Étiquette : République démocratique du Congo

  • L’Union Africaine, une coquille vide au service des puissances étrangères ?

    L’Union Africaine, une coquille vide au service des puissances étrangères ?

    Au siège de l’Union Africaine (UA) à Addis-Abeba, les diplomates africains s’affairent à préparer le prochain sommet. Pourtant, sous les lustres fastueux et les discours grandiloquents, une vérité amère se dessine : l’UA, censée incarner l’unité et la souveraineté du continent, semble paralysée, incapable de répondre aux crises qui déchirent l’Afrique. De l’Est au Sahel, en passant par le Sahara marocain et la République Démocratique du Congo (RDC), l’organisation continentale brille par son inaction, minée par une dépendance chronique aux financements étrangers et des intérêts divergents qui la rendent impotente face aux défis du XXIe siècle.

    Créée en 2002 sur les cendres de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), l’UA avait pour ambition de promouvoir une Afrique unie, prospère et en paix. Vingt-trois ans plus tard, le bilan est accablant. Les conflits armés, loin de s’éteindre, se multiplient : guerre civile au Soudan, insurrection jihadiste au Sahel, reprise des hostilités entre le M23 et les forces congolaises dans l’est de la RDC, tensions autour du Sahara occidental. Face à ces crises, l’UA reste souvent cantonnée à des déclarations de principe, des appels au cessez-le-feu ou des médiations timides qui échouent à produire des résultats concrets.

    Prenons le cas du Sahel. Depuis les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger, l’Alliance des États du Sahel (AES) a émergé comme une alternative régionale, défiant l’autorité de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et, par extension, de l’UA. Plutôt que de s’imposer comme un acteur central pour coordonner une réponse africaine au terrorisme et à l’instabilité, l’UA s’est contentée de suspendre ces pays de ses instances, laissant la France et d’autres puissances extérieures dicter le tempo. « L’UA est devenue un spectateur passif, incapable de proposer une vision cohérente pour le Sahel », déplore Aïssata Diallo, analyste politique basée à Bamako. « Elle préfère sanctionner que dialoguer, et cela profite à ceux qui veulent diviser pour mieux régner. »

    Une dépendance financière qui vicie la souveraineté

    Cette inertie ne peut être dissociée d’une réalité criante : l’UA est une organisation sous perfusion financière étrangère. Environ 60 % de son budget opérationnel provient de donateurs extérieurs, principalement l’Union Européenne (UE), les États-Unis et, dans une moindre mesure, la Chine. Si les États membres ont promis en 2015 de financer eux-mêmes l’organisation via une taxe de 0,2 % sur les importations, seuls une poignée de pays tiennent cet engagement. Résultat : les priorités de l’UA sont souvent alignées sur celles de ses bailleurs de fonds, au détriment des besoins réels du continent.

    « L’Europe paie, donc l’Europe décide », assène Kwame Mensah, universitaire ghanéen spécialisé dans les relations internationales. « Quand l’UA doit choisir entre une intervention robuste au Sahel ou une politique migratoire qui arrange Bruxelles, elle opte pour la seconde. C’est une trahison de sa mission originelle. » En effet, l’immigration massive des Africains vers l’Europe et les États-Unis parasite les débats au sein de l’UA. Sous pression des partenaires européens, l’organisation a multiplié les initiatives pour « endiguer les flux migratoires », souvent au détriment de projets structurants comme l’intégration économique ou la création d’une force militaire continentale.

    Le dossier du Sahara marocain illustre parfaitement cette soumission aux intérêts extérieurs et les divisions internes qui gangrènent l’UA. Depuis des décennies, le conflit oppose le Maroc, qui revendique la souveraineté sur ce territoire, au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. L’UA, bien que reconnaissant la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) comme membre, n’a jamais réussi à imposer une solution. « Le Maroc utilise son influence économique et diplomatique pour conserver son territoire , tandis que l’Algérie s’accroche à une posture idéologique et une ingérences des affaires intérieures du Maroc . Pendant ce temps, les puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis, soutiennent Rabat, rendant l’UA impuissante face à ce blocage.

    Plus récemment, la crise dans l’est de la RDC met en lumière l’incapacité de l’UA à gérer les conflits armés. Depuis 2021, le Mouvement du 23 Mars (M23), soutenu par le Rwanda selon de nombreux rapports, a repris ses offensives, plongeant la région dans une spirale de violence. Malgré les appels répétés à un cessez-le-feu, l’UA n’a ni les moyens ni la volonté politique d’intervenir efficacement. « Nous voyons des déclarations creuses, mais pas d’action », s’insurge Justine Masika, militante congolaise pour les droits humains. « L’UA laisse la SADC [Communauté de développement d’Afrique australe] et l’ONU porter le fardeau, alors qu’elle devrait être en première ligne. »

    Une organisation minée par des intérêts hypocrites

    Derrière cette léthargie se cache un jeu d’intérêts hypocrite et inégal. Les grandes puissances africaines, comme le Nigeria, l’Afrique du Sud ou l’Égypte, privilégient souvent leurs agendas nationaux au détriment d’une solidarité continentale. Les rivalités entre blocs régionaux – Maghreb contre Afrique subsaharienne, anglophones contre francophones – paralysent les prises de décision. À cela s’ajoute l’influence croissante de puissances comme les États Unis et l’union européenne , qui court-circuitent l’UA pour négocier directement avec les États membres.

    Dans le Sahel, par exemple, l’UA s’est révélée incapable de contrer l’expansion des terroriste. L’organisation est devenue un théâtre d’ombres et ferme les yeux sur la prolifération des bandes armées. Cette fragmentation profite aux acteurs extérieurs, qui exploitent la situation pour ensuite accéder aux ressources africaines – minerais au Mali, pétrole au Soudan – tout en feignant de soutenir la « stabilité ».

