Étiquette : Afrique du Sud

  • Pourquoi le boycott américain de la réunion du G20 en Afrique du Sud ?

    Pourquoi le boycott américain de la réunion du G20 en Afrique du Sud ?

    La décision des États-Unis de boycotter la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg a des implications diplomatiques et géopolitiques importantes. Cette décision met en évidence les tensions croissantes entre Washington et Pretoria, alimentées par des différences sur la gouvernance mondiale, les institutions juridiques internationales et la géopolitique du Moyen-Orient. La Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) ont toutes deux intenté une action en justice contre Israël, un allié clé des États-Unis. Il est devenu un critique majeur de la politique étrangère américaine en raison de l’opposition de l’Afrique du Sud aux politiques d’Israël, ce qui a entraîné des tensions accrues au sein de forums mondiaux tels que le G20.

    Sous l’actuel président Donald Trump, les États-Unis ont adopté une politique étrangère « America First », qui donne la priorité à la souveraineté nationale plutôt qu’à la coopération mondiale. Cette approche est enracinée dans la conviction que les institutions internationales, y compris celles qui régissent le commerce, la sécurité et les droits de l’homme, fonctionnent souvent au détriment des intérêts américains. Selon Trump, des organisations comme l’Organisation mondiale du commerce (OMT), les Nations Unies (ONU) et en particulier la Cour pénale internationale ciblent les États-Unis et leurs alliés de manière disproportionnée tout en omettant de résoudre des problèmes mondiaux plus larges.

    L’une des principales sources de friction entre Washington et Pretoria a été les enquêtes de la CPI sur des crimes de guerre présumés commis par les États-Unis et leurs alliés, y compris Israël.L’administration Trump a précédemment imposé des sanctions aux responsables de la CPI lorsque le tribunal a tenté d’enquêter sur les actions militaires américaines en Afghanistan. Ces sanctions ont été levées sous le président Joe Biden, qui a exprimé son soutien aux poursuites de la CPI liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cependant, la situation a changé lorsque la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’accusant de commettre des crimes de guerre à Gaza.

    L’Afrique du Sud a joué un rôle de premier plan dans l’ouverture de cette affaire contre Israël, ce qui a encore accru les tensions avec Washington. Les États-Unis Le Congrès a réagi fortement, considérant les actions de la CPI comme une attaque contre son plus proche allié du Moyen-Orient. En représailles, plusieurs législateurs américains ont fait pression pour de nouvelles sanctions contre la CPI, arguant que le tribunal se livrait à des poursuites à motivation politique.

    Au-delà des actions de la CPI, l’Afrique du Sud a également intenté une action en justice contre Israël à la CPI, l’accusant de commettre un génocide à Gaza. La CIJ, le principal organe judiciaire de l’ONU, a accepté d’entendre l’affaire, ce qui a encore tendu les relations entre Pretoria et Washington. Cette décision a positionné l’Afrique du Sud comme l’un des critiques les plus virulents des politiques israéliennes sur la scène mondiale, s’alignant sur les nations du Sud et les mouvements pro-palestiniens.

    Le 31 janvier 2024, l’Afrique du Sud et la Malaisie ont lancé conjointement une campagne diplomatique pour faire respecter les décisions de la CPI et de la CPI, appelant d’autres pays à reconnaître et à faire respecter ces décisions juridiques. Les États-Unis, en revanche, ont tenté de saper ces décisions, ce qui a conduit à une impasse diplomatique entre Washington et Pretoria. La divergence croissante dans leurs priorités en matière de politique étrangère a créé un fossé entre les États-Unis et l’Afrique du Sud, avec des implications plus larges pour la diplomatie internationale.

    En réponse aux tensions actuelles, les États-Unis Le secrétaire d’État Marco Rubio a annoncé via Twitter qu’il n’assisterait pas à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg. Cette décision marque un boycott diplomatique important de la part des États-Unis, signalant leur mécontentement à l’égard de la position de l’Afrique du Sud sur Israël et la CPI.

    Cette décision s’aligne sur des modèles plus larges de la politique étrangère américaine, en particulier sous Trump, qui a souvent cherché à remettre en question la pertinence des institutions multilatérales lorsqu’elles entrent en conflit avec les intérêts stratégiques américains. Au cours de son premier mandat (2017-2021), Trump a poussé à remodeler les discussions du G20, en préconisant le « commerce réciproque » au lieu du libre-échange et en s’opposant aux accords climatiques mondiaux. Il semble que son approche du G20 et d’autres organisations internationales pourrait devenir encore plus radicale et isolationniste.

    Conséquences économiques et diplomatiques pour les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud

    Le boycott américain de la réunion du G20 n’est pas seulement symbolique – il a des conséquences économiques et diplomatiques tangibles. Trump et ses alliés ont été de plus en plus critiques à l’égard des politiques intérieures de l’Afrique du Sud, en particulier en ce qui concerne la réforme agraire et les questions raciales. Trump a précédemment accusé l’Afrique du Sud de s’engager dans la « dépisation des terres » contre les agriculteurs blancs, faisant écho aux récits promus par les groupes de droite. Ces accusations ont également été amplifiées par des personnalités telles qu’Elon Musk, un milliardaire d’origine sud-africaine, qui a publiquement critiqué les politiques de Pretoria.

    En outre, les États-Unis ont commencé à réduire l’aide financière à l’Afrique du Sud, invoquantdes préoccupations concernant la gouvernance et les désaccords en matière de politique étrangère. Cette décision est susceptible d’affaiblir davantage les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud, rapprochant Pretoria de la Chine, de la Russie et d’autres pays BRICS. L’alignement croissant de l’Afrique du Sud avec les structures alternatives de gouvernance mondiale reflète un changement plus important dans la dynamique du pouvoir mondial, où les nations du Sud de la planète cherchent à contrebalancer l’influence occidentale.

