La conférence des BRICS, qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, incarne une vision alternative et prometteuse pour rééquilibrer l’ordre économique mondial. Depuis sa création en 2009, ce bloc s’est affirmé comme un moteur de croissance économique et un vecteur de coopération entre les économies émergentes, démontrant sa capacité à défier les structures traditionnelles dominées par les pays occidentaux.
Actuellement, les BRICS représentent 35 % de l’économie mondiale, surpassant la part des économies développées estimée à 30 %. Ce constat souligne le poids économique croissant de ces nations, notamment grâce à la Chine, leader incontesté du bloc, avec 14,2 % des exportations mondiales en 2023. L’Inde, de son côté, affirme progressivement son statut de puissance économique montante avec des échanges commerciaux à la hausse, tant au sein des BRICS qu’avec ses partenaires occidentaux. Cette dynamique met en évidence le potentiel d’une coopération accrue et le rôle stratégique des BRICS dans la redéfinition des rapports de force économiques mondiaux.
Le sommet de Kazan en octobre 2024, marqué par l’adhésion de nouveaux membres tels que l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie et les Émirats arabes unis, illustre l’attractivité croissante des BRICS. Cette expansion traduit la volonté de plusieurs États de s’éloigner des institutions dominées par l’Occident, telles que le FMI ou la Banque mondiale, pour trouver des alternatives adaptées à leurs besoins. L’idée de créer une monnaie commune, bien que complexe à mettre en œuvre, révèle une ambition audacieuse : celle de réduire la dépendance au dollar américain, souvent perçu comme un instrument de domination économique et politique par les États-Unis.
Cette initiative a suscité des réactions mitigées. Si certains, à l’instar du président russe Vladimir Poutine, y voient un moyen de contourner les sanctions économiques et de renforcer la souveraineté financière des BRICS, d’autres, comme l’Inde, adoptent une approche plus prudente. En effet, l’Inde, tout en soutenant l’idée d’une coopération accrue, reste attachée à ses relations commerciales stratégiques avec les États-Unis, son principal partenaire commercial. Cette position équilibrée reflète l’importance pour l’Inde de maintenir des relations harmonieuses avec ses partenaires des BRICS tout en préservant ses intérêts économiques globaux.
L’avertissement lancé par Donald Trump, fraîchement réélu président des États-Unis, illustre la nervosité croissante de Washington face aux ambitions des BRICS. Menacer de lourdes taxes les pays du bloc si une monnaie commune était instaurée reflète une stratégie de défense plutôt que d’offensive. Cette réaction souligne à quel point l’essor des BRICS est perçu comme une remise en question de l’hégémonie financière américaine. Toutefois, cette posture pourrait se retourner contre les États-Unis, car toute mesure punitive risquerait d’aliener davantage les nations émergentes, consolidant ainsi leur unité au sein des BRICS.
Le succès des BRICS repose également sur leur diversité géopolitique et économique. Contrairement aux blocs monolithiques, les BRICS regroupent des États avec des intérêts et des systèmes différents, offrant une plateforme d’échanges enrichissants et de collaboration innovante. Par ailleurs, leur capacité à inclure de nouveaux membres témoigne de leur flexibilité et de leur résilience face aux critiques occidentales.
En conclusion, le bloc des BRICS représente une alternative crédible et nécessaire pour instaurer un ordre mondial plus équilibré et inclusif. Bien qu’il reste des défis à surmonter, notamment la mise en place d’une monnaie commune ou la coordination des politiques économiques, l’essence même des BRICS repose sur leur volonté de promouvoir une multipolarité économique et diplomatique. Dans un contexte mondial marqué par des tensions croissantes, les BRICS apparaissent comme un catalyseur de changement, offrant une voix et une plateforme aux nations émergentes pour jouer un rôle actif dans la gouvernance mondiale.