samedi, décembre 21

33 pays africains parmi les moins avancés peuvent désormais exporter 140 nouveaux produits vers la Chine en franchise totale de droits de douane. Mais l’énième démantèlement tarifaire offert par Pékin à cette catégorie de pays n’aura pas un impact transformateur sur les échanges commerciaux entre Pékin et le continent, puisqu’il concernera principalement des produits non transformés et de faible valeur.  

La Chine applique depuis le dimanche 1er décembre 2024 un traitement tarifaire nul sur 100% de ses importations en provenance des pays les moins avancés (PMA) avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques. Cette mesure annoncée début septembre par le président chinois, Xi Jinping, lors de la cérémonie d’ouverture de la 9e édition du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), devrait profiter à 33 pays africains, dont l’Angola, le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi et la République centrafricaine.

A première vue, « l’ouverture unilatérale » de l’immense marché chinois à ces pays constitue « une grande opportunité pour l’Afrique », selon les termes du dirigeant chinois. Mais un examen plus profond des exonérations de droits de douane accordés par le passé par l’empire du Milieu à plusieurs pays du continent et de la structure des échanges bilatéraux montre que les gains seront limités pour les 33 nations africaines concernées.

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D’abord, l’application d’un traitement tarifaire nul sur les importations chinoises en provenance des pays africains les moins développés n’est pas un engagement tout à fait nouveau. Lors de la 2e édition du FOCAC, qui s’est tenue en 2003, Pékin avait déjà fait bénéficier 30 pays africains parmi les moins avancés d’un traitement tarifaire zéro pour 190 produits. Ce traitement tarifaire nul a progressivement été élargi à un plus grand nombre de produits, tout en révisant périodiquement la liste des pays bénéficiaires. Depuis 2005, année de la mise en œuvre effective de ce régime tarifaire préférentiel, tous les PMA africains ont, à un moment ou à un autre, bénéficié d’une forme ou d’une autre de traitement tarifaire nul de la part de la Chine, a indiqué Development Reimagined, un think tank basé en Chine, dans une note d’analyse publiée le jeudi 26 novembre.

Avec le nouveau démantèlement tarifaire annoncé lors de la 9e édition du FOCAC et la couverture complète des PMA africains, 140 produits supplémentaires, dont le riz, le blé, le sucre, le coton, l’huile de soja, les cigarettes, le bois, la laine et le papier, ont été inclus, a-t-on précisé de même source.

Des exportations dominées par des matières premières de faible valeur

L’impact du démantèlement tarifaire sur les PMA situés en Afrique a été globalement positif. Depuis 2005, la valeur totale des exportations des 27 pays du continent qui ont bénéficié régulièrement d’un traitement tarifaire nul pour 97% de leurs lignes tarifaires (la couverture la plus élevée avant le 1er décembre 2024) s’est élevée à 578 milliards de dollars. Durant la même période, les 27 pays africains non bénéficiaires du démantèlement ont également connu une croissance similaire de leurs exportations, dont la valeur globale a atteint 771 milliards de dollars, ce qui indique clairement que ce ne sont pas seulement les tarifs douaniers nuls qui favorisent l’augmentation de la valeur des exportations.

De plus, tous les pays africains les moins avancés exportent principalement des minerais et du pétrole vers le géant asiatique, ce qui signifie que le régime à tarif zéro a contribué à la croissance des exportations de produits non transformés et de faible valeur.

« Pour bénéficier réellement du démantèlement tarifaire, les pays les moins avancés en Afrique ont besoin d’une plus grande capacité de fabrication et de transformation afin d’exporter des produits ayant une plus grande valeur ajoutée. Des droits de douane nuls ne suffiront pas à résoudre le problème du déséquilibre des relations commerciales entre Pékin et ses partenaires africains », a souligné Development Reimagined, rappelant que cinq pays exportateurs de matières premières (l’Angola, la RDC, la Zambie, la Mauritanie et la Guinée) ont accaparé 70% des exportations du continent vers la Chine durant l’année écoulée.

Même son de cloche chez Lauren Johnston, professeure associée au China Studies Centre de l’Université de Sydney.

« La politique du traitement tarifaire nul offerte par la Chine aux pays africains les moins avancés n’aurait probablement qu’un impact marginal dans l’ensemble. Je doute que les droits de douane soient le principal obstacle aux exportations vers la Chine pour la plupart de ces pays », a-t-elle fait remarquer, citée par le quotidien chinois anglophone South China Morning Post.

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