Armement : Voici pourquoi l’armée française multiplie les commandes

En avril dernier, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a annoncé un renforcement significatif de l’arsenal français avec l’achat de 2000 drones kamikazes.

Cette décision, révélée lors d’une visite à l’entreprise Delair à Labège, près de Toulouse, souligne l’importance accrue de ces technologies dans les stratégies militaires modernes. Ce renforcement intervient dans un contexte où l’Ukraine, confrontée à une pénurie d’obus, utilise de plus en plus ces appareils dans ses stratégies de combat. La France, observant l’utilisation efficace de ces drones par l’Ukraine, a choisi d’améliorer ses propres capacités. Certaines unités de cette commande sont même destinées à Kiev, selon des sources médiatiques.

La transaction, impliquant des PME et de grands groupes de défense, révèle une volonté française d’accélérer le développement de ses capacités militaires. Des drones à voilure tournante, conçus pour une manœuvrabilité accrue en milieu urbain, font partie des solutions innovantes proposées. Ce projet s’inscrit dans une initiative plus large, le projet Colibri, qui ambitionne de développer des munitions télé-opérées capables d’opérer sur un rayon de 5 km pour un coût inférieur à 20 000 euros par unité. Les premières livraisons de ces drones sont prévues entre 2024 et 2025, marquant une étape importante dans le renforcement des capacités de l’armée française.

Face à ces nouvelles acquisitions, il convient de noter que l’armée française, comme d’autres forces armées européennes, fait face à un défi majeur : la pénurie de munitions conventionnelles. Ce problème est exacerbé par l’intensification des conflits régionaux et la nécessité de soutenir des alliés comme l’Ukraine.

La France a historiquement dépendu de chaînes d’approvisionnement qui se révèlent maintenant insuffisantes pour répondre aux besoins accrus en période de conflit, ce qui a mené à une réévaluation des capacités de production nationale. La décision de commander des drones kamikazes ainsi que d’autres systèmes d’armement avancés est également une réponse à cette crise, cherchant à compenser les lacunes en munitions avec des alternatives technologiquement avancées.

Par ailleurs, la PME aixoise Novadem a profité du salon Eurosatory 2024 pour annoncer un contrat signé début de l’année par le ministère des Armées pour l’acquisition de plus de 260 drones NX70 supplémentaires. Ce contrat augmentera la flotte totale à plus de 440 NX70, avec des premières unités livrées en 2018 pour des opérations urgentes en zone Sahélo-Saharienne.

Les retours d’expérience ont été largement positifs, menant à des commandes successives qui ont accru le total des NX70 à 155 unités. Les NX70 supplémentaires, livrables en 2024 et 2025, seront équipés d’un standard Block 2.2 offrant une capacité de vision nocturne améliorée, ainsi que de stations d’alimentation par câble NXWIRE pour des missions de surveillance continue.

Cette expansion des capacités de l’armée française illustre une adaptation stratégique aux réalités modernes des conflits armés, où la technologie et la rapidité de déploiement deviennent cruciales. La France, en tirant parti des expériences de l’Ukraine, cherche à rester à l’avant-garde de la technologie militaire.

Ces commandes massives de drones, tout en renforçant la production nationale, témoignent des ambitions françaises de maintenir une supériorité technologique tout en soutenant ses alliés en temps de crise. Ces initiatives soulignent une évolution majeure dans la stratégie de défense française, promettant des répercussions durables sur la capacité militaire du pays et sa posture sur la scène internationale.