    Vers une refonte ou une disparition ?

    Face à ce constat, une question se pose : l’UA peut-elle encore se réinventer ? Certains appellent à une réforme radicale : un financement autonome, une armée panafricaine opérationnelle, une diplomatie plus assertive. D’autres, plus cyniques, prédisent sa marginalisation au profit d’organisations sous-régionales comme l’AES ou la SADC. « Si l’UA ne prend pas ses responsabilités, elle deviendra une relique du passé », avertit Moussa Traoré, ancien ministre malien des Affaires étrangères.

    En attendant, les populations africaines continuent de payer le prix de cette inertie. À Goma, où le M23 impose son administration, à Bamako, où les jihadistes gagnent du terrain, ou à El-Ayoun, où les Sahraouis attendent toujours leur autodétermination, le rêve d’une Afrique unie et souveraine semble s’éloigner. L’Union Africaine, autrefois porteuse d’espoir, est aujourd’hui un colosse aux pieds d’argile, prisonnière de ses contradictions et de ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre.

  • De Goma à Bujumbura : La M23 et la fragmentation des Grands Lacs

    De Goma à Bujumbura : La M23 et la fragmentation des Grands Lacs

    Le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) est devenu un baril de poudre géopolitique, avec le potentiel d’engloutir toute la région des Grands Lacs. Ce qui semble être une guerre localisée pour le contrôle des minéraux cache en fait une crise de sécurité transnationale de grande envergure, alimentée par des ambitions hégémoniques, des réseaux criminels transnationaux et des ingérences étrangères. L’Alliance fluviale du Congo (AFC), officiellement créée en décembre 2023 sous la direction de Corneille Nangaa, marque une évolution troublante dans le conflit de la RDC. Cette coalition hétérogène unit le Mouvement du 23 mars (M23) – largement considéré comme un proxy militaire de Kigali, selon les rapports de l’ONU – le mouvement politique Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) et le groupe armé Twirwaneho du Sud-Kivu. En fusionnant ces factions disparates, l’AFC a transformé une rébellion ethnique en une menace systémique pour la stabilité régionale. En conséquence, les États-Unis Le département du Trésor a sanctionné cette alliance en juillet 2024 pour son rôle dans la déstabilisation de la région.

    Une Économie De Guerre Alimentant La Fragmentation

    Le Nord et le Sud-Kivu, les épicentres de cette crise, présentent un paradoxe mortel : leur sous-sol abrite 60 à 80 % des réserves mondiales de coltan – un minéral essentiel pour les technologies militaires et civiles – tandis que leurs populations restent piégées dans l’insécurité chronique. Le M23, la branche militaire de l’AFC, contrôle un commerce lucratif de coltan estimé à 800 000 $ par mois, selon les Nations Unies, finançant à la fois ses opérations militaires et ses circuits économiques parallèles dans le Rwanda voisin. Cette économie de guerre, combinée aux griefs basés sur l’identité des Tutsis congolais, est devenue le catalyseur d’une escalade qui s’étend maintenant au-delà des frontières congolaises. En outre, les récentes incursions de l’AFC sur le territoire ougandais en mars 2024 et ses liens présumés avec les groupes armés burundais mettent en évidence le risque de contagion régionale.

    En outre, la structure de l’AFC révèle une stratégie de déstabilisation à trois niveaux, chaque pilier renforçant l’autre dans un cycle inexorable. Sur le terrain, son aile militaire – comprenant le M23 et le Twirwaneho – déploie une force hybride qui combine la guerre asymétrique avec une technologie de pointe. Avec plus de 2 000 combattants acharnés, renforcés par des drones de reconnaissance turcs et des missiles antichars israéliens, ils constituent une menace directe non seulement pour Kinshasa, mais aussi pour les capitales régionales telles que Kigali et Bujumbura. Pendant ce temps, l’ADCP, servant de front politique de la coalition, promeut un discours assaini sur la « moralisation de la vie publique », qui résonne au-delà des frontières congolaises, faisant appel à la fois aux diasporas européennes et aux cercles diplomatiques à la recherche d’interlocuteurs « légitimes ». Cette façade de légitimité masque le troisième pilier de la coalition : un appareil économique centré sur le contrôle de douze sites miniers clés – y compris les concessions riches en coltan de Rubaya et Bisie – étayé par des transactions financières opaques avec des investisseurs offshore basés dans le Golfe et à Hong Kong. Ce réseau entrelacé de trafic local, d’investissements offshore et de dépendances régionales crée un système autonome de profit de guerre.

    Un effondrement régional imminent

    En outre, ce triptyque de guerre, de propagande et d’économie grise est devenu auto-perpétuant, chaque composant se nourrissant des autres dans un cycle qui défie les réponses conventionnelles. Les sanctions américaines imposées à l’AFC en juillet 2024 – marquant la première reconnaissance officielle de sa menace régionale – n’ont pas réussi à freiner son expansion. Au contraire, son enracinement dans cinq provinces congolaises et ses liens signalés avec les seigneurs de guerre centrafricains suggèrent un effort continu pour remodeler le paysage géopolitique de l’Afrique centrale. Le Rwanda, bien que largement accusé de parrainer le M23, n’est plus le seul acteur externe impliqué : les expéditions d’armes turques via la Tanzanie et le soutien financier présumé des sociétés minières chinoises ont encore compliqué le réseau d’alliances de la région.

