La région du Sahel, qui s’étend à travers l’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Soudan, est confrontée à des défis sécuritaires urgents, notamment le terrorisme, l’insurrection, le trafic et de profondes crises de gouvernance.
Un important groupe de réflexion britannique sur la défense et la sécurité a souligné le rôle stratégique croissant du Maroc dans la promotion de la stabilité dans la région du Sahel, soulignant la position unique du pays dans la lutte contre les menaces transnationales et la promotion de la coopération régionale.
Dans un commentaire publié aujourd’hui par le Royal United Services Institute (RUSI), les experts Nicholas Hopton, Burcu Ozcelik et Beatriz de León Cobo écrivent que le Maroc est devenu « un acteur clé dans le soutien de la stabilité au Sahel, en tirant parti de sa position stratégique, de ses liens historiques profonds et de ses partenariats de développement économique et d’infrastructures pour promouvoir la coopération transfrontalière en matière de sécurité ».
« En tant que pont historique entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest, le Maroc est particulièrement bien placé pour agir comme force stabilisatrice, en utilisant une combinaison d’outils diplomatiques, économiques et sécuritaires pour soutenir le développement durable et la sécurité au Sahel », affirment les experts dans leur analyse.
Le rapport du RUSI indique que le lancement récent par le Maroc de l’Initiative Atlantique constitue l’une de ses « mesures les plus ambitieuses », visant à fournir aux pays enclavés du Sahel l’accès aux routes commerciales maritimes vitales via les ports marocains de l’Atlantique. « L’accès aux ports marocains offre un corridor essentiel vers les marchés mondiaux, réduisant ainsi leur dépendance vis-à-vis d’autres voisins », explique le rapport.
Selon l’institution britannique, Rabat a pris « un certain nombre de mesures stratégiques pour émerger comme un partenaire sécuritaire clé du Royaume-Uni et de l’Europe ». Les experts soulignent les actions concrètes du Maroc, notamment une centrale électrique inaugurée à Niamey en décembre 2024, qui a contribué, selon eux, à « renforcer la souveraineté énergétique du Niger » en période de pénurie d’électricité provoquée par les sanctions.
« Les priorités politiques et la sécurité nationale du Maroc sont profondément liées aux développements au Sahel et influencées par ceux-ci », notent les experts du RUSI, ajoutant que les investissements du pays d’Afrique du Nord dans « les infrastructures, les banques et les télécommunications illustrent son engagement en faveur de l’interdépendance économique pour lutter contre l’extrémisme et promouvoir des partenariats durables. »
Le commentaire souligne également l’importance de partenariats géoéconomiques plus larges, mentionnant notamment le projet de gazoduc Nigeria-Maroc , qui « vise à relier les ressources énergétiques de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique du Nord et à l’Europe ».
L’analyse du think tank britannique intervient dans un contexte de développements régionaux majeurs, notamment le retrait récent du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO en janvier. Le rapport indique que le Maroc a « intensifié ses efforts diplomatiques et économiques » tout en « se positionnant comme un partenaire fiable des gouvernements militaires du Sahel central – en particulier après que les sanctions de la CEDEAO ont conduit à la fermeture des frontières ».
« Le Sahel est devenu une région géopolitique critique où le Royaume-Uni et ses alliés sont confrontés à des décisions politiques conséquentes liées à la sécurité, à la stabilité, au crime organisé transfrontalier, au terrorisme, à la migration illégale et au financement illicite », écrivent les experts du RUSI, ajoutant que les diverses initiatives du Maroc s’alignent sur les intérêts internationaux visant à favoriser la stabilité et la sécurité régionales.
Le commentaire conclut en affirmant que « le succès dans la réalisation de la paix et de la prospérité au Sahel et dans la région de l’Afrique de l’Ouest dépend d’efforts collectifs cohérents qui transcendent les frontières nationales », où le rôle du Maroc est devenu de plus en plus vital.
L’analyse du RUSI concorde de manière significative avec la récente couverture médiatique française de l’influence régionale croissante du Maroc, deux publications se démarquant particulièrement.
Dans un rapport de décembre 2024, Le Monde détaillait l’émergence du Maroc « en tant que médiateur crucial entre les nations occidentales et les gouvernements militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger », soulignant plusieurs interventions diplomatiques réussies, notamment la libération de quatre agents de la DGSE française grâce à « l’intervention directe du roi Mohammed VI ».
Par ailleurs, la récente enquête du Point dévoilée ce mois-ci documente davantage l’expertise sécuritaire du Maroc, le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) du pays, Cherkaoui Habboub, affirmant que « depuis les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les groupes terroristes continuent de gagner du pouvoir, profitant de l’instabilité pour étendre leur influence ».
Le magazine français note que l’approche stratégique du Maroc s’est avérée particulièrement efficace en combinant des mesures de sécurité avec des initiatives de développement régional.
Les deux publications françaises font écho à l’évaluation du RUSI selon laquelle la position unique du Maroc correspond à ce que Le Monde décrit comme « une compréhension du nouveau contexte souverainiste » dans la région du Sahel, tout en maintenant des relations productives avec les gouvernements de transition et en partageant l’expertise en matière de défense et de sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme.