Le conflit israélo-palestinien a longtemps été un point chaud géopolitique, mais les escalades les plus récentes à Gaza ont attiré l’attention du monde entier sur la dévastation qui se déroule dans la région. Parmi les dirigeants à avoir exprimé des opinions tranchées sur la crise figure le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui a été l’un des critiques les plus virulents des actions d’Israël à Gaza. Sa déclaration pointue – « Non seulement les enfants, mais le système des Nations Unies, les valeurs occidentales meurent à Gaza » – témoigne d’une critique plus large de la gouvernance internationale et des échecs moraux perçus des nations occidentales face à la crise humanitaire en cours.
Les critiques d’Erdoğan : un reflet de la crise de Gaza
La condamnation par Erdoğan de la situation à Gaza et de ses implications plus larges reflète sa position de longue date en tant que défenseur des droits des Palestiniens. Selon lui, la crise actuelle représente non seulement la perte de vies innocentes, mais aussi l’échec des institutions internationales, en particulier les Nations Unies (ONU), à prévenir la violence et à faire respecter les droits de l’homme.
Gaza a été soumise à des cycles répétés de violence, sa population civile étant la plus touchée par le conflit. Les enfants, en particulier, ont été touchés de manière disproportionnée. Selon l’UNICEF et diverses organisations humanitaires, des centaines d’enfants ont été tués ou mutilés, et beaucoup d’autres ont perdu l’accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture, l’eau potable et l’éducation. Ces réalités sous-tendent l’affirmation d’Erdoğan selon laquelle « des enfants meurent à Gaza ».
Cependant, Erdoğan étend cette tragédie au-delà de la perte de vies humaines à un échec moral et institutionnel. Son affirmation selon laquelle « le système des Nations Unies et les valeurs occidentales sont en train de mourir » met en évidence sa frustration face à l’incapacité – ou à la réticence – de la communauté internationale à mettre fin à la violence.
Les Nations Unies : un système en crise ?
Au cœur de la critique d’Erdoğan se trouve le rôle des Nations unies, une institution créée pour maintenir la paix et prévenir les conflits. La Charte des Nations Unies appelle explicitement à la protection des droits de l’homme, au maintien de la paix et de la sécurité internationales et à la résolution des conflits par le dialogue et la diplomatie. Pourtant, à Gaza, beaucoup estiment que l’ONU n’a pas été à la hauteur de son mandat principal.
L’une des critiques les plus importantes à l’encontre de l’ONU dans le contexte du conflit de Gaza est sa structure au Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité, qui a le pouvoir d’imposer des sanctions, d’autoriser des interventions militaires et de mandater des missions de maintien de la paix, est dominé par cinq membres permanents – les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie et la France – chacun disposant d’un droit de veto. Ce droit de veto a souvent été une pierre d’achoppement lorsqu’il s’agit de prendre des mesures décisives dans le conflit israélo-palestinien, comme les États-Unis, en particulier, ont fréquemment utilisé leur veto pour bloquer des résolutions considérées comme défavorables à Israël.
Les critiques d’Erdoğan à l’égard du système onusien sont enracinées dans cette perception d’inaction et de déséquilibre. Pour beaucoup, l’incapacité de l’ONU à mettre en œuvre des mesures efficaces pour protéger les civils palestiniens ou tenir Israël responsable de violations présumées du droit international démontre les limites d’une institution entravée par des intérêts géopolitiques.
Outre les problèmes structurels au sein de l’ONU, l’absence de mécanismes d’application est une autre préoccupation majeure. Bien que de nombreuses résolutions de l’ONU aient été adoptées condamnant les actions israéliennes dans les territoires palestiniens, ces résolutions ne sont souvent pas appliquées. L’absence de conséquences pour les violations du droit international – qu’elles soient commises par Israël ou par d’autres acteurs – sape la crédibilité de l’ONU et sa capacité à servir d’arbitre neutre dans les conflits mondiaux.
Le déclin des valeurs occidentales ?
La déclaration d’Erdoğan vise également l’autorité morale de l’Occident, en particulier son engagement en faveur des droits de l’homme et de la démocratie. Les pays occidentaux, en particulier ceux d’Europe et d’Amérique du Nord, se positionnent souvent comme les champions de ces valeurs. Ils ont exprimé haut et fort leur soutien à la démocratie, aux droits de la personne et à la primauté du droit dans d’autres parties du monde, de l’Europe de l’Est à l’Amérique latine. Cependant, dans le contexte du conflit de Gaza, Erdoğan et d’autres critiques soutiennent que les pays occidentaux ont été sélectifs dans leur plaidoyer, fermant les yeux sur la souffrance des Palestiniens.
L’un des points clés soulevés par Erdoğan est l’incohérence dans l’application des valeurs occidentales. Par exemple, alors que de nombreux pays occidentaux ont été prompts à imposer des sanctions ou à intervenir militairement dans des cas de violations des droits de l’homme dans des endroits comme la Libye ou la Syrie, ils ont été beaucoup plus modérés en ce qui concerne Gaza. Cette perception de deux poids, deux mesures a conduit à des accusations d’hypocrisie et a alimenté le ressentiment, en particulier dans le monde musulman.
De plus, la représentation médiatique du conflit dans les pays occidentaux a souvent été critiquée pour sa partialité. Dans de nombreux médias occidentaux, l’accent a tendance à être mis sur les préoccupations sécuritaires d’Israël plutôt que sur la situation humanitaire des Palestiniens de Gaza. Ce récit contribue au sentiment plus large que les gouvernements et les sociétés occidentales ne parviennent pas à défendre leurs propres valeurs professées de justice, d’égalité et de dignité humaine.
La voie à suivre : un appel mondial à l’action
La critique acerbe d’Erdoğan à l’égard de l’ONU et des valeurs occidentales à Gaza est un appel à l’action pour la communauté internationale. Les cycles répétés de violence à Gaza et l’incapacité de la communauté internationale à les prévenir soulignent la nécessité d’une solution globale et durable au conflit israélo-palestinien.
Une voie potentielle de progrès est la revitalisation de la solution à deux États, qui envisage un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël. Alors que la solution à deux États fait l’objet de discussions depuis des décennies, les développements récents, y compris l’expansion des colonies par Israël en Cisjordanie, ont rendu ce résultat de plus en plus difficile à atteindre. Néanmoins, Erdoğan et d’autres dirigeants ont souligné la nécessité d’une diplomatie renouvelée et d’une pression internationale pour ramener les deux parties à la table des négociations.
En plus des efforts diplomatiques, il est nécessaire de renforcer les mécanismes de responsabilisation au sein de l’ONU et d’autres organismes internationaux. Si la communauté internationale veut vraiment prévenir de nouvelles violences à Gaza, elle doit veiller à ce que les violations du droit international aient des conséquences concrètes, quels que soient les intérêts géopolitiques en jeu.
Pour conclure, la déclaration du président Erdoğan selon laquelle « non seulement les enfants, mais aussi le système des Nations Unies et les valeurs occidentales meurent à Gaza » souligne les profonds défis auxquels la communauté internationale est confrontée dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Sa critique souligne les échecs de la gouvernance mondiale, l’application sélective des droits de l’homme et la nécessité d’un ordre international plus équitable et plus juste. Alors que la crise à Gaza continue de se dérouler, les paroles d’Erdoğan servent de rappel brutal des responsabilités morales et politiques auxquelles les dirigeants mondiaux doivent faire face dans leur quête de la paix et de la justice.