    Sans oublier que le conflit complexe de la RDC exacerbe les tensions à l’échelle régionale. Le Burundi, déjà politiquement fragile, risque de descendre dans une guerre civile pré-électorale en raison de la retombée de la crise congolaise. De même, l’Ouganda craint une résurgence des Forces démocratiques alliées (ADF) dans ses régions minières du nord, riches en or et en étain, en raison de leurs liens avec l’AFC. Pendant ce temps, la Zambie et l’Angola – principaux bailleurs de fonds de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) – voient leurs investissements miniers menacés. Le corridor Lobito, une route commerciale cruciale reliant la RDC, la Zambie et l’Angola au port de Lobito, est essentiel pour l’exportation de minéraux stratégiques. Cependant, l’instabilité persistante dans l’est de la RDC menace ce projet, mettant en péril les ambitions économiques et stratégiques de ces nations. Le conflit de la RDC a donc des répercussions économiques et sécuritaires de grande envergure pour l’ensemble de la région, mettant en danger à la fois la stabilité et le développement dans les États voisins.

    Face à ce scénario catastrophique, les mécanismes de sécurité régionale tels que la SADC et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (ICGLR) semblent débordés. Leur incapacité à contenir l’AFC, malgré le déploiement de 5 000 soldats sud-africains et tanzaniens, souligne la gravité du défi : il ne s’agit plus seulement d’une rébellion locale, mais d’un réseau tentaculaire alimenté par les faiblesses institutionnelles de la RDC, les rivalités interétatiques et la demande mondiale de minéraux essentiels. En fin de compte, sans une réponse coordonnée et radicale – y compris les réformes de gouvernance, la traçabilité des ressources et le désengagement des sponsors étrangers – les provinces du Kivu pourraient devenir la Sarajevo d’une conflagration régionale aux ramifications continentales.

    Acteurs régionaux et responsabilité : un réseau de complicité et d’inaction

    Alors que le Rwanda et l’Ouganda sont souvent cités par la communauté internationale en tant que sponsors externes du M23, le paysage régional plus large révèle un réseau plus profond de complicité et d’inaction stratégique. Le gouvernement congolais, malgré sa rhétorique de résistance, reste en proie à des faiblesses institutionnelles, à la corruption et à une dépendance excessive à l’égard des réponses militaires fragmentées.

    L’incapacité de Kinshasa à imposer une gouvernance efficace à l’est a transformé le Kivus en un espace non gouverné où les groupes armés, les milices étrangères et les réseaux commerciaux illicites prospèrent. Pendant ce temps, le Burundi, dont les forces de sécurité se seraient affrontées avec des factions liées à l’AFC, fait face à ses propres fractures internes avant les prochaines élections, transformant potentiellement le conflit en un outil politique national. Dans le même temps, la Tanzanie et l’Afrique du Sud, malgré leurs engagements militaires dans le cadre de la mission du SADC, n’ont pas de stratégie cohérente pour neutraliser l’insurrection, soulignant les lacunes de la coopération régionale en matière de sécurité. L’Angola, acteur dominant de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), reste hésitant à intensifier son implication, en donnant la priorité à la stabilité économique plutôt qu’à l’intervention directe. L’absence d’une approche régionale unifiée a permis à M23 et à ses soutiens d’exploiter les rivalités diplomatiques, ce qui a enraciné l’instabilité. Sans une plus grande responsabilité de Kinshasa, un réalignement des priorités en matière de sécurité entre les parties prenantes régionales et un cadre diplomatique plus robuste pour faire pression sur les acteurs externes, la région des Grands Lacs risque une fragmentation plus profonde sous le poids de l’inertie politique et de l’opportunisme économique.

    Vers une crise incontrôlable ?

    Dans ce contexte, les initiatives de paix sont paralysées par une profonde méfiance parmi les parties prenantes. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté plusieurs résolutions, y compris la résolution 2666 (2022), qui a prolongé le mandat de MONUSCO jusqu’en décembre 2023, et la résolution 2641 (2022), concernant les réglementations sur l’approvisionnement en armes en RDC. Malgré ces efforts, les processus de paix de Nairobi et de Luanda n’ont pas abouti à des résultats, entravés par le refus du Rwanda de coopérer et les intérêts divergents des acteurs régionaux. Cette situation met en évidence la complexité de la dynamique régionale et le défi d’établir une paix durable.

    Par la suite, l’appel à l’intervention du président burundais Évariste Ndayishimiye est un avertissement brutal. Son soutien à la mission SAMIDRC de la SADC, qui a déployé 3 000 soldats sud-africains et tanzaniens, représente un tournant. Cependant, cette force, mal équipée et aux prises avec les complexités de la région, n’a pas été en mesure de changer la trajectoire du conflit. L’attaque mortelle contre un hélicoptère sud-africain en avril 2023 – revendiquée par le M23 à l’aide d’armes sophistiquées – expose les limites d’une approche purement militaire.

    Pendant ce temps, l’escalade de la crise sécuritaire à Goma et au Nord-Kivu n’est plus uniquement définie par les progrès du M23, mais fait désormais partie d’une tendance plus large de terrorisme transnational. La présence croissante de l’ADF, désormais affilié à l’État islamique en Afrique centrale (ISCAP), représente un changement stratégique dans les menaces régionales. Exploitant les lacunes en matière de sécurité et la fragmentation de l’autorité de l’État, ces groupes terroristes utilisent des tactiques asymétriques pour étendre leur influence et maintenir une instabilité chronique. En ciblant les infrastructures civiles et en se livrant à une violence aveugle, ils ont transformé le Nord-Kivu en un centre de djihadisme régional, favorisant une forme hybride de terrorisme qui mélange la guerre irrégulière, les économies criminelles et la radicalisation idéologique – avec de graves implications sécuritaires pour toute l’Afrique centrale.

