Dans une tentative manifeste de redéfinir sa position stratégique en Afrique de l’Ouest, l’Algérie s’apprête à acquérir trois navires destinés au transport de marchandises via le détroit de Gibraltar. Cette initiative, bien que présentée comme un levier de développement économique, semble avant tout motivée par le désir de contrecarrer l’influence grandissante du Maroc dans la région.
L’achat de ces navires s’inscrit dans une politique plus large visant à renforcer la présence commerciale de l’Algérie en Afrique de l’Ouest. Cependant, cette démarche intervient alors que le Maroc a déjà solidement ancré sa position économique et diplomatique dans la région, grâce à des partenariats stratégiques et à une diplomatie proactive. En comparaison, la stratégie algérienne semble être une réaction tardive, voire une tentative désesperée de combler un retard accumulé au fil des années.
Pour pénétrer les marchés ouest-africains, l’Algérie mise sur ses relations privilégiées avec la Mauritanie, un pays voisin du Sénégal. Ce partenariat est perçu comme une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest, facilité par des accords bilatéraux et des coopérations économiques renforcées. Dans cette optique, l’Algérie projette la construction d’un corridor routier reliant directement le Sénégal via la Mauritanie, un projet qui, s’il voit le jour, pourrait améliorer la connectivité régionale et stimuler les échanges commerciaux.
Optimisation des ressources : minerai de fer et céréales en ligne de mire
L’un des objectifs majeurs de cet investissement est d’optimiser la distribution du minerai de fer extrait de la mine de Gara Djebilet, située dans l’ouest algérien. Ce gisement, l’un des plus importants du pays, représente un atout économique considérable. En parallèle, l’Algérie envisage d’intensifier l’exportation de céréales, une stratégie visant à diversifier une économie encore trop dépendante des hydrocarbures.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte économique tendu pour l’Algérie, où la nécessité de réduire la dépendance aux hydrocarbures devient de plus en plus pressante. Le pays cherche à stimuler d’autres secteurs, notamment l’industrie minière et l’agriculture, pour assurer une croissance plus soutenue et moins vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole et du gaz. Toutefois, la réussite de cette diversification repose sur la capacité de l’Algérie à surmonter des défis structurels et à instaurer un climat d’affaires favorable aux investissements.
Un pari risqué face à la dominance marocaine
Malgré ces efforts, l’Algérie fait face à une concurrence redoutable. Le Maroc, grâce à sa stratégie d’intégration économique et à ses investissements massifs dans les infrastructures et les services, s’est imposé comme un acteur incontournable en Afrique de l’Ouest. Les banques marocaines, les entreprises de télécommunications et les projets d’énergies renouvelables ont déjà transformé le paysage économique de la région, laissant peu de place à des initiatives concurrentes.
En somme, si l’offensive maritime de l’Algérie traduit une volonté de diversification économique et de renforcement de sa présence en Afrique de l’Ouest, elle risque de se heurter à des réalités géopolitiques et économiques complexes. Le temps nous dira si cette stratégie pourra réellement rivaliser avec l’influence marocaine, déjà bien établie et en constante expansion.