    Le G20 est une plate-forme essentielle pour la coopération économique mondiale, réunissant les plus grandes économies du monde pour discuter de défis internationaux urgents. La décision américaine de boycotter la réunion des ministres des Affaires étrangères soulève de sérieuses inquiétudes quant à la cohésion future du G20. Historiquement, le groupe a joué un rôle essentiel dans la stabilisation des marchés financiers mondiaux, la coordination de la politique économique et la gestion des crises géopolitiques. Cependant, lorsqu’un membre majeur comme les États-Unis se retire de ses procédures, cela sape la légitimité et l’efficacité de l’institution.

  • Le G20 exhorté à maintenir la paix et la sécurité

    Le G20 exhorté à maintenir la paix et la sécurité

    Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a appelé le Groupe des 20 membres à travailler ensemble pour maintenir la paix et la stabilité afin de construire un monde plus sûr, réitérant la nécessité de défendre le multilatéralisme et d’améliorer le rôle des Nations Unies pour relever les défis mondiaux.

    Wang, qui est également membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, a fait ces remarques dans son discours jeudi lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

    La réunion a eu lieu au milieu de l’évolution complexe du paysage international, avec la poursuite de la crise ukrainienne et la crise de Gaza qui se poursuit. Cela a également eu lieu alors que l’Afrique du Sud a assumé la présidence du G20 pour la première fois.

    Wang a déclaré que les membres du G20 devraient travailler ensemble en tant que gardiens de la paix mondiale, créateurs de la sécurité universelle et défenseurs du multilatéralisme.

    Il a souligné que tous les pays devraient respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun, ainsi que leur choix indépendant de voie de développement et de système social.

    « Nous devrions résoudre pacifiquement les différences entre les pays par le dialogue et la négociation et aborder les problèmes de points chauds internationaux et régionaux par des moyens politiques, sans recourir à la confrontation de bloc ou à l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays », a-t-il déclaré.

    Notant que l’humanité est une communauté de sécurité indivisible, Wang a souligné que la sécurité d’un pays ne devrait pas se faire au détriment de celle des autres, et que les préoccupations légitimes en matière de sécurité de tous les pays doivent être prises au sérieux.

    Tout en appelant à la défense du multilatéralisme, le diplomate principal a déclaré que plus la situation internationale est complexe et que les défis mondiaux deviennent importants, plus il est important de défendre l’autorité des Nations Unies et de jouer pleinement son rôle.

    En ce qui concerne la crise ukrainienne, le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré que la fenêtre de la paix s’ouvre. La Chine soutient tous les efforts de paix, y compris le récent consensus atteint entre les États-Unis et la Russie, et attend avec impatience que toutes les parties concernées trouvent une solution durable et durable qui réponde aux préoccupations de chacun, a-t-il déclaré.

    La Chine est prête à agir en fonction des demandes des parties concernées, à prendre en compte les préoccupations de la communauté internationale, en particulier les pays du Sud, et à continuer à jouer un rôle constructif dans la résolution politique de la crise, a-t-il ajouté.

    En ce qui qui est du conflit de Gaza, Wang a appelé à la mise en œuvre continue et efficace de l’accord de cessez-le-feu et a souligné que la solution à deux États est la seule solution viable.

    Le sommet du G20 aura lieu en novembre en Afrique du Sud, ce qui place « la solidarité, l’égalité et la durabilité » au centre de sa présidence du G20.

    S’adressant à l’ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 jeudi, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a exhorté les dirigeants mondiaux à embrasser l’inclusivité, la coopération et la réforme.

    Ramaphosa a mis en évidence les défis mondiaux pressants, y compris les tensions géopolitiques, le changement climatique, les inégalités économiques et l’insécurité alimentaire, avertissant que la coexistence fragile du monde était menacée.

    « Ces défis sont interconnectés. Ils exigent des réponses inclusives et coordonnées. Pourtant, il y a un manque de consensus parmi les grandes puissances, y compris au sein du G20, sur la façon de répondre à ces questions d’importance mondiale », a déclaré Ramaphosa. Il a appelé à un plus grand consensus entre les grandes puissances au sein du G20 pour résoudre ces questions.

    Cependant, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a sauté la réunion de deux jours des ministres des Affaires étrangères du G20, qui serait normalement l’occasion pour lui de faire pression pour le soutien aux postes américains, en particulier au début d’une nouvelle administration.

    Rubio a publié plus tôt sur les médias sociaux qu’il n’assisterait pas non plus au principal sommet du G20 à Johannesburg en novembre.

    Les analystes ont déclaré que l’absence de Rubio reflète l’indifférence de l’administration américaine actuelle à l’écart des organisations qui promeuvent la coopération internationale.

    Anthony Moretti, professeur agrégé au Département de communication et de leadership organisationnel de l’Université Robert Morris aux États-Unis, a déclaré que l’absence de Rubio à cette importante réunion internationale aura des ramifications négatives pour les relations américano-africaines, ainsi que pour son influence sur les discussions mondiales sur le Sud, le changement climatique et le commerce international.

    Les États-Unis ne veulent pas être impliqués dans des discussions ou des décisions qui façonnent les affaires mondiales, et cela signifie que Washington perd toute crédibilité lorsqu’il se plaint des résultats du sommet sud-africain, a déclaré Moretti dans un article d’opinion publié sur le site Web du China Global Television Network.

