richesse puisse améliorer la santé alors qu’un ralentissement économique réduit la mortalité ?
En général, la relation entre les conditions économiques et la santé dépend du contexte et peut varier à court et à long terme.
Cela peut changer selon la nature de l’économie (par exemple, agricole ou industrielle). La profondeur de la récession et l’intensité du boom économique jouent également un rôle.
La composition de la population est également importante, car différents types d’individus sont affectés de manière variable par les changements économiques.
Une théorie suggère que pendant les périodes de prospérité économique, une économie industrielle génère plus de pollution atmosphérique, aggravant certaines maladies et augmentant le nombre de décès.
Une autre étude a constaté qu’un taux de chômage plus élevé pendant la Grande Récession était lié à une mortalité plus faible due aux maladies respiratoires et cardiovasculaires, sensibles à la pollution de l’air.
Selon une estimation, les deux tiers de l’impact à court terme de l’augmentation des décès dans une économie forte peuvent être attribués à la pollution atmosphérique.
La conduite automobile est une autre cause de mortalité qui dépend des conditions économiques à court terme. Lorsque l’économie ralentit, les gens conduisent moins, ce qui entraîne moins de décès dus aux accidents de la route.
Il est important de comprendre que les effets financiers d’une économie en déclin ou en croissance peuvent toucher des personnes différentes de celles affectées par ses effets sur la santé.
Une étude intéressante a révélé que l’augmentation de la mortalité en période de forte conjoncture économique se concentre chez les personnes âgées, particulièrement chez les femmes âgées vivant dans des maisons de retraite. Cela pourrait s’expliquer par une diminution des effectifs dans les établissements de soins infirmiers qualifiés, en particulier pour le personnel infirmier, lorsque le taux de chômage diminue.
Ces résultats sont cohérents avec de nombreuses autres études. Par exemple, une étude a également montré que l’augmentation de la mortalité chez les personnes âgées en période de conditions économiques favorables était due à des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi qu’à des infections.
Ces études illustrent la relation entre des revenus plus élevés et une meilleure santé en général, et d’autre part, une augmentation des taux de mortalité pendant les périodes de prospérité économique.
Les deux phénomènes peuvent coexister si les personnes négativement affectées par la prospérité économique sont différentes de celles qui en bénéficient matériellement.