Dans un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie, M. Mifrani a ajouté que la poésie joue un rôle central au service des causes de l’être humain et des valeurs de tolérance et d’amour face aux discours de haine et des idéologies destructrices.
Dans son contraste et sa capacité à tisser des récits de beauté et d’amour, la poésie a su, tout au long de l’histoire, conserver sa voix singulière, a-t-il poursuivi, estimant que les poètes peuvent changer le monde, au même titre que les poèmes peuvent être le baume qui permet de guérir de la haine.
Aux yeux de ce poète et critique, la sensibilisation aux valeurs de la poésie ne nécessite pas une journée mondiale pour faire connaître la « fonction d’un genre d’expression ancré dans l’âme humaine depuis des temps immémoriaux ».
La montée en puissance des idéologies destructrices, « nous pousse aujourd’hui et chaque fois à rappeler les valeurs de la poésie et ses fonctions en tant que forme de résistance personnelle, s’opposant au désespoir et au chaos », a dit le directeur de la Maison de la poésie de Marrakech.
La capacité singulière de la poésie se manifeste aussi lors des crises et des catastrophes naturelles et dans des situations humaines tragiques, a-t-il noté, précisant que le mot a un « pouvoir métaphorique » qui « peut essuyer les larmes d’un enfant, devenir un baume pour un cœur meurtri, secourir un égaré, ou devenir un remède pour un corps épuisé par la douleur ».
Selon lui, la littérature en général a toujours conservé cette fonction, celle de la voix intérieure de l’Homme capable de traverser les géographies de la douleur à la recherche d’une lueur d’espoir.
S’arrêtant sur la désignation par l’Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) de la ville de Marrakech en tant que capitale de la culture dans le monde islamique pour l’année 2024, M. Mifrani a qualifié la ville ocre d’ »icône parmi les villes universelles, avec son histoire et son rayonnement culturel mondial ».
Elle est connue pour sa production culturelle, patrimoniale et littéraire, renforçant son image en tant que creuset des valeurs de coexistence et de dialogue, a-t-il enchaîné.
Marrakech est une ville de poésie et de poètes, à travers ses expériences poétiques qui ont enrichi la poésie marocaine, a-t-il dit, précisant que le premier recueil de poésie marocaine a été publié dans cette ville. Il s’agit du recueil « Ahlam al-Fajr » (Rêves de l’aube) du poète Abdelkader Hassan El Assimi, publié en 1935.
Le programme officiel pour la célébration de cet événement, placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, comporte une série d’activités tout au long de l’année, dans le cadre du programme de l’ICESCO pour les capitales de la culture.
Cette manifestation vise aussi à « soutenir le rôle de la culture dans le développement durable et à consolider l’importance du respect des droits culturels et des cultures divergentes, pour transformer ces villes en destinations culturelles et soutenir leur capital culturel », a-t-il expliqué.
Il a, par ailleurs, appelé au renforcement de la présence de l’action culturelle dans les politiques publiques, d’autant plus que le Royaume dispose d’une riche diversité linguistique et culturelle.
Selon ses propos, « Nous sommes situés au cœur du monde, là où la dimension méditerranéenne se mêle à l’ibérique, à l’africaine, à l’arabe et à l’islamique ».
Évoquant l’expérience de la Maison de la poésie de Marrakech, il a indiqué que depuis sa fondation en 2017 dans le cadre d’un protocole de coopération entre le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication et le département de la Culture du gouvernement de Sharjah, cette institution culturelle a réussi à œuvrer selon une stratégie visant à ancrer la présence de la poésie dans le contexte social.
A travers de nombreuses initiatives, la Maison de la poésie de Marrakech a réussi à organiser des rencontres dans des campagnes, des montagnes, des déserts et sur des plages (Les plages de la poésie), ainsi que dans les sites historiques, des places et des espaces publics dans le cadre d’une programmation annuelle célébrant la diversité culturelle du Maroc.
Ce genre d’expression vient en tête des « arts de la parole » et est capable de façonner nos valeurs collectives et d’unifier notre horizon esthétique humaniste, ainsi que notre ouverture au patrimoine humain commun, a-t-il encore estimé.