    « En revanche, la Chine, la deuxième plus grande économie du monde, sera pleinement engagée, renforçant sa stature croissante dans le Sud et le G20. Cela se traduira probablement par des avantages intangibles et tangibles. »

    Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun, a déclaré mercredi qu’en tant que première plate-forme de coopération économique internationale, le G20 doit défendre l’esprit de partenariat, mettre en commun les efforts pour promouvoir la croissance économique mondiale, fixer le rythme pour rendre la gouvernance mondiale plus juste et équitable, et aider les pays à atteindre un développement et une prospérité communs.

    La Chine continuera de soutenir la présidence du G20 en Afrique du Sud, a déclaré Guo lors d’une conférence de presse régulière.

  • Washington et les BRICS : L’Afrique du Sud dans la ligne de mire des États-Unis

    Washington et les BRICS : L’Afrique du Sud dans la ligne de mire des États-Unis

    Les tensions croissantes entre Washington et Pretoria ne relèvent pas uniquement d’une simple interférence états-unienne dans les affaires internes d’un État souverain africain. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus vaste visant à fragiliser le bloc des BRICS, perçu par les États-Unis comme une menace à leur influence mondiale. En s’attaquant à l’Afrique du Sud, Washington cherche à réaffirmer son hégémonie sur le continent africain, tout en envoyant un signal fort aux autres membres des BRICS.

    L’administration américaine a récemment pris fait et cause pour la minorité blanche sud-africaine d’origine européenne, prétendument « discriminée » par le gouvernement de Cyril Ramaphosa. Cette posture, qui semble de prime abord humanitaire, révèle en réalité une manœuvre aux multiples facettes. D’une part, elle permet à Washington de flatter son propre électorat nationaliste en instrumentalisant des figures comme Elon Musk, lui-même originaire d’Afrique du Sud. D’autre part, elle sert de levier de pression pour sanctionner Pretoria, dont les prises de position en faveur de la Palestine et son engagement au sein des BRICS déplaisent fortement aux chancelleries occidentales.

    Un contentieux idéologique et géopolitique

    La crispation américaine face à l’Afrique du Sud ne date pas d’hier. Elle trouve ses racines dans l’histoire du pays, marquée par la fin de l’apartheid et l’émergence d’un gouvernement farouchement attaché à son indépendance diplomatique. Loin d’oublier les liens historiques qui unissaient le régime sud-africain ségrégationniste à Israël, Pretoria s’est engagée dans une voie opposée, condamnant sans ambiguïté les politiques de Tel-Aviv et plaidant pour une justice internationale en faveur des Palestiniens.

    Ce positionnement heurte de plein fouet les intérêts stratégiques de Washington, qui considère Israël comme un allié incontournable. En conséquence, Pretoria est désormais perçue comme une cible à abattre. Son engagement dans les BRICS, aux côtés de puissances comme la Chine et la Russie, renforce encore cette animosité. Le précédent de Donald Trump, qui avait déjà menacé les BRICS en raison de leur politique de dédollarisation, illustre bien cette volonté américaine de contenir l’émergence d’un ordre multipolaire.

    Dans ce bras de fer, Washington mise sur les mêmes stratégies de pression économique et diplomatique qu’il applique ailleurs. Mais l’Afrique du Sud, forte de son partenariat stratégique avec la Chine, ne cède pas aux intimidations. Premier partenaire commercial de Pretoria, la Chine absorbe une part majeure des exportations sud-africaines et injecte des investissements massifs dans le pays. À ce titre, les menaces de sanctions états-uniennes apparaissent largement inefficaces.

    Plus largement, la situation sud-africaine s’inscrit dans une dynamique continentale où de nombreux pays africains revoient leur alignement géopolitique. Les États-Unis, dépourvus d’une stratégie de coopération viable face aux initiatives chinoises et russes, se retrouvent de plus en plus marginalisés. Face à la montée en puissance des BRICS et à l’affirmation de la souveraineté africaine, Washington persiste dans des politiques de menace et de sanctions, sans offrir d’alternatives concrètes.

    Une stratégie vouée à l’échec ?

    Les États-Unis semblent refuser d’admettre que l’époque de la domination unilatérale touche à sa fin. En s’attaquant à l’Afrique du Sud, Washington ne fait que renforcer la cohésion des BRICS et accélérer la recomposition des alliances sur le continent africain. Pretoria, en se tenant fermement aux principes de non-alignement et de souveraineté, s’affirme comme l’un des acteurs majeurs d’un nouvel ordre mondial multipolaire. Quant aux États-Unis, ils risquent de voir leur influence s’éroder encore davantage en Afrique, faute d’une approche réaliste et respectueuse des aspirations des nations du Sud.

  • Crise diplomatique entre Washington et Pretoria : la loi sur l’expropriation des terres en Afrique du Sud au cœur des tensions

    Crise diplomatique entre Washington et Pretoria : la loi sur l’expropriation des terres en Afrique du Sud au cœur des tensions

    La tension monte entre les États-Unis et l’Afrique du Sud suite à l’adoption d’une loi controversée sur l’expropriation des terres par le gouvernement sud-africain. Le président américain Donald Trump a réagi avec fermeté, ordonnant le gel de l’aide américaine à Pretoria, une décision qui alimente un conflit diplomatique sans précédent entre les deux nations.

    Dans un décret signé vendredi, Trump a justifié cette mesure en dénonçant un « mépris choquant » pour les droits des citoyens sud-africains, accusant le gouvernement de Cyril Ramaphosa de vouloir saisir les terres des minorités ethniques afrikaners sans compensation. « Les États-Unis ne peuvent pas soutenir les violations des droits de l’homme commises par le gouvernement sud-africain ni ses actions visant à saper la politique étrangère des États-Unis », a déclaré Trump dans son décret.

