L’annonce du retrait, ce jeudi 2 mai, du géant canadien Bombardier du Maroc retentit come une bombe dans le ciel clair du secteur florissant de l’industrie aéronautique du royaume. Le fabricant canadien d’avions cessera son activité aussi bien au Maroc qu’en Irlande du Nord- où il emploie 3600 salariés-, un pays en tête des pays du monde les plus attractifs en matière d’investissement.
Au ministère de l’Industrie et du Commerce, principal concerné par ce retrait, le ministre a été mis au parfum par le top management de Bombardier lors d’un récent déplacement au Canada. Moulay Hafid Elalamy gère personnellement le dossier. Pour éclairer l’opinion publique, il donne une conférence de presse avec le patron de Midparc, Hamid Brahim Al Andaloussi, visage historique de l’industrie aéronautique au Maroc. Des explications sont fournies à l’opinion publique nationale et internationale. Le ministre de l’Industrie assure que Bombardier continuera à fabriquer les pièces de ses avions au Maroc chez des sous-traitants. La communication de crise est maîtrisée et la polémique est close…en apparence.
Trois jours après, l’hebdomadaire Maroc Hebdo titre dans son édition du weekend « Bombardier s’en va : Le discrédit », en insistant sur un nouveau coup dur pour Moulay Hafid Elalamy et pour l’attractivité du Maroc. Un véritable réquisitoire et des conclusions arrêtées et définitives. « Le dossier de Maroc Hebdo sonne comme une réponse au numéro d’Economie & Entreprise consacré à Othmane Benjelloun », nous affirme un communiquant casablancais, bien introduit auprès des rédactions de la place. Sauf, souligne-t-on fermement de sources proches de Saham, Moulay Hafid Elalamy n’a rien à voir avec « les tirs sur Othmane Benjelloun ni contre sa banque ». L’homme serait très occupé avec les multiples dossiers de son département et « a lui-même longtemps souffert de campagnes de dénigrements et de coups bas médiatiques qu’il abhorre ces méthodes », ajoute notre source.
En embarquant aujourd’hui MHE dans des tirs croisés de snipers, c’est « l’offre Maroc, qu’il tente de consolider, qui risque de prendre un coup fatal », explique un grand industriel casablancais. « Les investissements internationaux sont tellement volatiles qu’il suffit d’un petit couac pour gripper la machine », renchérit-il. En s’en prenant à celui qui est en charge de cette offre, en la personne du ministre de l’Industrie, un voile de doute finit par envelopper fatalement l’image du Maroc comme hub industriel de la région. Du pain bénit pour les concurrents du royaume.
Cependant, au sein du staff du ministère de l’Industrie et du Commerce, on se prépare à de grandes annonces lors des prochaines semaines. L’usine PSA de Kénitra, fin-prête, sera incessamment inaugurée, et le secteur aéronautique verra l’arrivée de nouveaux grands investissements. Une manière de signifier à tout le monde que sur le pal industriel, jamais l’offre Maroc n’a été aussi séduisante.