Alors que la Chine s’apprête à dévoiler ce mercredi 5 mars ses objectifs de croissance pour l’année 2025, dans un contexte de tensions commerciales accrues avec l’Occident, l’Empire du Milieu affirme plus que jamais son influence sur le continent africain. Avec 29,2 milliards de dollars d’investissements déployés en Afrique dans le cadre de l’initiative « Nouvelle Route de la Soie » (Belt and Road Initiative), Pékin consolide un partenariat stratégique, mariant opportunités économiques et projection géopolitique.
Selon les dernières données économiques, les engagements chinois ont connu une progression spectaculaire en 2024, notamment en République du Congo, au Maroc et en Guinée. Ces trois pays, désignés comme les principaux bénéficiaires des fonds chinois, illustrent la diversification des secteurs ciblés : infrastructures portuaires au Maroc, exploitations minières en Guinée (notamment pour la bauxite), et mégaprojets énergétiques au Congo, où Pékin finance la construction de barrages hydroélectriques et de réseaux de transport.
Cette montée en puissance s’inscrit dans une logique de long terme. « L’Afrique représente un pilier central de la stratégie chinoise de sécurisation des ressources et d’expansion de ses corridors commerciaux », analyse Liu Wei, économiste à l’Université de Pékin. En investissant dans des projets structurants, la Chine construit non seulement des infrastructures, mais aussi des dépendances mutuelles.»
L’annonce des objectifs de croissance chinois pour 2025 intervient dans un climat de rivalités commerciales, marqué par des mesures protectionnistes accrues de la part des États-Unis et de l’Union européenne. Face à ces pressions, Pékin semble accélérer son pivot vers les marchés émergents, avec l’Afrique en première ligne. Le continent, riche en matières premières et porteur d’une demande croissante en infrastructures, offre un terreau fertile pour les entreprises d’État chinoises, telles que Sinohydro ou China Communications Construction Company.
Cependant, ces investissements massifs ne font pas l’unanimité. Certains observateurs dénoncent des risques de surendettement, comme au Kenya ou en Zambie, où les prêts chinois pèsent lourd sur les finances publiques. « La Chine pratique un calcul pragmatique », tempère Thierry Pairault, chercheur au CNRS spécialiste des relations sino-africaines. « Si les pays africains gagnent en autonomie infrastructurelle, Pékin, lui, sécurise son approvisionnement en minerais critiques et étend son réseau d’alliés. »
2025 : vers un nouveau modèle de coopération ?
Alors que les annonces de ce mercredi devraient réitérer l’engagement chinois en faveur d’une « croissance inclusive », les partenariats sino-africains pourraient évoluer vers des coentreprises technologiques, notamment dans les énergies vertes et la digitalisation. La Guinée, par exemple, négocierait actuellement un accord pour développer des fermes solaires avec le géant Jinko Solar.
En parallèle, Pékin promet d’« africaniser » davantage ses projets, en formant des travailleurs locaux et en transférant des compétences – une réponse aux critiques passées sur le recours excessif à la main-d’œuvre chinoise.
À l’aube de 2025, la Chine joue habilement de sa puissance financière et diplomatique pour façonner l’Afrique en partenaire incontournable. Si les défis persistent, les ambitions de la Nouvelle Route de la Soie semblent plus vivaces que jamais, dessinant une carte mondiale où Pékin et le continent africain écrivent, ensemble, un chapitre décisif de leur histoire commune.
« L’Afrique n’est pas un terrain de conquête, mais un laboratoire d’avenir partagé », a déclaré récemment un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Une rhétorique qui, à défaut de silencer toutes les inquiétudes, souligne l’ampleur des transformations en cours.