    Le paradoxe de la RDC et l’effondrement imminent de la région des Grands Lacs

    Malgré la situation désastreuse, la communauté internationale reste paralysée par les rivalités géopolitiques. Alors que les États-Unis ont suspendu une partie de leur aide militaire au Rwanda en 2023, les investissements occidentaux dans les mines de coltan rwandais – ironiquement fournies par des canaux congolais illicites – continuent d’alimenter le conflit. Le cadre réglementaire de l’Union européenne sur les « minéraux de conflit » a tenté de couper le financement des groupes armés, mais les circuits financiers opaques du Golfe, de Hong Kong et de Kigali ont facilement contourné ces mesures.

    En même temps, cette crise expose le paradoxe de la RDC : une nation assise sur environ 24 000 milliards de dollars de richesses minérales, mais où 73 % de la population survit avec moins de 2 dollars par jour. Les réformes du secteur minier promises depuis longtemps restent entravées par un système de type mafieux dans lequel les élites politiques, les multinationales et les seigneurs de guerre partagent le butin. Le scandale Gécamines de 2022, qui a révélé des contrats offshore d’exploitation, illustre la façon dont la prédation économique soutient l’instabilité chronique de la région.

    Si aucune mesure décisive n’est prise, la région des Grands Lacs pourrait se développer dans une nouvelle fragmentation. Au fur et à mesure que la M23 étend sa portée de Goma à Bujumbura, elle ne se contente pas de tracer des lignes de bataille, elle approfondit les fractures dans un ordre régional déjà fragile. Dans un paysage où les frontières sont poreuses et les alliances fugaces, la fragmentation n’est pas une menace lointaine mais une réalité imminente. Aujourd’hui, l’unité n’est plus un idéal abstrait – c’est une nécessité urgente d’empêcher l’effondrement total d’une région entière.

    Ainsi, de Goma à Bujumbura, le M23 ne se contente pas de redessiner les lignes de bataille – il remodèle l’équilibre géostratégique de la région des Grands Lacs. Ce conflit ne se limite plus aux différends territoriaux ; il est devenu un creuset où les guerres minérales, les rivalités régionales et les réseaux criminels transnationaux se croisent. L’absence d’une réponse décisive non seulement approfondira la fragmentation, mais intégrera également l’instabilité en tant que caractéristique permanente du paysage politique de la région. En Afrique, les frontières entre la rébellion, le pouvoir de l’État et la prédation économique se sont brouillées – celui qui contrôle les minéraux contrôle l’avenir. Si la région des Grands Lacs doit éviter de devenir l’épicentre d’un nouveau désordre africain, alors un changement fondamental de stratégie est nécessaire : un changement fondamental qui donne la priorité à la souveraineté, à la gouvernance économique et à un recalibrage des cadres de sécurité régionaux. Sans cela, l’économie de guerre du Congo continuera à dicter le sort de la région, transformant l’instabilité en une marchandise lucrative pour les acteurs externes et les élites locales.

  • L’Afrique à la recherche de solutions africaines en RDC pour éviter une spirale de chaos

    L’Afrique à la recherche de solutions africaines en RDC pour éviter une spirale de chaos

    Alors que le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) risque de s’intensifier, comme s’alarment certains analystes, les blocs régionaux africains poursuivent leurs efforts visant à trouver des solutions africaines en dépit des revers déjà connus.

    Alors que le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) risque de s’intensifier, comme s’alarment certains analystes, les blocs régionaux africains poursuivent leurs efforts visant à trouver des solutions africaines en dépit des revers déjà connus.

    « Nous sommes venus à Goma pour vous libérer. » Jeudi dernier dans le stade de l’Unité à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la foule se balançait, épaule contre épaule, lors d’un rassemblement organisé par la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) qui a dit avoir pris le contrôle de la ville depuis le 26 janvier.

    Après avoir refait surface fin 2021, le M23 a pris le contrôle de nombreux territoires dans l’est de la RDC outre Goma, en particulier la cité commerciale de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, et la cité minière de Rubaya, connue mondialement pour ses riches gisements de coltan.

    Le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU indique que des administrations parallèles ont été mises en place dans différentes zones capturées par la rébellion. Celle-ci se dirige également vers le sud de la province du Sud-Kivu et aurait récemment pris le contrôle de la ville de Nyabibwe, à moins de 100 km de la capitale provinciale Bukavu.

    HERITAGE DE LA DOMINATION COLONIALE OCCIDENTALE

    Le conflit entre le M23 et le gouvernement congolais est profondément lié aux conséquences du génocide rwandais de 1994 et aux tensions ethniques persistantes, notamment entre les populations tutsie et hutue. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, tandis que le Rwanda affirme que l’armée congolaise s’est alliée au groupe rebelle rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), accusé d’être impliqué dans le génocide de 1994 contre l’ethnie tutsie.

    Photo prise le 30 janvier 2025 montrant le centre-ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). 

    La domination coloniale occidentale a souvent déclenché des conflits meurtriers dans la région au cours des dernières décennies. Les puissances coloniales ont tracé des frontières en fonction de leurs propres intérêts, sans tenir compte de la répartition des groupes ethniques. Elles ont également adopté une politique consistant à « diviser pour mieux régner », favorisant certains groupes par rapport à d’autres et attisant des tensions ethniques qui persistent encore aujourd’hui.

    En 2004, des soldats tutsis au sein des forces gouvernementales de la RDC, qui se sentaient marginalisés, ont formé la milice anti-gouvernementale appelée le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). En 2009, la milice a signé un accord de paix avec le gouvernement de la RDC et a été intégrée à l’armée nationale.

    En 2012, après avoir perçu un manque d’engagement envers l’accord de paix, une faction du CNDP a fait défection et a formé le M23. L’objectif déclaré du M23 était de protéger la population tutsie et de lutter pour ses droits. La même année, le groupe a pris Goma, mais s’est retiré après une médiation des pays de la région.

