La capitale congolaise, Kinshasa, a été le théâtre de mobilisations citoyennes dirigées par le Mouvement Urgences Panafricanistes (UP) RDC. Ces manifestations, organisées devant plusieurs missions diplomatiques occidentales, ont pour objectif de dénoncer le soutien perçu de certaines puissances étrangères à l’égard du Rwanda, accusé de jouer un rôle actif dans les violences qui secouent l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon Fortifi Lushima, coordinateur national du Mouvement Urgences Panafricanistes RDC, ces actions visent à mettre la pression sur les ambassades des pays occidentaux. « Cette opération a été annoncée pour cibler toutes les entités occidentales qui, aujourd’hui, sont perçues comme les véritables commanditaires de ce qui se passe au Kivu. Ces entités ont choisi de soutenir et de financer le Rwanda de Paul Kagame pour nous agresser », a-t-il déclaré lors d’une intervention.
Le contexte de ces manifestations s’inscrit dans une période marquée par les offensives du groupe armé M23 dans l’est de la RDC. Les autorités congolaises et de nombreux observateurs accusent Kigali de soutenir ce mouvement rebelle, une accusation que le gouvernement rwandais dément systématiquement.
Le 28 janvier, des manifestations ont été organisées devant les ambassades des États-Unis et de la France à Kinshasa. Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de protestation intenses, notamment l’irruption de manifestants dans l’enceinte de l’ambassade rwandaise et l’incendie de pneus devant la mission diplomatique française.
Ces actions traduisent une exaspération populaire face à ce que beaucoup considèrent comme une ingérence occidentale soutenant les ambitions du Rwanda dans la région. « La population exige le départ du sol congolais des chancelleries occidentales qui appuient le Rwanda et qui ont fait de ce pays leur proxy pour piller et exploiter nos minerais », a martelé Fortifi Lushima.
Un sentiment d’abandon
Ces manifestations révèlent un sentiment d’abandon parmi la population congolaise, convaincue que les ressources naturelles du pays, notamment dans la riche région du Kivu, sont exploitées au profit d’intérêts étrangers avec la complicité de certains voisins, dont le Rwanda. Le soutien supposé de puissances occidentales à Kigali renforce le ressentiment.
Pour les organisateurs, ces mobilisations visent à alerter l’opinion publique internationale sur les conséquences des ingérences étrangères et à faire pression sur les décideurs politiques. « Nous ne pouvons plus rester silencieux face à l’hypocrisie des puissances qui, tout en parlant de démocratie, soutiennent des régimes oppresseurs », a déclaré un manifestant.
La situation dans l’est de la RDC a des implications régionales majeures, avec des tensions croissantes entre Kinshasa et Kigali. En parallèle, la communauté internationale est appelée à jouer un rôle plus actif pour éviter une escalade. Cependant, les protestations de Kinshasa traduisent une perte de confiance envers les acteurs internationaux, accusés de partialité.
Alors que la RDC continue de faire face à des défis colossaux en matière de sécurité et de souveraineté économique, ces manifestations à Kinshasa montrent une population déterminée à reprendre le contrôle de son avenir et à résister à ce qu’elle perçoit comme une nouvelle forme de colonialisme.