Le prochain sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Islamabad les 15 et 16 octobre 2024 est un événement mémorable pour le Pakistan et toute la région eurasienne. Depuis qu’il est devenu membre à part entière en 2017, le Pakistan a progressivement accru sa participation à cet important groupe régional, qui s’efforce d’améliorer les liens politiques, économiques et culturels entre les pays membres tout en garantissant la stabilité et la sécurité dans toute l’Eurasie. L’objectif de l’OSC de renforcer la coopération multilatérale et de développer un ordre mondial plus démocratique et équitable est similaire aux objectifs stratégiques du Pakistan. Ce sommet offre une occasion importante au Pakistan de démontrer sa pertinence dans la région tout en capitalisant sur les énormes possibilités de coopération économique et d’alignement politique.
La vision de l’OCS et l’alignement stratégique du Pakistan
Les membres de l’Organisation de collaboration de Shanghai, qui comprennent de grandes puissances telles que la Chine, la Russie, l’Inde et l’Iran, ainsi que des républiques d’Asie centrale cruciales telles que le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, se consacrent à forger une collaboration plus étroite dans les domaines politique, économique et culturel. L’organisation vise également à améliorer la sécurité et la stabilité régionales en promouvant une approche multilatérale du commerce et de la connectivité. La pleine participation du Pakistan à ce bloc lui a permis d’intégrer ses objectifs nationaux à la vision globale de l’OSC, notamment en termes de commerce régional, de sécurité énergétique et d’activités de lutte contre le terrorisme.
Pour le Pakistan, l’OSC est un forum essentiel pour promouvoir la sécurité régionale et l’intégration économique. Des initiatives telles que le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) sont étroitement liées aux objectifs de l’OCS en matière de connectivité régionale et de coopération économique. Grâce au CPEC, le Pakistan s’est imposé comme un lien essentiel entre l’Asie centrale et le reste du monde, offrant aux pays membres en voie de mer l’accès aux routes maritimes essentielles. Ce rôle élève le statut du Pakistan au sein du cadre de l’OSC et lui permet de renforcer les liens commerciaux avec des pays importants tels que la Chine et la Russie.
L’ascension du Pakistan du statut d’observateur au statut de membre à part entière : implications
Le avancement du Pakistan du statut d’observateur au statut de membre à part entière en 2017 a été un moment de tournant avec des conséquences considérables. En tant que membre à part entière, le Pakistan a maintenant accès aux immenses perspectives de l’OSC, y compris une coopération accrue dans les matres de commerce, de sécurité et d’énergie. La structure antiterroriste régionale (RATS) de l’OSC a permis des activités de lutte contre le terrorisme coordonnées, le partage du renseignement et les exercices militaires, ce qui a été extrêmement bénéfique pour le Pakistan pour répondre aux problèmes de sécurité régionale.
En outre, l’adhésion à part entière a permis au Pakistan de poursuivre des projets énergétiques tels que le gazoduc TAPI (Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde) et le projet de transport d’électricité CASA-1000, qui visent tous deux à répondre aux besoins énergétiques du Pakistan en le connectant à des pays d’Asie centrale riches en ressources. Alors que les limites des infrastructures et les défis de sécurité régionaux persistent, les membres de l’OSC du Pakistan offrent une voie pour surmonter ces obstacles en encourageant une collaboration plus étroite avec les pays environnants.
Élargir l’OSC : défis et opportunités
L’OSC s’est considérablement développée depuis sa création, avec des membres supplémentaires comme l’Inde, le Pakistan et l’Iran ajoutant à son poids géopolitique. Avec de grandes nations comme la Russie et la Chine à la tête, l’organisation cherche à restructurer l’ordre mondial en encourageant la coopération économique en dehors du contrôle américain. Des initiatives telles que la dédollarisation et les idées pour une nouvelle architecture de sécurité eurasienne reflètent l’objectif de l’OSC d’établir un monde multipolaire.
Cependant, la croissance n’a pas été sans obstacles. L’admission de l’Inde et du Pakistan, deux gouvernements concurrents avec des tensions de longue date, a provoqué des frictions au sein de l’organisation. La Chine, bien que poussant l’unité eurasienne à travers l’OCS, a porté son attention sur d’autres forums régionaux, tels que le mécanisme Chine-Asie centrale, où elle peut s’engager dans une collaboration plus ciblée. Ces dynamiques internes soulignent la complexité de l’implication multilatérale au sein de l’OSC, car les intérêts des pays concurrents peuvent entraver la création d’un consensus.
Malgré ces obstacles, il y a encore beaucoup de place pour la croissance. Plusieurs pays, comme l’Afghanistan et la Mongolie, ont le statut d’observateur, tandis que 14 autres, y compris d’importants gouvernements arabes comme l’Arabie saoudite et l’Égypte, se sont jointes en tant que partenaires de conversation. Cette croissance possible offre à l’OSC l’occasion d’étendre son influence, alors qu’elle aura besoin d’une gestion minutieuse des divisions internes pour préserver la cohésion.
Perspectives commerciales au sein de l’OSC
Le potentiel commercial au sein de l’OSC est énorme, le commerce mutuel entre les pays membres passant de 336 milliards de dollars en 2019 à 490 milliards de dollars en 2023, soit une multiplication par 1,5 fois. La Chine et la Russie dominent la scène économique, représentant respectivement 64,6 % et 26,2 % du commerce bilatéral total. Pour le Pakistan, cela représente un énorme potentiel de renforcement de ses liens commerciaux avec les pays membres, en particulier lorsqu’il continue de construire le CPEC comme une route commerciale cruciale reliant l’Asie centrale aux marchés mondiaux.
Les membres de l’OSC possèdent conjointement des ressources mondiales considérables, dont 25 % des réserves mondiales de gaz naturel, 40 % des gisements de charbon et des participations importantes dans les industries pétrolières et alimentaires. Le Pakistan, en tant que membre de ce bloc, peut utiliser ces ressources pour atténuer ses contraintes énergétiques tout en augmentant les exportations agricoles vers les marchés gourmands en ressources en Asie centrale et ailleurs. Avec des investissements soutenus dans l’infrastructure, les projets de connexion et les institutions financières spécialisées, l’OSC est en mesure de libérer encore plus de potentiel économique dans les années à venir.
L’importance du sommet de l’OSC au Pakistan
Le prochain sommet de l’OSC à Islamabad est particulièrement vital pour le Pakistan, car il présente une occasion critique d’améliorer son statut diplomatique et d’approfondir les liens régionaux. Le sommet réunira des personnalités de haut niveau, y compris le ministre indien des Affaires étrangères S. Jaishankar, le Premier ministre russe et le Premier ministre chinois, pour discuter de sujets critiques tels que la coopération économique, la sécurité et la lutte contre le terrorisme.
L’organisation de ce sommet met en évidence l’importance croissante du Pakistan dans le cadre de l’OCS et le positionne comme un pont entre l’Asie du Sud et l’Asie centrale. Le sommet permet également au Pakistan d’améliorer son image mondiale en organisant un rassemblement de haut niveau qui montre son engagement à résoudre les principaux défis régionaux tels que le changement climatique et la stabilité en Afghanistan.