    VERS UNE SPIRALE DE TENSIONS DANS LA REGION

    « Si cela continue ainsi, la guerre risque de se généraliser dans la région », a averti le président burundais Evariste Ndayishimiye début février.

    La chute de Goma « a poussé des milliers de personnes à quitter leur foyer et, une fois de plus, a laissé la région des Grands Lacs au bord d’une guerre plus vaste », a déclaré dans un rapport publié en janvier l’International Crisis Group (ICG), une organisation non gouvernementale analysant les conflits à l’échelle mondiale.

    Le personnel de santé transfère les corps des victimes à Goma, en République démocratique du Congo (RDC), le 5 février 2025. 

    L’est de la RDC, riche en minéraux, reste un facteur clé de conflit tant que des parties se disputent le contrôle des ressources, notamment le coltan, l’étain, le tantale et l’or.

    « Ce n’est pas le Burundi seulement, la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, c’est toute la région, c’est une menace », a souligné M. Ndayishimiye dans une vidéo officielle publiée sur YouTube, faisant référence à ses inquiétudes concernant une guerre régionale.

    SOLUTIONS AFRICAINES

    Un « sommet historique », organisé conjointement par la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), deux grands blocs régionaux, s’est tenu samedi dernier dans la ville portuaire tanzanienne de Dar es-Salaam pour faire face à l’escalade de la crise dans l’est de la RDC. Le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Félix Tshisekedi ont tous deux assisté à la réunion.

    Des pays extérieurs à la région ont proposé leur médiation, mais la RDC a tout de même insisté en faveur de solutions africaines.

    Dans le communiqué publié à l’issue du sommet, les pays de la région ont proposé de fusionner le processus de Nairobi avec le processus de Luanda, un mécanisme de paix parallèle lancé par l’Union africaine (UA) et négocié par le président angolais João Lourenco.

    Pour soutenir le processus fusionné dit « Luanda/Nairobi », les dirigeants régionaux ont suggéré de nommer des facilitateurs supplémentaires, dont des représentants d’autres régions d’Afrique, selon le communiqué.

    Reconnaissant l’urgence de la situation, les dirigeants présents au sommet ont demandé aux chefs des forces de défense de la CAE et de la SADC de se réunir cinq jours plus tard pour élaborer des mesures techniques visant à faire respecter un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.

    Les dirigeants ont appelé à la réouverture des voies de circulation pour rétablir les voies d’approvisionnement humanitaire, en particulier la route reliant Goma à Bukavu, qui a été coupée par l’avancée de la rébellion du M23, et l’aéroport international de Goma, qui a été gravement vandalisé pendant les hostilités.

    Le communiqué réitère la demande de retrait des « forces armées étrangères non invitées » du territoire de la RDC, les dirigeants mettant l’accent sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.

  • Les États-Unis et le Rwanda : une alliance stratégique au service de la déstabilisation régionale en Afrique centrale

    Les États-Unis et le Rwanda : une alliance stratégique au service de la déstabilisation régionale en Afrique centrale

    Depuis plusieurs décennies, les relations entre Washington et Kigali suscitent des interrogations quant à leurs véritables motivations, notamment en ce qui concerne la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Selon Fortifi Lushima, coordinateur national du mouvement Urgences panafricanistes en RDC, les États-Unis entretiennent des liens étroits avec l’armée rwandaise depuis 1994, dans le but de promouvoir des intérêts géostratégiques liés à l’exploitation des ressources naturelles congolaises.

    Fortifi Lushima affirme que les matières premières stratégiques, telles que le coltan et le cobalt, constituent les principales richesses convoitées par la Maison-Blanche. Ces minerais, essentiels à l’industrie technologique mondiale – notamment pour la fabrication de smartphones, de batteries électriques et d’équipements militaires – placent la RDC au centre d’enjeux géoéconomiques majeurs.

    « Les États-Unis sont activement impliqués dans ce qui se passe au Kivu », souligne Lushima, faisant référence à la région instable de l’est de la RDC, théâtre de conflits armés alimentés par les rivalités autour du contrôle des ressources. Il accuse Washington d’utiliser le Rwanda comme relais pour maintenir un climat de chaos propice au pillage de ces richesses.

    Une politique d’ingérence maquillée en assistance

    Selon le coordinateur panafricaniste, la stratégie américaine s’apparente à celle d’un « voleur qui, après avoir dérobé votre marchandise, vient vous proposer de l’aide pour atténuer quelque peu votre peine ». Cette critique fait écho aux nombreuses voix en Afrique qui dénoncent l’ambiguïté des aides internationales occidentales, perçues non pas comme des gestes altruistes, mais comme des instruments de domination néocoloniale.

    Fortifi Lushima va plus loin en saluant l’éventualité d’une réduction de l’aide américaine au Rwanda. « Je suis content que le Président américain puisse être dans une logique de réduire cette aide, car pour nous, Africains, ces aides sont des chaînes que l’Occident utilise pour mieux dominer l’Afrique », déclare-t-il, exprimant ainsi une volonté d’émancipation vis-à-vis des influences étrangères.

    Cette analyse met en lumière les complexités des relations internationales en Afrique centrale, où les intérêts des grandes puissances s’entrelacent avec les dynamiques locales. Le soutien militaire et financier des États-Unis au Rwanda est perçu par certains analystes comme un facteur aggravant les tensions régionales, en particulier en RDC, où la stabilité demeure précaire.

    La question de l’exploitation des ressources naturelles en Afrique reste un sujet de friction entre les gouvernements locaux, les multinationales et les puissances étrangères. Le rôle des États-Unis, à travers leur soutien au Rwanda, illustre les enjeux géopolitiques liés à la course aux matières premières stratégiques, dans un contexte où les aspirations souverainistes des pays africains se heurtent à des logiques de prédation économique.