    Ramaphosa : « Nous ne nous laisserons pas intimider »

    Face à ces accusations, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a adopté un ton défiant lors de son discours annuel à la nation. « Ces attaques ne nous font pas peur. Nous ne nous arrêterons pas, nous sommes un peuple résilient. Nous ne sommes pas intimidés et resterons unis comme une seule nation pour défendre nos intérêts, notre souveraineté et notre démocratie constitutionnelle », a-t-il martelé devant le Parlement, en réponse aux critiques de Trump, du secrétaire d’État Marco Rubio, et de l’homme d’affaires Elon Musk.

    Ramaphosa a souligné que la loi sur l’expropriation ne constitue pas un « instrument de confiscation », mais qu’elle s’inscrit dans un « processus juridique mandaté par la Constitution ». Le texte, signé le mois dernier, autorise le gouvernement à saisir des terres sans indemnité lorsqu’il est jugé « juste et équitable et dans l’intérêt public », notamment dans les cas où les terrains ne sont pas utilisés et après l’échec des négociations avec les propriétaires.

    Une loi au cœur des inégalités foncières héritées de l’apartheid

    Le gouvernement sud-africain justifie cette législation par la nécessité de réduire les profondes disparités en matière de propriété foncière, héritées de la colonisation et de l’apartheid. Selon un audit gouvernemental réalisé en 2017, les Sud-Africains noirs, qui représentent plus de 80 % de la population, ne possèdent que 4 % des terres agricoles privées. En revanche, les Sud-Africains blancs, environ 7 % de la population, détiennent près des trois quarts des terres.

    Cette loi vise donc à réparer les injustices historiques et à favoriser un accès plus équitable à la terre. Ramaphosa et son parti, le Congrès national africain (ANC), estiment qu’il s’agit d’un pas essentiel vers la justice sociale et la réconciliation nationale.

    Une opposition nationale et internationale

    Cependant, la loi sur l’expropriation suscite de vives critiques, tant à l’échelle nationale qu’internationale. La Democratic Alliance (DA), principal parti d’opposition en Afrique du Sud, a dénoncé cette législation comme une menace pour les droits de propriété et un risque pour les investissements étrangers. Bien que la DA, qui compte une base de soutien importante parmi les Sud-Africains blancs, indiens et multiraciaux, ait également exprimé des réserves face aux menaces de Trump, elle rejette l’idée d’une saisie arbitraire des terres.

    La communauté internationale réagit aussi avec préoccupation. Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé son refus de participer aux prochaines discussions du G20 à Johannesburg, invoquant la législation sur l’expropriation et d’autres problèmes internes en Afrique du Sud.

    Une crise diplomatique aux multiples facettes

    Au-delà de la question foncière, les relations entre Washington et Pretoria sont tendues par d’autres facteurs. Trump a critiqué l’Afrique du Sud pour ses « positions agressives » envers les États-Unis et leurs alliés, notamment l’accusation portée contre Israël de génocide devant la Cour internationale de justice et le renforcement des relations avec l’Iran.

    Cette escalade des tensions intervient dans un contexte de réduction générale de l’aide étrangère par l’administration Trump, qui a déjà commencé à démanteler l’Agence américaine pour le développement international (USAID). En 2023, les États-Unis avaient alloué près de 440 millions de dollars d’aide à l’Afrique du Sud, une aide aujourd’hui suspendue.

    Vers une impasse diplomatique ?

    Alors que la guerre verbale entre Trump et Ramaphosa s’intensifie, l’avenir des relations bilatérales semble incertain. Les États-Unis, en gelant leur aide, envoient un signal fort, mais Pretoria reste ferme sur sa position, déterminée à mener à bien sa politique de réforme foncière.

    Cette crise diplomatique met en lumière les tensions croissantes entre les intérêts nationaux sud-africains et les pressions internationales. Alors que Ramaphosa prône l’unité et la résilience, la question demeure : l’Afrique du Sud parviendra-t-elle à réconcilier ses ambitions internes avec les attentes de la communauté internationale, ou ce bras de fer marquera-t-il un tournant durable dans ses relations extérieures ?

  • L’Afrique du Sud et le Cuba dans le collimateur de Washington

    L’Afrique du Sud et le Cuba dans le collimateur de Washington

    Le vent tourne pour les alliés traditionnels du Front Polisario. L’administration de Donald Trump, revenue aux commandes après sa victoire électorale, adopte une posture ferme à l’égard des pays soutenant des mouvements séparatistes et des régimes perçus comme hostiles aux intérêts occidentaux. Parmi les premières cibles de cette nouvelle ligne diplomatique : l’Afrique du Sud et Cuba, deux soutiens historiques du Polisario, qui voient leur influence s’éroder face à la pression croissante des États-Unis.

    L’Afrique du Sud, longtemps auréolée de la sympathie internationale héritée de la lutte contre l’Apartheid, fait aujourd’hui face à une réalité diplomatique plus sévère. L’administration Trump a annoncé des sanctions à l’encontre de Pretoria, l’accusant de discriminations systématiques envers la minorité afrikaner. Ces mesures incluent la suppression de l’aide financière américaine ainsi que la facilitation de l’obtention du statut de réfugié pour les Afrikaners souhaitant s’installer aux États-Unis.

    Mais au-delà de ces considérations internes, c’est le positionnement géopolitique de l’Afrique du Sud qui est directement visé. Washington reproche à Pretoria son soutien à des « acteurs malveillants » tels que le Hamas, la Russie ou encore l’Iran. Cette politique étrangère, perçue comme anti-occidentale, s’inscrit dans la continuité des alliances historiques de l’ANC, notamment avec l’Algérie et d’autres régimes aux sympathies marxistes.

