Le vent tourne pour les alliés traditionnels du Front Polisario. L’administration de Donald Trump, revenue aux commandes après sa victoire électorale, adopte une posture ferme à l’égard des pays soutenant des mouvements séparatistes et des régimes perçus comme hostiles aux intérêts occidentaux. Parmi les premières cibles de cette nouvelle ligne diplomatique : l’Afrique du Sud et Cuba, deux soutiens historiques du Polisario, qui voient leur influence s’éroder face à la pression croissante des États-Unis.
L’Afrique du Sud, longtemps auréolée de la sympathie internationale héritée de la lutte contre l’Apartheid, fait aujourd’hui face à une réalité diplomatique plus sévère. L’administration Trump a annoncé des sanctions à l’encontre de Pretoria, l’accusant de discriminations systématiques envers la minorité afrikaner. Ces mesures incluent la suppression de l’aide financière américaine ainsi que la facilitation de l’obtention du statut de réfugié pour les Afrikaners souhaitant s’installer aux États-Unis.
Mais au-delà de ces considérations internes, c’est le positionnement géopolitique de l’Afrique du Sud qui est directement visé. Washington reproche à Pretoria son soutien à des « acteurs malveillants » tels que le Hamas, la Russie ou encore l’Iran. Cette politique étrangère, perçue comme anti-occidentale, s’inscrit dans la continuité des alliances historiques de l’ANC, notamment avec l’Algérie et d’autres régimes aux sympathies marxistes.
L’Afrique du Sud a fait du soutien au Polisario un pilier central de sa diplomatie. L’arrivée au pouvoir de Cyril Ramaphosa n’a fait que renforcer cette orientation, avec des efforts coordonnés avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour ralentir les retraits de reconnaissance de la pseudo-République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et empêcher son expulsion de l’Union Africaine. Toutefois, face à la pression américaine croissante, Pretoria pourrait se retrouver isolée, incapable de maintenir son soutien diplomatique au Front Polisario sans en subir des conséquences économiques et politiques.
Cuba, autre bastion pro-Polisario, dans la tourmente
De l’autre côté de l’Atlantique, Cuba subit également les foudres de la nouvelle administration américaine. Après que Joe Biden eut brièvement retiré l’île de la liste des États soutenant le terrorisme, Donald Trump, fidèle à sa politique de fermeté, a rapidement inversé cette décision, réinscrivant La Havane sur cette liste noire. La nomination de Marco Rubio, sénateur d’origine cubaine et partisan d’une ligne dure, au poste de Secrétaire d’État, annonce une intensification des pressions sur le régime castriste.
Cuba traverse actuellement sa pire crise économique depuis les années 1990, marquée par une inflation galopante, des pénuries de produits essentiels, des coupures d’électricité récurrentes et un effondrement des services de santé. Cette situation critique affaiblit considérablement la capacité du régime à maintenir son influence à l’international, notamment en Afrique, où il a longtemps été un soutien actif du Polisario aux côtés de l’Algérie.
Marco Rubio, qui a toujours dénoncé les alliances entre régimes autoritaires, n’a pas manqué de souligner les liens étroits entre La Havane et Alger. Déjà en 2022, il avait appelé à des sanctions contre l’Algérie pour son soutien financier à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine, en vertu de la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA). Ce climat de sanctions croisées et de pressions diplomatiques menace de plus en plus l’axe de soutien au Polisario, fragilisant sa légitimité sur la scène internationale.
Vers la fin d’un réseau d’alliances pour le Polisario ?
Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pourrait marquer un tournant décisif pour le Front Polisario. Avec la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental déjà actée par les États-Unis en 2020, la reprise en main des relations internationales par l’administration Trump et ses alliés augure d’une réduction drastique de l’influence des soutiens du mouvement séparatiste.
L’isolement croissant de l’Afrique du Sud et de Cuba, alliés indéfectibles de l’Algérie dans leur soutien au Polisario, pourrait précipiter la fin des ambitions de cette milice séparatiste. Sans le soutien financier et diplomatique de ces régimes, et face à la pression économique exercée sur l’Algérie elle-même, le Polisario risque de se retrouver sans appui, acculé dans ses derniers bastions.
Pour le Maroc, cette conjoncture internationale représente une opportunité unique de consolider ses avancées diplomatiques et de renforcer sa position en Afrique et au-delà. La fin de l’ère des alliances idéologiques héritées de la Guerre froide pourrait bien signer l’épilogue d’un conflit qui, depuis des décennies, freine le développement régional et alimente des tensions inutiles.