    Vers une remise en question des alliances traditionnelles ?

    La déclaration de Fortifi Lushima s’inscrit dans un mouvement plus large de contestation des rapports de force hérités de l’époque coloniale et de la guerre froide. Alors que les pays africains cherchent à diversifier leurs partenariats internationaux et à renforcer leur autonomie économique, la critique des aides occidentales prend une dimension politique et symbolique importante.

    Dans ce contexte, la relation entre les États-Unis et le Rwanda pourrait évoluer sous la pression de ces critiques croissantes. La réduction de l’aide américaine, si elle se concrétise, pourrait marquer un tournant dans la politique étrangère de Washington en Afrique centrale, avec des implications directes sur la stabilité régionale et l’exploitation des ressources.

    En définitive, cette analyse met en exergue les liens complexes entre intérêts économiques, stratégies géopolitiques et dynamiques locales en Afrique centrale, soulignant la nécessité pour les pays de la région de trouver des solutions endogènes aux défis de la paix et du développement.

  • République Démocratique du Congo : Vers une guerre éclair et sanglante ou une paix fragile ?

    République Démocratique du Congo : Vers une guerre éclair et sanglante ou une paix fragile ?

    La République Démocratique du Congo (RDC) est une nouvelle fois plongée dans un conflit d’une intensité inédite. Cette guerre, différente des précédentes tant par son ampleur que par l’intégration des nouvelles technologies militaires, s’annonce plus brutale et d’une rapidité fulgurante. Les observateurs redoutent un déferlement de violence sans précédent, tandis que les tentatives de médiation peinent à contenir l’escalade.

    « Elle sera, dans une certaine mesure, plus sanglante et beaucoup plus rapide », analyse une experte en relations internationales, insistant sur l’accélération des offensives et la précision des armements modernes. L’insurrection du M23, soutenue en sous-main par le Rwanda selon plusieurs sources, continue de gagner du terrain en RDC, notamment dans les zones minières stratégiques. Le président congolais, Félix Tshisekedi, se retrouve face à un dilemme cornélien : poursuivre l’affrontement militaire au risque d’une déflagration régionale ou céder à la pression diplomatique pour éviter un enlisement catastrophique.

    Une Communauté d’Afrique de l’Est au bord de la fracture

    Dans ce contexte explosif, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) semble au bord de la rupture. Le spectre d’une division semblable à celle qui fragilise la CEDEAO en Afrique de l’Ouest plane sur la région. Les dissensions internes, amplifiées par les alliances fluctuantes et les intérêts économiques divergents, compromettent les tentatives d’une réponse concertée. Une implosion de l’EAC affaiblirait davantage les initiatives de stabilisation et risquerait de transformer le conflit congolais en un véritable bourbier diplomatique.

    L’Union européenne face à un dilemme économique et éthique

    De son côté, l’Union européenne suit de près l’évolution de la situation. Forte consommatrice des ressources minières congolaises, elle redoute une paralysie de l’extraction et de l’exportation des minerais essentiels à ses industries technologiques et énergétiques. « Les opérations minières qui alimentent cette guerre sont entachées de violence et de contrôle illégal », rappelle un universitaire spécialiste du secteur extractif.

    Le M23, en occupant des régions riches en ressources stratégiques comme le cobalt, le lithium ou le cuivre, impose un véritable racket sur les circuits d’approvisionnement internationaux. L’exploitation de ces minerais finance les seigneurs de guerre et les milices armées, renforçant un cycle de violence qui s’autosuffit. « Cela signifie que vous exportez non seulement des diamants de sang, mais aussi du cobalt de sang, du lithium de sang, du cuivre de sang en provenance de la Zambie et de la RDC. C’est dire à quel point la situation peut empirer », avertit l’expert.

    Face à cet engrenage mortifère, les perspectives de paix paraissent bien fragiles. Les appels à la déescalade se heurtent à la réalité du terrain, où chaque jour, des affrontements redessinent la carte du pouvoir militaire et économique. Si la guerre en RDC s’accélère, elle pourrait bien provoquer une onde de choc dont les répercussions dépasseraient largement les frontières congolaises. Entre concessions diplomatiques, pressions économiques et intensification militaire, le pays se trouve à un carrefour décisif dont l’issue reste, pour l’heure, des plus incertaines.

  • L’Est de la RDC au bord de l’implosion : Tshisekedi met en garde, Kagame se dit prêt à l’affrontement

    L’Est de la RDC au bord de l’implosion : Tshisekedi met en garde, Kagame se dit prêt à l’affrontement

    La situation en République démocratique du Congo (RDC) s’aggrave alors que le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, poursuit son avancée dans l’est du pays. Face à cette escalade, le président congolais Félix Tshisekedi met en garde contre des conséquences « imprévisibles », tandis que son homologue rwandais, Paul Kagame, se déclare « prêt à l’affrontement ».

    La prise de Goma par les forces du M23 a mis la communauté internationale en émoi. L’ONU, les États-Unis, la Chine, l’Union européenne et l’Angola ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et au retrait des troupes rwandaises. Dans une allocution télévisée, Tshisekedi a reconnu l’aggravation de la situation tout en assurant que des « ripostes vigoureuses et coordonnées » étaient en cours contre ce qu’il qualifie de « terroristes » et leurs alliés.

    Pourtant, sur le terrain, les Forces armées de la RDC (FARDC) subissent revers sur revers, incapables de stopper l’avancée du M23. Après la chute de Goma, le groupe rebelle a pris les villages de Kiniezire et Mukwidja, menaçant désormais Bukavu. Dans une déclaration provocante, l’ambassadeur rwandais pour la région des Grands Lacs, Vincent Karega, a insinué que la progression pourrait aller jusqu’à Kinshasa, la capitale congolaise.