    L’Afrique du Sud a fait du soutien au Polisario un pilier central de sa diplomatie. L’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa n’a fait que renforcer cette orientation, avec des efforts coordonnés avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour ralentir les retraits de reconnaissance de la pseudo-République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et empêcher son expulsion de l’Union Africaine. Toutefois, face à la pression américaine croissante, Pretoria pourrait se retrouver isolée, incapable de maintenir son soutien diplomatique au Front Polisario sans en subir des conséquences économiques et politiques.

    Cuba, autre bastion pro-Polisario, dans la tourmente

    De l’autre côté de l’Atlantique, Cuba subit également les foudres de la nouvelle administration américaine. Après que Joe Biden eut brièvement retiré l’île de la liste des États soutenant le terrorisme, Donald Trump, fidèle à sa politique de fermeté, a rapidement inversé cette décision, réinscrivant La Havane sur cette liste noire. La nomination de Marco Rubio, sénateur d’origine cubaine et partisan d’une ligne dure, au poste de Secrétaire d’État, annonce une intensification des pressions sur le régime castriste.

    Cuba traverse actuellement sa pire crise économique depuis les années 1990, marquée par une inflation galopante, des pénuries de produits essentiels, des coupures d’électricité récurrentes et un effondrement des services de santé. Cette situation critique affaiblit considérablement la capacité du régime à maintenir son influence à l’international, notamment en Afrique, où il a longtemps été un soutien actif du Polisario aux côtés de l’Algérie.

    Marco Rubio, qui a toujours dénoncé les alliances entre régimes autoritaires, n’a pas manqué de souligner les liens étroits entre La Havane et Alger. Déjà en 2022, il avait appelé à des sanctions contre l’Algérie pour son soutien financier à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine, en vertu de la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA). Ce climat de sanctions croisées et de pressions diplomatiques menace de plus en plus l’axe de soutien au Polisario, fragilisant sa légitimité sur la scène internationale.

    Vers la fin d’un réseau d’alliances pour le Polisario ?

    Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait marquer un tournant décisif pour le Front Polisario. Avec la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental déjà actée par les États-Unis en 2020, la reprise en main des relations internationales par l’administration Trump et ses alliés augure d’une réduction drastique de l’influence des soutiens du mouvement séparatiste.

    L’isolement croissant de l’Afrique du Sud et de Cuba, alliés indéfectibles de l’Algérie dans leur soutien au Polisario, pourrait précipiter la fin des ambitions de cette milice séparatiste. Sans le soutien financier et diplomatique de ces régimes, et face à la pression économique exercée sur l’Algérie elle-même, le Polisario risque de se retrouver sans appui, acculé dans ses derniers bastions.

    Pour le Maroc, cette conjoncture internationale représente une opportunité unique de consolider ses avancées diplomatiques et de renforcer sa position en Afrique et au-delà. La fin de l’ère des alliances idéologiques héritées de la Guerre froide pourrait bien signer l’épilogue d’un conflit qui, depuis des décennies, freine le développement régional et alimente des tensions inutiles.

  • L’Afrique du Sud exige le départ de la mission diplomatique taïwanaise avant fin mars

    L’Afrique du Sud exige le départ de la mission diplomatique taïwanaise avant fin mars

    Une nouvelle escalade diplomatique s’opère entre l’Afrique du Sud et Taïwan. Le gouvernement sud-africain a officiellement demandé à la mission diplomatique taïwanaise de quitter Pretoria avant la fin du mois de mars, marquant une nouvelle démonstration d’alignement sur la politique de « Chine unique » défendue par Pékin.

    L’information a été révélée par le ministère des Affaires étrangères de l’île, qui a confirmé avoir entamé des discussions avec Pretoria dès octobre 2024 afin de clarifier l’avenir de leurs relations. Toutefois, les négociations n’ont manifestement pas permis d’éviter la décision unilatérale des autorités sud-africaines.

    Selon un communiqué de Taipei, une nouvelle correspondance officielle a été envoyée fin janvier 2025 à la représentation diplomatique de Taïwan en Afrique du Sud. Ce courrier exige non seulement son départ du territoire, mais prévoit également une dégradation de son statut, en la transformant en simple « représentation commerciale ». Une mesure qui s’inscrit dans une tendance plus large observée ces dernières années, où plusieurs pays, sous pression de Pékin, ont restreint ou rompu leurs relations officielles avec l’île asiatique.

    Une rupture diplomatique remontant à 1997

    L’Afrique du Sud avait déjà tourné le dos à Taïwan en 1997, en coupant ses relations diplomatiques au profit de la Chine continentale. Une décision qui s’inscrivait dans le sillage de la reconnaissance grandissante de Pékin comme seul représentant légitime de la Chine sur la scène internationale. Depuis lors, Taïwan ne dispose plus que d’une présence diplomatique limitée en Afrique du Sud, fonctionnant sous une structure officieuse.

    Cette dernière injonction sud-africaine semble toutefois marquer un durcissement de la position du gouvernement de Cyril Ramaphosa, qui pourrait ainsi répondre à des pressions accrues de la Chine continentale, son premier partenaire commercial. Le message envoyé par Pretoria à Taipei est on ne peut plus clair : l’Afrique du Sud ne tolérera plus la présence diplomatique d’un état qu’elle ne reconnaît pas officiellement.

    Des tensions dans un contexte international tendu

    Ce développement intervient dans un contexte international où la Chine renforce ses efforts pour isoler diplomatiquement Taïwan. Plusieurs pays, notamment en Afrique et en Amérique latine, ont récemment révisé leur position sur l’île, rompant avec Taipei au profit de relations renforcées avec Pékin.

