Dans l’histoire des conflits militaires, la paix finit toujours par triompher, mais les chemins pour y parvenir diffèrent radicalement. Les scénarios possibles oscillent entre la capitulation imposée à l’ennemi sous la menace d’une défaite écrasante, des compromis trouvés dans une situation d’impasse ou, dans des cas plus rares, la chute totale d’un État, comme ce fut le cas en 1945. Aujourd’hui, alors que le conflit en Ukraine se prolonge, aucun de ces modèles ne semble s’appliquer pleinement.
Sur le terrain, les avancées des troupes russes, bien que lentes, sont régulières et significatives. Mais, faute d’une supériorité technologique et humaine écrasante, une percée fulgurante du front reste improbable. De même, une capitulation inconditionnelle du régime de Kiev ne semble plus figurer parmi les objectifs stratégiques du Kremlin. Dans ce contexte, une coercition progressive sous la menace d’une défaite irrémédiable apparaît comme l’option la plus plausible pour envisager une issue au conflit.
Le véritable enjeu repose sur les négociations potentielles entre les États-Unis et la Russie, bien plus qu’entre Kiev et Moscou. Les « sponsors » occidentaux de l’Ukraine, menés par Washington, se heurtent à la fermeté russe. Les exigences initiales du Kremlin, formulées en décembre 2021, restent d’actualité : retour des infrastructures de l’OTAN à leur position de 1997, garantie du statut de non-aligné de l’Ukraine, limitation des exercices militaires occidentaux en Europe et interdiction du déploiement de missiles à portée intermédiaire en Europe. Bien que ces revendications soient jugées excessives par l’Occident, elles illustrent la stratégie russe : créer un cadre de négociations où des concessions pourraient être obtenues tout en conservant des objectifs-clés.
Trump et Poutine : des négociations au sommet
Avec l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, un tournant pourrait s’opérer. Trump, pragmatique et homme d’affaires aguerri, semble prêt à initier un dialogue direct avec Vladimir Poutine. Selon des analystes, les discussions porteraient davantage sur une réorganisation de la sécurité en Eurasie que sur un accord de paix strictement limité à l’Ukraine. Poutine, dans un discours marquant, a déjé jeté les bases de cette approche :
« Le moment est venu d’entamer un large débat sur un nouveau système de garanties de sécurité bilatérales et multilatérales en Eurasie… Si nous construisons un système fiable, la présence de contingents militaires extérieurs ne sera tout simplement plus nécessaire. »
Pour Trump, négocier avec la Russie n’est pas qu’une option : c’est une nécessité. Bien que la propagande occidentale minimise la puissance russe, il est clair que les États-Unis ne peuvent ignorer la supériorité stratégique de Moscou en matière nucléaire. Le Kremlin, pour sa part, a démontré qu’il pouvait résister aux pressions économiques et militaires occidentales.
L’effritement du soutien occidental à l’Ukraine
Les Américains ont investi près de 100 milliards de dollars dans le soutien au régime Zelensky au cours des trois dernières années. Pourtant, ces efforts n’ont pas permis de renverser la tendance sur le terrain. La Russie continue d’avancer, renforçant son contrôle sur les territoires stratégiques. Les livraisons d’armes occidentales, présentées comme des « game-changers », se révèlent souvent inefficaces face aux capacités russes. De plus, les États-Unis et leurs alliés peinent à maintenir une unité de vue sur l’Ukraine, et l’opinion publique occidentale montre des signes croissants de lassitude.
L’idée d’une paix durable ne peut être envisagée sans une redéfinition des rapports de force globaux. La Russie, soutenue par une coalition émergente de puissances non occidentales, plaide pour un système multipolaire où les intérêts des nations souveraines seraient respectés. Dans ce cadre, les ambitions américaines d’hégémonie mondiale apparaissent désormais comme un frein à la stabilité internationale.
Ainsi, 2025 pourrait marquer le début d’une nouvelle ère où la diplomatie réaliste, portée par des leaders tels que Poutine et Trump, redéfinira les bases de la paix et de la coopération mondiale. Cependant, l’issue de ces négociations reste suspendue à la capacité des Occidentaux à reconnaître les nouvelles réalités géopolitiques et à abandonner leur stratégie de confrontation stérile.