    Face à cette menace, la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) a appelé à un dialogue avec le M23, une initiative immédiatement rejetée par Kinshasa. De son côté, Kagame a vivement critiqué la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe en RDC (SAMIDRC), force de paix déployée par la SADC, qu’il accuse d’être « une force offensive » au service du gouvernement congolais.

    Les combats intenses autour de Goma ont provoqué une hécatombe : plus de 100 morts, près de 1 000 blessés et plus de 500 000 déplacés depuis janvier, selon l’ONU. Dans un climat d’angoisse généralisé, les populations civiles, prises au piège, subissent de plein fouet cette violence qui ne cesse de croître.

    Une escalade diplomatique entre Kigali et Pretoria

    Les tensions entre le Rwanda et l’Afrique du Sud ont atteint un niveau critique. Paul Kagame a publiquement mis en garde Cyril Ramaphosa contre toute ingérence dans le conflit. « Nous sommes prêts à l’affrontement », a-t-il affirmé sur son compte X, accusant le président sud-africain de « travestir la réalité du conflit ».

    Ramaphosa, dont le pays a déployé des soldats dans le cadre de la SAMIDRC, attribue la flambée de violence au M23 et aux Forces de défense rwandaises. Ce déploiement a coûté la vie à 13 soldats sud-africains, un bilan qui a renforcé la détermination de Pretoria à agir contre le M23.

    Kagame, pour sa part, dénonce une « campagne de désinformation » et réfute toute responsabilité dans ces pertes humaines. « Si l’Afrique du Sud veut contribuer à une solution pacifique, tant mieux. Mais si elle choisit l’affrontement, le Rwanda répondra en conséquence, à tout moment », a averti le président rwandais.

    Un dialogue de sourds et un avenir incertain

    Alors que Kinshasa campe sur sa position et refuse toute négociation avec le M23, Kigali durcit son discours et prévient qu’aucune démarche coercitive ne restera sans réponse. La région des Grands Lacs, déjà secouée par des décennies de conflits, se retrouve à un carrefour explosif, où chaque décision pourrait faire basculer la situation vers un conflit à plus grande échelle.

    La communauté internationale tente de freiner cette escalade, mais face à des positions aussi tranchées, la paix paraît plus lointaine que jamais. La RDC et le Rwanda semblent s’engager dans une confrontation qui pourrait redessiner les équilibres régionaux, au prix de nouvelles souffrances pour les populations civiles.

  • RDC : le président Tshisekedi pose la première pierre des rocades de Kinshasa dans le cadre du programme de coopération sino-congolais

    RDC : le président Tshisekedi pose la première pierre des rocades de Kinshasa dans le cadre du programme de coopération sino-congolais

    Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a posé samedi la première pierre de construction des rocades de Kinshasa, un des projets d’infrastructures prioritaires dans le cadre du programme de coopération « ressources contre projets » entre la RDC et la Chine.

    Lors de la cérémonie, rassemblant plusieurs hautes personnalités, dont la cheffe du gouvernement Judith Suminwa Tuluka, M. Tshisekedi, en conduisant lui-même le chargeur sur pneus, a lancé personnellement les travaux du projet. Il s’est dit « rassuré » par les techniques apportées par les entreprises chinoises, tout en souhaitant une coopération plus diverse et plus approfondie entre les deux pays.

    Pour Alexis Gisaro Muvuni, ministre d’Etat chargé des Infrastructures et des Travaux publics, ce projet marque « une nouvelle étape » pour la coopération RDC-Chine qui renforce, avec de divers projets d’infrastructures, l’interconnectivité du pays.

    Ce projet va traverser quatre communes de la ville de Kinshasa, où habitent plus de 17 millions d’habitants, avec neuf pénétrantes auxquelles vont se brancher quatre bretelles pour résoudre les problèmes de congestion routière qui étouffent la capitale congolaise.

    L’ambassadeur de Chine en RDC, Zhao Bin, en exprimant sa reconnaissance pour le soutien congolais au programme de coopération « ressources contre projets », a qualifié ce projet de « nouveau repère » pour la ville de Kinshasa et de « nouveau symbole » de la coopération sino-congolaise en matière d’infrastructures.

    De nombreux travaux, dont la réhabilitation partielle de la RN1, toujours dans le programme de coopération « ressources contre projets », seront lancés pour le développement socio-économique, a indiqué M. Zhao.

    Avec la visite d’Etat de M. Tshisekedi en Chine en mai 2023, la coopération économique et commerciale bilatérale s’accélère sur tous les fronts, a souligné l’ambassadeur chinois, citant l’achèvement bientôt des travaux du Centre culturel et artistique pour l’Afrique centrale, un don du gouvernement chinois, ainsi qu’un forum de l’investissement prévu en août prochain.

    Ce projet joue un rôle important sur le plan d’interconnectivité modale, de transport structurant, du tourisme durable ainsi que les retombées socio-économiques dont la population kinoise restera bénéficiaire, a indiqué Freddy Yodi Shembo, directeur général de l’Agence de pilotage, de coordination et de suivi des conventions de collaboration (APCSC).

    Un avenant à la convention de coopération « ressources contre projets » a été signé en mars dernier entre le groupe d’entreprises chinoises et le gouvernement congolais, ce qui prévoit un investissement de quelque sept milliards de dollars américains principalement destinés à la construction des infrastructures d’intérêt national et au renforcement de la gestion conjointe de plusieurs projets liés au projet de la SICOMINES, une joint-venture créée en 2008 par l’entreprise publique congolaise d’exploitation minière et un groupe de sociétés chinoises.