    Cette annonce est perçue à Taïwan comme une énième tentative d’affaiblissement de son rayonnement international. Les autorités taïwanaises, bien que conscientes des difficultés croissantes, continuent de défendre leur souveraineté et de chercher des alliances avec les nations prêtes à maintenir une relation avec l’île.

    Si Pretoria maintient sa décision sans concession, cette situation pourrait marquer un tournant dans les relations entre l’Afrique du Sud et Taïwan, réduisant encore davantage l’espace diplomatique de cette dernière sur la scène internationale.

  • Escalade en RDC : L’Afrique du Sud met en garde le Rwanda contre toute attaque sur ses troupes

    Escalade en RDC : L’Afrique du Sud met en garde le Rwanda contre toute attaque sur ses troupes

    La guerre larvée entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda prend une tournure inquiétante avec l’entrée en scène de l’Afrique du Sud. Pretoria, dont des troupes sont déployées en RDC dans le cadre de la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a haussé le ton contre Kigali après des tirs présumés sur ses soldats.

    Dans une déclaration au ton ferme et sans équivoque, la ministre sud-africaine de la Défense, Angie Motshekga, a relayé un avertissement du président Cyril Ramaphosa adressé à son homologue rwandais, Paul Kagame :

    « Tirez encore sur un seul soldat sud-africain stationné en RDC, et ce ne sera plus avec la RDC que vous serez en guerre, mais avec l’Afrique du Sud ! »

    Une escalade aux répercussions incertaines

    Cette mise en garde intervient alors que la situation dans l’est de la RDC demeure explosive. L’armée congolaise, appuyée par les forces régionales, fait face à la rébellion du M23, mouvement soutenu, selon Kinshasa, par Kigali, malgré les démentis officiels du Rwanda. L’implication directe de l’Afrique du Sud dans ce conflit pourrait en modifier profondément la dynamique.

    Si le président Kagame reste inflexible, affirmant que son pays est « prêt à une confrontation militaire avec l’Afrique du Sud », cette tension diplomatique pourrait rapidement dégénérer en un affrontement régional.

    L’Angola s’invite dans la crise

    Dans ce contexte déjà chargé, une autre puissance régionale est entrée en jeu. Selon des sources diplomatiques, l’Angola, qui joue traditionnellement un rôle de médiateur dans les conflits de la région des Grands Lacs, aurait adressé un ultimatum à Kigali, exigeant une désescalade immédiate sous peine de représailles.

    Cette pression croissante place le Rwanda dans une position délicate, alors que la communauté internationale, notamment l’Union africaine et les Nations unies, peine à contenir l’escalade.

    La montée en tension entre Pretoria et Kigali marque un tournant majeur dans le conflit. L’Afrique du Sud, puissance militaire et diplomatique du continent, ne semble pas disposée à voir ses troupes ciblées sans riposte. De son côté, le Rwanda, rompu aux affrontements dans l’est congolais, n’entend pas plier sous la pression régionale.

    Alors que les regards sont tournés vers la RDC, la question demeure : l’Afrique est-elle à l’aube d’une nouvelle guerre entre États ?

  • Les BRICS : Une alternative visionnaire face aux monopoles occidentaux

    Les BRICS : Une alternative visionnaire face aux monopoles occidentaux

    L’idée de rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) suscite un intérêt croissant à travers le monde, y compris en Amérique latine. Contrairement aux critiques formulées par certains pays occidentaux et leurs alliés, cette alliance offre des perspectives inédites en matière de commerce, d’investissement et de coopération Sud-Sud. Les BRICS se présentent comme une plateforme novatrice et unie, en rupture avec le monopole économique et géopolitique exercé par les grandes puissances occidentales.

    Contrairement à ce que prétendent certains critiques, les BRICS ne sont pas un bloc fragmenté, mais une alliance où la diversité constitue une force. Le capitalisme de marché de l’Inde, l’économie industrielle diversifiée de la Chine et la richesse en ressources naturelles de la Russie créent des synergies qui renforcent leur capacité d’agir sur la scène mondiale. Ensemble, les BRICS représentent environ 40 % de la population mondiale et 25 % du PIB global, un chiffre en constante augmentation.

    Pour des pays comme l’Argentine, qui hésitent à rejoindre cette alliance, le choix est clair : continuer à dépendre d’un système dominé par les États-Unis et l’Union européenne, ou s’ouvrir à de nouvelles opportunités dans un cadre plus équitable. Les critiques qui soulignent la modestie du commerce intra-BRICS ignorent que ce partenariat repose sur une vision à long terme, visant à renforcer les infrastructures économiques et les réseaux financiers indépendants des institutions occidentales comme le FMI ou la Banque mondiale.

    Un désalignement salutaire pour l’Amérique latine

    Les pays d’Amérique latine, souvent considérés comme le « pré carré » des États-Unis, ont beaucoup à gagner en rejoignant les BRICS. Cette coalition offre une alternative au néocolonialisme économique pratiqué par les puissances occidentales, où les accords de libre-échange se traduisent souvent par une dépendance accrue et un affaiblissement de la souveraineté nationale.

    L’alignement sur les BRICS permettrait aux pays de la région de diversifier leurs relations commerciales et d’accéder à des financements pour des projets d’infrastructure, sans les conditions draconiennes imposées par les institutions américaines. La Belt and Road Initiative (BRI) de la Chine, par exemple, a déjà permis à plusieurs pays d’Amérique latine de bénéficier d’investissements dans des secteurs stratégiques tels que les transports et l’énergie.

