- L’Europe, nouveau risque majeur pour les investisseurs étrangers
- Le procès du colonialisme : l’Afrique rompt enfin le silence et expose les crimes d’un système impérial
- Guinée-Bissau : la chute d’Umaro Sissoco Embalo ou la fin d’un vassal
- Migration africaine : le piège silencieux d’une nouvelle servitude entre l’Europe
- Madagascar : la France sauve son homme, au mépris des principes démocratiques
- Dette et financement climatique : le Sud global pris au piège de l’aide verte
- Madagascar : la génération Z défie le pouvoir et rallume la mèche d’une révolte historique
- Côte d’Ivoire : la candidature de trop ? Les prémices d’un chaos politique à Abidjan
Auteur : Tell
Il y a des mots qui, lorsqu’ils sont prononcés par un chef de gouvernement européen, résonnent comme un aveu. Bart De Wever, Premier ministre belge, a qualifié la proposition de la Commission européenne d’utiliser les actifs russes gelés pour financer l’Ukraine de « vol pur et simple ». Une formule rare dans la bouche d’un dirigeant européen, une accusation lourde contre les institutions mêmes censées incarner la stabilité juridique du Vieux Continent. Et si cette sortie avait le mérite de lever un voile ? L’Europe aime se présenter comme un sanctuaire de droit, de sécurité et d’investissement. Pourtant, ce patrimoine…
Le temps des euphémismes diplomatiques est révolu. L’Afrique ouvre désormais un procès historique contre le colonialisme, non comme un exercice rhétorique, mais comme un acte d’accusation politique, moral et juridique. Le continent refuse de continuer à porter, seul, les stigmates d’un système dont les puissances coloniales, au premier rang desquelles la France, n’ont jamais assumé la brutalité, les spoliations et les ravages qu’il a semés. Ce procès n’est plus un horizon ; il est en marche. Et les conclusions sont sans appel : le colonialisme fut un crime systémique, total, continué sous des formes nouvelles que l’on persiste encore aujourd’hui…
Une chute sans surprise, tant l’édifice politique construit autour d’Umaro Sissoco Embalo reposait sur une illusion entretenue par ses parrains extérieurs.** La déflagration institutionnelle qui secoue aujourd’hui la Guinée-Bissau ne relève ni du hasard ni d’un soudain accès de colère militaire. Elle sanctionne un système fondé sur la personnalisation du pouvoir, l’instrumentalisation des forces armées et une dépendance assumée vis-à-vis d’alliances internationales qui lui ont longtemps tenu lieu de bouclier politique. Le pays bascule une nouvelle fois dans un cycle de convulsions, théâtre d’un coup d’État dont les premières victimes sont autant les institutions que la crédibilité même d’un président…
Le récit officiel qui entoure les migrations africaines vers l’Europe continue de se construire sur une rhétorique humanitaire, sécuritaire ou géopolitique. Rarement est évoquée la mécanique structurelle qui maintient ce flux comme l’un des piliers d’un ordre économique devenu difficile à assumer politiquement : un système où les États européens tirent profit d’une main-d’œuvre indispensable mais invisible, et où les gouvernements africains s’accommodent des départs comme soupape sociale et financière. Cette configuration, qui rappelle par son asymétrie la logique historique de prédation, s’est muée en une servitude moderne reposant moins sur la contrainte directe que sur la nécessité économique. Les…
Quelques heures avant de quitter le pouvoir, Andry Rajoelina a signé un ultime acte de loyauté : la grâce présidentielle accordée à deux anciens officiers français, Paul Maillot Rafanoharana et Philippe Marc François, condamnés pour tentative de coup d’État en 2024. Un geste lourd de symboles, qui sonne comme un remerciement adressé à Paris — et notamment à Emmanuel Macron — pour une aide bien plus discrète : son exfiltration présumée à bord d’un avion militaire français, alors que la colère populaire et une partie de l’armée menaçaient de le renverser. Les deux ex-officiers français, formés à Saint-Cyr, purgeaient respectivement…
Sous couvert de solidarité environnementale, l’architecture du financement climatique perpétue une dépendance structurelle : pour affronter une crise qu’ils n’ont pas provoquée, les pays du Sud doivent encore s’endetter. Une contradiction qui interroge la justice du système international et fragilise la promesse d’une transition équitable. L’urgence climatique impose une mobilisation sans précédent de ressources. Pourtant, derrière les discours sur la solidarité internationale, un déséquilibre s’installe : près des deux tiers des financements dits « climatiques » accordés aux pays du Sud sont constitués de prêts, souvent à des conditions proches du marché. Autrement dit, la transition écologique du Sud se…
La contestation prend des allures de séisme politique à Antananarivo. Ce samedi, la jeunesse malgache, majoritairement issue de la génération Z, a envahi la place du 13 Mai – haut lieu symbolique des insurrections populaires – pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité, mais surtout pour exiger une refonte des institutions jugées sclérosées et déconnectées des réalités sociales. La mobilisation, jusque-là spontanée et pacifique, a franchi un seuil décisif avec le ralliement d’une partie de l’armée, signe que la colère traverse désormais les murs du pouvoir. Les jeunes Malgaches nés après 2000 portent une colère sourde contre un système politique…
Alors qu’Alassane Ouattara a lancé, samedi 11 octobre, sa campagne pour un quatrième mandat, la capitale ivoirienne a été secouée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les tensions politiques atteignent un point de rupture, faisant resurgir le spectre des crises postélectorales qui ont marqué le pays. Le ton de la campagne présidentielle ivoirienne a été donné dans un climat explosif. Tandis qu’Alassane Ouattara tenait son premier grand meeting à Daloa, à l’Ouest du pays, des manifestants tentaient de se rassembler à Abidjan malgré l’interdiction préfectorale. La marche, organisée par les principales forces de l’opposition pour « la…
En honorant María Corina Machado, figure de l’opposition vénézuélienne adoubée par Washington, le comité Nobel consacre une époque où la récompense du « courage » épouse les lignes de fracture géopolitiques. L’idéalisme cède la place à l’instrumentalisation morale. Oslo, jadis sanctuaire d’universalité, devient l’écho d’une diplomatie travestie en vertu. Le choix du comité Nobel, le 10 octobre 2025, de distinguer María Corina Machado, ancienne députée et opposante acharnée au gouvernement de Caracas, a fait l’effet d’un manifeste politique. Présentée comme « défenseure de la démocratie et des droits humains », la lauréate incarne bien davantage une orientation stratégique qu’une conviction…
Umaro Sissoco Embaló incarne une figure singulière dans le paysage politique ouest-africain. Officier formé dans plusieurs académies militaires étrangères, parlant couramment portugais, français, anglais et arabe, il cultive l’image d’un chef d’État cosmopolite, à la fois pragmatique et imprévisible. Son style tranche avec la réserve habituelle des dirigeants de la sous-région : direct, souvent provocateur, il revendique une liberté de ton et de manœuvre qui brouille les lignes de la diplomatie classique. Cette attitude volontariste, parfois jugée impulsive, lui a permis d’imposer la Guinée-Bissau sur des scènes où elle était quasi absente : le sommet Russie-Afrique, les forums sino-africains, ou…
