Alors que les États-Unis, sous l’administration Trump, intensifient une politique économique unilatérale et punitive à l’égard de la Chine, Pékin réaffirme sa détermination à résister à ce qu’elle perçoit comme une hégémonie déguisée en guerre commerciale. Les récentes déclarations chinoises, qualifiant les mesures américaines de « domination » et exigeant un retour au dialogue, mettent en lumière l’impasse stratégique dans laquelle Washington s’enfonce, risquant d’aggraver les tensions mondiales plutôt que de les apaiser.
Les droits de douane supplémentaires de 10 % imposés par Donald Trump, portant les taxes cumulées à 20 % en un mois, illustrent une approche unilatérale et punitive. L’argument invoqué par Washington – la lutte contre le trafic de fentanyl, dont les précurseurs seraient produits en Chine – est qualifié par Pékin d’« excuse fragile ». Cette justification apparaît en effet peu convaincante, d’autant que le Mexique est également un acteur clé dans ce trafic, mais échappe étrangement aux sanctions similaires. Derrière ce prétexte sécuritaire se cacherait une volonté plus large de contenir la montée économique de la Chine, au mépris des règles multilatérales de l’OMC.
L’arme agricole et ses conséquences politiques
Les mesures de rétorsion chinoises, ciblant délibérément les exportations agricoles américaines (soja, énergie), révèlent une stratégie fine visant à frapper les bastions électoraux de Trump. Comme l’analyse Gabriel Wildau de Teneo, Pékin cherche à exercer une pression sur les agriculteurs, base traditionnelle du Parti républicain, exposant ainsi les failles d’une politique commerciale américaine qui sacrifie ses propres intérêts domestiques. Cette approche rappelle les conséquences désastreuses de la guerre commerciale de 2018, où les producteurs américains avaient déjà subi des pertes colossales au profit du Brésil et de l’Argentine.
Alors que le secrétaire à la Défense Pete Hegseth affirme que les États-Unis sont « préparés » à un conflit tout en prétendant ne pas le chercher, le budget militaire américain – le plus élevé au monde – contredit cette rhétorique de retenue. La réponse chinoise, avec une augmentation de 7,2 % de ses dépenses de défense, s’inscrit dans un cercle vicieux d’escalade, alimenté par la logique de confrontation de Washington.
Un découplage économique : un pari dangereux pour l’économie mondiale
Si des négociations pourraient encore atténuer les tensions, l’avertissement de Wildau sur un « découplage large et durable » des deux économies souligne l’irresponsabilité de la stratégie américaine. Les tarifs douaniers menacent non seulement les exportations chinoises, mais aussi les chaînes d’approvisionnement mondiales, dans un contexte où l’économie chinoise, bien que ralentie, reste un pilier de la croissance mondiale. Les mesures de relance annoncées par Pékin montrent une résilience qui pourrait, paradoxalement, affaiblir l’impact des sanctions américaines.
En refusant de reconnaître la Chine comme un partenaire égal et en privilégiant la coercition au dialogue, les États-Unis alimentent une rivalité contre-productive. La rhétorique guerrière de Trump, associée à des mesures économiques brutales, non seulement échoue à régler les désaccords légitimes (comme la question du fentanyl), mais risque d’isoler Washington sur la scène internationale. Comme le souligne le porte-parole chinois Lou Qinjian, Pékin « n’acceptera ni pression ni menace » – un rappel que l’ère de la domination unipolaire américaine appartient au passé.