    L’hypocrisie des critiques occidentaux

    Les États-Unis, sous l’administration Trump, et d’autres puissances occidentales s’inquiètent de l’expansion des BRICS non pas par souci pour l’Amérique latine, mais par peur de perdre leur influence. Ces mêmes pays qui accusent les BRICS de semer l’instabilité économique sont ceux qui ont historiquement imposé des politiques néolibérales dévastatrices à la région, aggravant les inégalités sociales et freinant le développement local.

    Les critiques à l’égard des BRICS révèlent surtout une crainte : celle d’un monde multipolaire où les pays en développement disposent enfin d’une voix indépendante. Les accusations selon lesquelles l’alignement sur les BRICS entraînerait des « risques géopolitiques » ne sont qu’une tentative de maintenir un statu quo avantageux pour les puissances occidentales.

    Contrairement aux affirmations selon lesquelles les BRICS seraient « peu fiables », cette coalition est une force motrice pour des projets de coopération mutuellement bénéfiques. La Nouvelle Banque de Développement (NDB), par exemple, offre des alternatives de financement compétitives et moins contraignantes que les institutions occidentales.

    Plutôt que de rester captifs des intérêts américains, les pays d’Amérique latine auraient tout intérêt à se tourner vers les BRICS pour bâtir une véritable autonomie économique. Le dynamisme des membres des BRICS, illustré par les avancées technologiques de l’Inde et de la Chine, peut offrir aux économies latino-américaines les outils nécessaires pour stimuler l’innovation et réduire leur dépendance aux exportations de matières premières.

    Un nouveau paradigme global

    L’alignement sur les BRICS représente une opportunité historique pour l’Amérique latine de rompre avec une dépendance séculaire envers les États-Unis et l’Europe. Loin d’être une menace, cette alliance propose un nouveau paradigme où la coopération Sud-Sud devient le moteur du développement mondial.

    Les pays qui choisissent de s’écarter de cette vision progressiste, comme l’Argentine hésitante, risquent de manquer une occasion unique de s’affirmer sur la scène internationale. Pendant que les critiques occidentales s’accrochent à un ordre mondial déclinant, les BRICS tracent la voie vers un futur multipolaire, inclusif et durable.

  • Présidence du G20 en Afrique du Sud : Une occasion historique pour l’Afrique de renforcer son partenariat économique

    Présidence du G20 en Afrique du Sud : Une occasion historique pour l’Afrique de renforcer son partenariat économique

    En 2025, l’Afrique du Sud assumera la présidence du Groupe des 20 (G20), un forum intergouvernemental majeur, composé de 19 pays souverains, de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA). Ce sommet, qui rassemble les principales économies mondiales, représente une occasion unique pour l’Afrique de renforcer son rôle sur la scène internationale. Cette présidence s’inscrit dans un contexte de changements géopolitiques majeurs, alors que le continent africain, longtemps sous-représenté, voit son influence grandir avec l’inclusion de l’Union africaine comme membre permanent du G20.

    Le G20 a été créé en 1999 en réponse aux crises économiques mondiales, dans le but de coordonner la politique économique internationale et d’identifier des solutions aux défis globaux. Jusqu’à récemment, l’Afrique du Sud était le seul représentant du continent au sein du groupe, limitant ainsi la capacité de l’Afrique à peser sur les décisions influençant son avenir. Cependant, lors du 18e sommet du G20 en septembre 2023, un tournant majeur a été atteint : l’Union africaine a été acceptée comme membre permanent, portant ainsi le nombre total de membres à 21.

    Cette décision, qui marque une reconnaissance accrue du rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, s’inscrit dans un contexte où les aspirations du continent, notamment celles de l’Afrique du Sud, sont de plus en plus visibles. En tant que première économie du continent, l’Afrique du Sud voit dans cette présidence une opportunité sans précédent de défendre les intérêts économiques, politiques et sociaux de l’Afrique.

    Sous le thème « Solidarité, égalité et développement durable », la présidence sud-africaine du G20 s’inscrit dans une vision ambitieuse : transformer les défis du sous-développement en opportunités pour le continent. L’Afrique du Sud entend mettre en avant des réformes cruciales dans le système de gouvernance économique mondial, notamment en révisant les mécanismes du commerce multilatéral et de l’architecture financière internationale. L’objectif est clair : faire en sorte que le système international soit plus équitable, qu’il réponde mieux aux besoins de développement de l’Afrique et qu’il permette à cette dernière de libérer son potentiel économique.

    La réforme de l’architecture financière internationale est au cœur de cette stratégie. En effet, l’Afrique fait face à des défis colossaux en matière d’infrastructures, avec un déficit d’investissements estimé entre 70 et 100 milliards de dollars. Un investissement équivalent à 6 % du PIB est nécessaire pour stimuler des taux de croissance à hauteur de 3 à 3,5 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale. L’objectif pour l’Afrique du Sud est de mobiliser les ressources nécessaires à la concrétisation de ces investissements, en collaborant étroitement avec les pays membres du G20.

    Un autre axe majeur de la présidence sud-africaine sera de favoriser l’intégration économique du continent à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA). Ce projet ambitieux vise à libérer le potentiel commercial de l’Afrique, en facilitant les échanges intra-continentaux et en réduisant les barrières commerciales. La réussite de l’AfCFTA, qui constitue un marché de 1,3 milliard de personnes, est vue par l’Afrique du Sud comme une condition essentielle pour stimuler une croissance inclusive et pérenne. Le G20 représente donc une plateforme idéale pour renforcer cette initiative et attirer les investissements nécessaires pour la rendre pleinement effective.