  • Coup d’Etat avorté en RDC : Le GIMA condamne les récurrentes tentatives de déstabilisations et dénonce l’omerta de la communauté internationale

    Coup d’Etat avorté en RDC : Le GIMA condamne les récurrentes tentatives de déstabilisations et dénonce l’omerta de la communauté internationale

    À l’instar de tous les observateurs de bonne foi, le Groupe d’initiatives pour une Médiation à l’Africaine (GIMA) constate et dénonce la multiplication des provocations, des pillages et toute la gamme de déstabilisations dont la République Démocratique du Congo est l’objet, dans un silence aux allures d’une omerta planifiée au sein de la communauté internationale.

    La dernière en date de ces agressons est la tentative de coup d’Etat déjouée ce 19 Mai 2024 dans la capitale Kinshasa et au cœur des infrastructures institutionnelles de l’Etat : Palais présidentiel et Résidence du Président de l’Assemblée nationale.

    Il est frappant de constater que la montée des périls d’origine extérieure touche tragiquement et quotidiennement les populations à l’Est de la RDC avec son cortège de déplacés intérieurs, de morts et de femmes violées.

    Il s’y ajoute que les éléments du M23 visiblement téléguidés par le Rwanda voisin occupent des zones riches en ressources précieuses (Coltran, or, diamants) qu’ils (éléments M23) pillent et placent sur le marché international.

    Au regard des tors infligés à la RDC, le GIMA exhorte les états membres de l’union africaine et des Nations-Unies à assumer pleinement leur solidarité vis-à[1]vis du peuple congolais injustement martyrisé.

    Pour rappel, le GIMA est une organisation apolitique et non confessionnelle basée à Rabat. Il regroupe des intellectuels de la société civile et autres acteurs de la vie politique et sociale africaine et sa mission principale est de réfléchir sur des mécanismes de médiation rapides et efficaces à l’Africaine, c’est-à-dire s’appuyant sur des ressources endogènes pour la gestion des conflits en Afrique et partout ailleurs où sa médiation et son expertise sont requises pour le retour ou l’instauration de la Paix.

    Communiqué

  • Kinshasa : des individus armés arrêtés après s’être introduits dans le palais présidentiel

    Kinshasa : des individus armés arrêtés après s’être introduits dans le palais présidentiel

    Un affrontement a eu lieu entre la Garde républicaine de RDC et des assaillants armés qui ont investi au cours de la nuit le palais présidentiel. La situation est revenue sous contrôle dans la zone résidentielle de la Gombe à Kinshasa, d’après le communiqué de l’armée.

    La Garde républicaine de la République démocratique du Congo a arrêté ce dimanche matin quelques membres (au moins 6 selon les images) d’un groupe armé d’environ 30 personnes qui a pénétré la présidence ainsi que la résidence du vice-Premier ministre, aux alentours de 4 h 30. Certains des assaillants ont été tué lors des échanges de tirs, tandis que d’autres auraient pris la fuite.

    Ni le président Felix Tshisekedi ni le ministre Vital Kamerhe n’étaient présent sur les lieux visés, vides semble-t-il, lors de l’agression. L’armée a annoncé avoir « étouffé dans l’œuf une tentative de coup d’Etat » menée par « des Congolais et des étrangers », et promis plus de détails ultérieurement.

    Selon plusieurs sources, le groupe d’assaillants aurait été mené par un certain Christian Malanga, ex-capitaine de l’armée congolaise passé politicien et en exil depuis 2017. S’il n’a pas encore été formellement identifié, des vidéos montrent un individu armé en tenue militaire proclamer la République du Zaïre, du nom donné au pays par l’ancien président Mobutu.

    L’homme aurait été tué lors de la riposte de la garde.

  • Le projet de chemin de fer en Afrique de l’Est reçoit un coup de pouce avec l’adhésion de quatre États de la CAE au projet Kenya-Ouganda

    Le projet de chemin de fer en Afrique de l’Est reçoit un coup de pouce avec l’adhésion de quatre États de la CAE au projet Kenya-Ouganda

    Quatre États membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) – le Rwanda, le Burundi, la République démocratique du Congo (RDC) et le Soudan du Sud – se sont joints au projet conjoint du Kenya et de l’Ouganda visant à développer un chemin de fer moderne pour faciliter la circulation des marchandises sur le corridor nord.
    La décision a été prise lors d’une réunion du Comité ministériel mixte sur le SGR qui s’est tenue à Mombasa, la capitale du Kenya, vendredi 3 mai. Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, les ministres des Transports des quatre pays ont réaffirmé leur engagement à accélérer l’achèvement, notamment en intensifiant la mobilisation de fonds, des tronçons restants du projet de chemin de fer à écartement standard (SGR) de Naivasha au Kenya vers l’Ouganda, le Rwanda, la RDC et le Soudan du Sud. Le SGR est une artère essentielle au cœur des efforts de la région pour réduire les coûts de transport et rendre l’Afrique de l’Est compétitive, selon Richard Kabonero, coordinateur ougandais du projet.

    En juillet de l’année dernière, le Kenya et l’Ouganda ont relancé le projet de construction du chemin de fer SGR entre eux, mais le développement de SGR s’est heurté à divers obstacles, notamment le manque de fonds, qui a empêché l’extension des voies ferrées au-delà de Naivasha, dans la région du Rift central au Kenya. À la suite de ce dernier accord, le Kenya s’est engagé à reprendre la construction des tronçons Naivasha-Kisumu-Malaba et Kisumu-Malaba SGR à partir de juillet et septembre 2024, respectivement. L’Ouganda s’est également engagé à commencer la construction de Malaba-Kampala en septembre, sous réserve de la disponibilité des ressources et de l’achèvement des négociations avec l’entrepreneur turc proposé, Yapi Merkezi.