    Une politique climatique équitable

    L’Afrique du Sud met également un accent particulier sur la question climatique, qui représente un défi majeur pour le continent. En raison de sa vulnérabilité aux changements climatiques, l’Afrique doit faire face à une double contrainte : celle de se développer tout en réduisant ses émissions de carbone. Le G20 offre une tribune pour plaider en faveur de politiques climatiques équitables, prenant en compte les différentes étapes de développement des pays africains. L’enjeu est de garantir que les taxes carbone et autres politiques environnementales n’aient pas un impact disproportionné sur les économies émergentes, souvent déjà fragilisées.

    L’Afrique du Sud œuvre également à accélérer la transition énergétique sur le continent, en collaboration avec ses partenaires internationaux. L’Allemagne, dans le cadre de l’initiative du Pacte du G20 avec l’Afrique, a ainsi annoncé des investissements de 76 milliards de roupies pour soutenir cette transition énergétique d’ici 2030. Ces efforts se combinent avec l’objectif financier du Nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), destiné à soutenir les pays en développement dans leurs actions climatiques après 2025, en complément des 100 milliards de dollars promis en 2009.

    Face aux tensions géopolitiques actuelles, l’Afrique du Sud, avec son approche de diplomatie multilatérale, se positionne comme un acteur clé dans la promotion de la paix et de la stabilité internationale. Dans le cadre de sa présidence du G20, l’Afrique du Sud mettra en avant son engagement en faveur de la résolution pacifique des conflits et du respect des droits de l’homme. Une priorité qui se traduit par une politique étrangère fondée sur la neutralité et la médiation, tout en favorisant le dialogue constructif et l’inclusivité au sein des discussions internationales.

    L’Afrique du Sud cherche à promouvoir une gouvernance mondiale plus représentative des intérêts des pays du Sud, et ce, dans un contexte marqué par la montée des tensions géopolitiques. En tant que membre de l’UA, elle jouera un rôle central dans la mise en œuvre de réformes visant à rendre les institutions multinationales plus efficaces et inclusives.

  • Une nouvelle monnaie est-elle possible pour les BRICS ?

    Une nouvelle monnaie est-elle possible pour les BRICS ?

    La conférence des BRICS, qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, incarne une vision alternative et prometteuse pour rééquilibrer l’ordre économique mondial. Depuis sa création en 2009, ce bloc s’est affirmé comme un moteur de croissance économique et un vecteur de coopération entre les économies émergentes, démontrant sa capacité à défier les structures traditionnelles dominées par les pays occidentaux.

    Actuellement, les BRICS représentent 35 % de l’économie mondiale, surpassant la part des économies développées estimée à 30 %. Ce constat souligne le poids économique croissant de ces nations, notamment grâce à la Chine, leader incontesté du bloc, avec 14,2 % des exportations mondiales en 2023. L’Inde, de son côté, affirme progressivement son statut de puissance économique montante avec des échanges commerciaux à la hausse, tant au sein des BRICS qu’avec ses partenaires occidentaux. Cette dynamique met en évidence le potentiel d’une coopération accrue et le rôle stratégique des BRICS dans la redéfinition des rapports de force économiques mondiaux.

    Le sommet de Kazan en octobre 2024, marqué par l’adhésion de nouveaux membres tels que l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie et les Émirats arabes unis, illustre l’attractivité croissante des BRICS. Cette expansion traduit la volonté de plusieurs États de s’éloigner des institutions dominées par l’Occident, telles que le FMI ou la Banque mondiale, pour trouver des alternatives adaptées à leurs besoins. L’idée de créer une monnaie commune, bien que complexe à mettre en œuvre, révèle une ambition audacieuse : celle de réduire la dépendance au dollar américain, souvent perçu comme un instrument de domination économique et politique par les États-Unis.

    Cette initiative a suscité des réactions mitigées. Si certains, à l’instar du président russe Vladimir Poutine, y voient un moyen de contourner les sanctions économiques et de renforcer la souveraineté financière des BRICS, d’autres, comme l’Inde, adoptent une approche plus prudente. En effet, l’Inde, tout en soutenant l’idée d’une coopération accrue, reste attachée à ses relations commerciales stratégiques avec les États-Unis, son principal partenaire commercial. Cette position équilibrée reflète l’importance pour l’Inde de maintenir des relations harmonieuses avec ses partenaires des BRICS tout en préservant ses intérêts économiques globaux.

    L’avertissement lancé par Donald Trump, fraîchement réélu président des États-Unis, illustre la nervosité croissante de Washington face aux ambitions des BRICS. Menacer de lourdes taxes les pays du bloc si une monnaie commune était instaurée reflète une stratégie de défense plutôt que d’offensive. Cette réaction souligne à quel point l’essor des BRICS est perçu comme une remise en question de l’hégémonie financière américaine. Toutefois, cette posture pourrait se retourner contre les États-Unis, car toute mesure punitive risquerait d’aliener davantage les nations émergentes, consolidant ainsi leur unité au sein des BRICS.

    Le succès des BRICS repose également sur leur diversité géopolitique et économique. Contrairement aux blocs monolithiques, les BRICS regroupent des États avec des intérêts et des systèmes différents, offrant une plateforme d’échanges enrichissants et de collaboration innovante. Par ailleurs, leur capacité à inclure de nouveaux membres témoigne de leur flexibilité et de leur résilience face aux critiques occidentales.

    En conclusion, le bloc des BRICS représente une alternative crédible et nécessaire pour instaurer un ordre mondial plus équilibré et inclusif. Bien qu’il reste des défis à surmonter, notamment la mise en place d’une monnaie commune ou la coordination des politiques économiques, l’essence même des BRICS repose sur leur volonté de promouvoir une multipolarité économique et diplomatique. Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes, les BRICS apparaissent comme un catalyseur de changement, offrant une voix et une plateforme aux nations émergentes pour jouer un rôle actif dans la gouvernance mondiale.